Chapitre 69 : De mal en pis

2.1K 195 110
                                    

Enlacés dans les profondeurs de la nuit, Arthur et moi avions mis les choses au clair. Depuis, il fallait noter qu'il y avait eu un changement. Ça avait commencé par Jules. Arthur et moi l'avions appelé ensemble. La discussion avait été pesante, difficile à avaler. Mais mon petit-ami avait eu raison, Jules avait honte d'avoir cru pendant un millième de secondes que les doutes des autres étaient fondés alors même qu'il me connaissait depuis bien avant que je ne tombe dans ce monde surnaturel. Ça m'avait blessé, mais je m'étais bien gardé de lui dire. À force de mots, je lui avais fait comprendre que ce n'était pas grave mais Arthur avait insisté pour lui faire comprendre dans quel état j'avais été pendant une semaine. Il ne voulait pas me « ramasser à la petite cuillère à cause d'imbéciles bornés et aveugles comme des taupes ». Finalement, convaincre Jules n'avait pas été évident avec Arthur à côté. Ça, c'était il y a deux jours et aujourd'hui, je l'avais enfin revu. Son regard avait été voilé de honte pendant une bonne partie de nos retrouvailles, mais je soupçonnai Arthur de ne pas y être pour rien. Ce n'était pas flagrant comme changement mais c'était déjà ça.

En réalité, je ne savais pas comment faire avancer les choses à présent. Je me voyais mal appeler Romain, ou pire Aimeric, pour lui parler, lui dire que je n'y suis pour rien. Même pour m'excuser, ça me semblait déplacé. Aujourd'hui, Jules était venu nous voir, Arthur et moi, mais nous avions implicitement jugé bon de ne pas en parler. Nous étions donc au point mort sur cette question. Toutefois, je ne souhaitais pas que cette situation s'éternise. J'avais donc prévu d'en parler à Arthur ce soir, quand nous serions tous les deux dans sa chambre. Nous avions de la chance que la chambre de ses parents se trouvait un étage au-dessous et ils nous laissaient une certaine intimité, d'autant plus que je n'étais toujours pas très à l'aise avec Léandre. Sans jamais poser la question à voix haute, je me doutais déjà qu'Anna, la mère d'Arthur, y était pour quelque chose. Elle avait ce don de canaliser les tensions et les rendre presque ridicule que ça en devenait gênant. Si Léandre était intimidant, Anna était plus discrète mais aussi efficace. Je sortais tout juste de la douche et me dirigeai vers la cuisine, me séchant les cheveux au passage. Juste avant d'ouvrir la porte et franchir le seuil, j'entendis une bride de conversation qui m'arrêta dans mon élan.

— Il faudrait que tu t'occupes de tes inscriptions pour l'année qui arrive, Arthur, déclara Léandre.

— Quoi ? s'étonna Arthur.

— Pourquoi dis-tu cela, Léandre ? demanda Anna. Arthur nous a déjà dit qu'il s'était inscrit pour l'an prochain.

— Je sais, mais les choses ont changé. Je refuse que mon fils fasse ses études à Lyon avec ces meurtriers dans le coin et sans aucune protection.

Je me demandais quand le sujet allait tomber. Durant la semaine, j'avais pu y penser. Léandre n'allait certainement pas accepter qu'Arthur aille faire ses études avec moi à Lyon après ce qu'il s'était passé, non seulement parce que les Leuks n'étaient pas loin mais aussi parce que j'étais moi-même avec lui. De mon côté, je m'étais également posé la question puisqu'Alice savait désormais où je faisais mes études et où je vivais. Ce sujet faisait partie de ceux que je souhaitais aborder avec Arthur ce soir. Alors, intéressé par la suite de la conversation, je me rangeai sur le côté et tendis l'oreille.

— Allons, Lyon est une grande ville, c'est impossible de retrouver quelqu'un dans ce capharnaüm, relativisa Anna.

— Impossible ? Quand on a les bonnes informations, il est possible de trouver qui on veut, où on veut, asséna le père. Et puis, si Arthur y va avec Ethan, le risque est d'autant plus grand et je refuse ça.

Evidemment, voilà que je venais sur le tapis. Quand Léandre parlait de bonnes informations, il sous-entendait immanquablement mon lien avec Alice. J'étais dorénavant fixé sur l'opinion qu'il avait de moi par rapport aux évènements de ces dernières semaines. Ça me faisait mal de l'admettre mais la vérité était ainsi.

Loup des bois et des rêves (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant