Finalement, j'amorçai un geste pour m'écarter d'Arthur et celui-ci se recula pour de bon. Jules semblait être retourné à sa voiture qu'il avait garée au bord de la route un peu plus loin. J'étais gêné de m'être autant lâché en deux jours. Peu importait ce que je voulais croire, Arthur m'avait fait plus avancer en deux jours que moi tout seul en plusieurs mois. Seulement, je n'avais pas l'habitude d'autant me reposer sur quelqu'un. C'était quelque peu... embrassant. Heureusement que Jules n'était pas resté, sinon je n'aurais plus jamais pu le regarder dans les yeux.
— Désolé, je ne voulais pas que tu vois ça...
— Ça t'arrive souvent ? me coupa Arthur.
— Je... De temps en temps, avouai-je d'une petite voix.
— Jules le sait apparemment, puisqu'il n'a pas eu l'air si surpris. Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ? accusa-t-il.
— J'aurais dû ? répliquai-je toujours aussi timidement.
— Bien sûr que oui, répondit-il comme s'il s'agissait d'une évidence. J'aurais agi autrement, je n'aurais pas dit cela aussi crûment. Même dès le début, j'y serais allé plus doucement. Franchement, je pensais que tu allais me faire confiance.
— Figure-toi que ce n'est pas évident de faire confiance à quelqu'un que tu ne connais que depuis quelques semaines, qui n'a pas franchement était très sympa dès le départ et qui ne l'est que depuis une semaine.
Arthur tourna la tête sur le côté comme pour éviter mon regard devenu à son tour accusateur. Pourtant, ce n'était pas un reproche, j'essayais juste de lui faire comprendre que ça n'était pas évident. Il dut le comprendre car lorsqu'il reposa de nouveau son regard sur moi, il semblait déterminé.
— Ok, soit. Je comprends que lâcher prise n'est pas facile après tout cela. Mais tu as besoin d'aide, est-ce que tu t'en rends compte ?
Ce fut mon tour de tourner la tête.
— Ethan, reconnais-le, m'implora Arthur.
Au lieu de cela, je changeai de sujet.
— Jules doit m'attendre. Je dois y aller, on en reparlera plus tard.
Peut-être, ajoutai-je intérieurement. Sauf que mon interlocuteur ne me laissa pas m'échapper.
— Non, répliqua-t-il durement. On ne finira pas cette discussion plus tard, on va le faire maintenant. Je te demande juste d'avouer enfin que tu as besoin d'aide ! Si tu veux, on reparlera de ta crise de nerfs plus tard mais je veux au moins que tu puisses enfin être honnête envers toi. Je ne te demande pas la lune, juste de le dire une fois et d'y croire pour de bon.
— J'ai déjà accepté ta proposition de m'aider, c'est déjà assez, tu ne crois pas ? Que veux-tu de plus ?
— Que tu y croies ! Tu as certes accepté mon aide mais au fond de toi, tu ne fais aucun effort. Putain Ethan, tu es comme un marin sur un bateau enflammé en pleine mer. Tu ne sais pas quoi faire entre éteindre le feu, ce qui te fera couler et tu te noieras, et laisser le feu se propager au risque de mourir brûler. Au loin, il y a d'autres bateaux qui peuvent te venir en aide mais tu as peur de les brûler eux-aussi alors tu laisses faire, acceptant leur aide mais reculant au dernier moment dans un réflexe. Pendant ce temps, tu continues de brûler et de couler. Bordel, laisse-moi t'atteindre ! Je veux être ta bouée de sauvetage, j'insisterai jusqu'à ce que tu m'acceptes.
— Je ne vois pas pourquoi ça t'énerve autant ni pourquoi ça te tient autant à cœur... soupirai-je.
— Parce que lorsque je fais un pas en avant, tu recules de trois pas en arrière ! Je veux t'aider, tu as piqué ma curiosité tout comme mon envie de ne pas te laisser t'enfoncer. Te voir laisser tomber sans faire d'efforts, ça m'agace au plus haut point.
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Loup des bois et des rêves (M/M)
RomanceEthan Colas, un garçon brisé suite à la perte de ses parents et de son petit-frère et dans lequel la colère a choisi d'habiter, se retrouve contraint de suivre ses grands-parents dans le Jura. Près de la frontière suisse, il découvre une nouvelle vi...