Chapitre 41 : Une armure d'or brisée

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Le séjour se finit sans souci et sans que je ne revoie ni Jules ni Arthur. Toutefois, comme promis, j'avais repris contact avec Jules et depuis, nous échangions quelques banalités, évitant les sujets sensibles comme ceux qui concernaient le surnaturel. La seule fois où nous l'avions abordé, c'était uniquement lorsque j'avais dit à Jules que leur secret était bien gardé, que Thomas se tairait et qu'il était digne de confiance. Mon ami en avait été profondément soulagé en me faisant remarquer que mon petit-ami était un garçon en or. Le sujet « Arthur » avait été aussi évité. Il était encore sensible, malgré nos résolutions respectives mais prendre soin de Thomas me permettait de ne pas trop y penser, de ne pas commencer à regretter.

D'ailleurs, l'état de Thomas ne s'arrangeait que très lentement. Parfois, son dos le tirait et il semblait incapable de faire quoique ce soit pour cette douleur qui l'empêchait de dormir. Il pensait sûrement que je ne l'entendais pas gémir la nuit mais, très souvent, il me réveillait. Je soupçonnais de souffrir de cauchemars également mais il n'en parlait pas. Je le sentais se lever et aller dans sur le balcon, à la recherche d'un peu d'air frais. Il soufflait fort, essayant de garder son calme, mais ne se montrait jamais ainsi en la présence de quelqu'un. Thomas ne voulait pas qu'on le voie souffrir et, malgré moi, j'en souffrais. Quand il me voyait, il prenait un air vaguement contrit avant de laisser apparaître un sourire au lieu d'une grimace. Cette tension était presque insoutenable et je commençais à sentir ma patience s'effriter sérieusement. J'entendais bien lui parler avant que nous ne partions le lendemain si la situation ne s'arrangeait pas d'elle-même.

Puisque Thomas ne pouvait pas faire de ski, j'étais resté avec lui par solidarité et affection tandis que les filles avaient essayé d'en profiter un peu, même si elles rentraient toujours plus tôt que prévu et s'enquerraient assez souvent de l'état de leur petit-frère. J'aimais voir cette famille si unie et j'appréciais encore plus y être associé. Cela me donnait l'impression d'avoir retrouvé une nouvelle famille et Lola insistait beaucoup sur ce point. Dans un grand élan de tendresse, elle avait précisé que si ma relation avec Thomas venait à s'éteindre, je trouverai quand même auprès de ces personnes une famille. J'en avais été ému aux larmes, surtout quand Thomas s'était indigné contre sa sœur lorsqu'elle avait évoqué la possibilité de notre rupture. Rire avec les trois sœurs et leur frère, passer du bon temps, ne plus se soucier de ces problèmes, les oublier... Je me sentais presque revivre, d'un certain côté, quand je redécouvrais la vie de famille. Si, à Noël, j'avais reçu d'excellents cadeaux, le meilleur que les Gallerani avaient pu me faire restait ces vacances en leur présence.

Aujourd'hui, nous étions le vingt-neuf décembre et les trois sœurs, au lieu de sortir skier sur les pistes, passaient tout leur temps à préparer la future fête du Nouvel An à Lyon. Thomas et moi avions été réquisitionnés pour donner notre avis sur tout, jusqu'à la couleur du papier-toilette – une demande provenant évidemment des jumelles. La fête devait avoir lieu dans mon appartement puisque les parents de Thomas avaient refusé qu'elle se déroule chez eux. Apparemment, ils devaient rentrer le deux janvier et ne souhaitaient pas retrouver leur maison sens dessus-dessous. Evidemment, je m'étais gentiment proposé pour que la fête ait lieu chez moi et Arielle m'avait dit dédaigneusement que, de toute manière, je n'aurais pas eu le choix. Je la connaissais suffisamment pour savoir qu'elle montrait son soulagement et en avais rigolé avec mon petit-ami. D'ailleurs, celui-ci semblait une nouvelle fois pensif alors que Lola, Orlane et Arielle s'éloignaient vers la cuisine pour prendre un papier et une feuille afin de dresser la liste des personnes à inviter. Une fois hors de vue, je me rapprochai du châtain et le collai avec tendresse.

— Tout va bien ? lui demandai-je.

— Oui, je... Je me demandais juste combien de temps je devais attendre avant que cette blessure ne guérisse, hésita-t-il.

Loup des bois et des rêves (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant