Chapitre 66 : Une familière inconnue

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Mon cœur battait à toute allure. La panique grimpait, envahissait mes veines sans que je ne puisse la refluer. Un gémissement de désespoir vibra dans l'air. D'autres sons étouffés se faisaient entendre. C'était des éclats de voix. Ils provenaient d'en face de moi. Plusieurs formes incertaines se hâtaient autour de ce qui semblait être la camionnette encastrée dans l'arbre. Leur agitation me contamina et je me mis à remuer. Je voulus me redresser, me lever, mais un vertige me prit alors que je venais à peine de me redresser. L'arrière de ma tête me lançait terriblement. D'une main tremblante, je vérifiai s'il y avait quelque chose mais, heureusement, je ne sentais rien qui ne ressemblait à du sang. J'eus du mal à me calmer, à ne pas réellement paniqué. Toutefois, je sentais les relents de peur, ponctués d'une pointe de satisfaction, me parvenir avec une telle force que je me mis à trembler. Mes yeux se fermèrent malgré moi et Une main se posa sur mon épaule, chaude et rassurante. Une voix proche me parvint, une voix familière. Je me concentrai pour comprendre le flot de paroles que j'entendais

— Ethan, ouvre les yeux.

J'aimais cette voix, son intonation. Je ne voulais pas ouvrir les yeux, juste me laisser aller contre cette source de chaleur à ma gauche. La main sur mon épaule glissa vers ma joue, tourna légèrement ma tête, ce qui eut pour effet de me faire gémir de douleur. Ce fut ce qui me contraignit à ouvrir les yeux. Je tombai nez à nez avec Arthur et ses yeux verts luisant d'inquiétude.

— Comment vas-tu ? souffla-t-il.

J'attendis que ma vision se stabilise, que ses traits me paraissent moins flous, pour tenter d'articuler une réponse. Après plusieurs essais, je parvins enfin à formuler ce que je souhaitais dire.

— J'ai mal au crâne. Derrière, croassai-je.

Les doigts d'Arthur tâtèrent l'arrière de ma tête mais se retirèrent bien vite en m'entendant me plaindre face à la souffrance. Malgré cela, ma vue s'améliorait et mon ouïe me renvoyait désormais d'autres sons que de vagues bruits. J'entendais les voix des autres et, du coin de l'œil, je les voyais s'affairer autour du véhicule. A quelques pas de moi, Luc était allongé, Quentin et Romain penchés au-dessus de lui.

— Tu ne saignes pas mais il faudra quand même aller à l'hôpital, constata-t-il. On a déjà appelé les urgences, ne t'en fais pas. En dehors de cette douleur, comment te sens-tu ?

— Où est Carlie ? demandai-je en ignorant sa question.

Les yeux du brun se voilèrent de panique. Il releva les yeux en direction de la camionnette et je devinai que Carlie y était encore.

— Les autres viennent d'arriver, ils sont en train de la sortir... Je ne sais pas comment elle va, plus personne ne parvient à la contacter par le Lien. Elle doit être inconsciente ou...

Inutile qu'il finisse sa phrase, le message était passé.

— Bon sang ! s'exclama-t-il rageusement. Mais qu'est-ce qui a pu foirer ? Tout allait bien pourtant !

— C'était un renard, murmurai-je. Il a surgi d'un coup, Carlie a voulu l'éviter.

Je songeai à nouveau à ce qu'il s'était passé et me souvins de la vague de peur qui m'avait traversé juste avant de le voir surgir sur la route et que tout s'enchaîne.

— Il fuyait quelque chose, dis-je d'une voix blanche. Il était effrayé, comme s'il avait peur pour sa vie. C'était intense.

Arthur réfléchit un moment.

— Ce n'est pas la saison de la chasse pourtant et il n'y a pas beaucoup de braconnier dans le coin. En plus, avec la chaleur de l'été, les renards ne sortent presque pas en journée et s'ils le font, ils évitent les routes goudronnées qui gardent bien trop la chaleur. Qu'est-ce qui aurait pu lui faire peur à ce point ?

Loup des bois et des rêves (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant