Loup des bois et des rêves (M/M)

Chapitre 29 : Remontrances et discussions

Un mois après mon réveil, je pus enfin sortir enfin de l'hôpital un jeudi matin. Les deux dernières semaines avaient été calmes, Laura et ses histoires jouant un grand rôle dans cette tranquillité, ainsi que les visites régulières d'Harry. Je n'avais reçu la visite cependant ni de Jules ni d'Arthur. Parfois, Ambre, Léa et Mathieu venaient aux nouvelles, ignorant tout de la situation entre Jules et moi, et me déposaient les quelques cours que j'avais loupé au fur et à mesure. Vu mon retard évident et ma situation, j'avais obtenu le droit de passer le baccalauréat durant la session de remplacement en septembre mais j'avais du pain sur la planche pour rattraper le niveau. Les explications de ces trois-là m'aidaient beaucoup.

Par ailleurs, ma grand-mère faisait partie elle aussi de mes visiteurs réguliers mais ces entrevues se déroulaient dans une autre ambiance. Elle était toujours en colère contre moi et nous n'avions toujours pas eu cette fameuse discussion qu'elle m'avait promise à mon réveil. A vrai dire, je la redoutais et ne l'attendais donc pas avec impatience. Toutefois, une fois sorti de l'hôpital, je ne voyais aucun moyen d'y échapper. Pas plus que je ne voyais de moyens d'échapper à Jules – contre lequel j'étais toujours remonté – ou au lycée, malgré mon passage de bac retardé. Et pour rajouter un peu de joie dans tout cela, j'avais fait une chute il y a une semaine en essayant de me lever de mon lit sans ma béquille, avec mon bras cassé pour appui. Résultat : plâtre à la jambe à garder plus longtemps que prévu. Au lieu de deux semaines, je devais encore le garder encore un mois. Le – seul – point positif ? Le bras n'avait rien eu. Youpi...

A présent, j'étais dans la voiture de ma grand-mère en observant le paysage défiler devant mes yeux sans aucune attention particulière. Cette dernière m'avait annoncé que je ne reprendrais les cours que mercredi prochain, ce qui me laissait approximativement une semaine pour m'y préparer. En attendant, elle voulait que j'aille consulter le psychologue avec qui elle avait pris rendez-vous. Je n'étais plus totalement contre cette idée, ma grand-mère pensait bien faire et je devais lui faire confiance, bien que c'était difficile vu ses cachotteries par rapport à l'état de mon grand-père. Ça ne pouvait que m'être bénéfique. Peut-être que ce psychologue m'aiderait à faire la part des choses, à y voir plus clair dans ma relation avec Arthur et aussi avec Jules, même si l'idée de parler à un inconnu ne m'enchantait point.

Enfin arrivés, ma grand-mère se gara devant la maison que j'avais lâchement quittée presque deux mois plus tôt. Inconsciemment, mes yeux survolèrent la bâtisse qui se trouvait en haut de la petite allée. Celle d'Arthur évidemment. Sans surprise, je n'y vis rien, pas la moindre silhouette. Ne semblant rien avoir remarqué, mon aïeule prit mes affaires et ouvrit la porte d'entrée. Avant même que je ne puisse faire quoique ce soit, elle me somma de m'asseoir face à elle dans le salon. Sentant alors la fameuse conversation venir, je soupirai et me résignai à obéir afin de ne pas aggraver mon cas. Qu'on en finisse une bonne fois pour toutes...

— Je t'écoute, dis-je une fois installé.

— Je ne vais pas y aller par quatre chemins, annonça Mamily. Pourquoi es-tu parti lorsque je t'ai annoncé le décès de ton grand-père?

— Parce que je ne voyais aucune raison de rester, répondis-je simplement.

— J'étais pourtant toujours là, remarqua-t-elle.

— Mais pour combien de temps encore ? contrai-je.

— Tu avais peur que je parte, c'est ça ? chuchota mon aïeule, prudente.

— Pas uniquement. Je me suis senti trahi par ton mensonge, expliquai-je. Tu me disais que ça allait, que Papily allait reprendre du poil de la bête, qu'il guérirait. Tu savais pourtant que tu mentais, qu'en réalité il ne lui restait que peu de temps à vivre. J'aurais aimé savoir ! J'aurais aimé pouvoir passer du temps avec lui, profiter avant que ça ne soit fini et pas l'apprendre une fois le mal fait et irréparable !