Chapitre 31 : Et l'irréel devint réel

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Dans un soupir, je m'assis sur mon lit, réunissant mes pensées. Je savais quoi dire à Jules, en commençant obligatoirement par une excuse sincère, mais j'avais peur de sa réaction. Je ne voulais pas le perdre, même si au fond de moi j'étais persuadé qu'il resterait quoiqu'il arrive, et ne souhaitais pas non plus lui faire face. Ce qui m'effrayait était qu'il ait la même réaction que ma grand-mère et qu'il me fasse comprendre combien j'avais été égoïste, ce qui ne fera qu'accentuer le mal-être entre nous. A moins qu'il n'osera pas à cause de ce qu'il s'était passé quelques semaines plus tôt ? Il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir. Je composai son numéro et trépignai d'impatience en entendant la sonnerie retentir.

— Ethan ? décrocha Jules, d'une voix hésitante.

— C'est bien moi. Je voudrais te parler, je ne te dérange pas ? demandai-je.

— Non, non bien sûr, me rassura-t-il. Attends deux minutes, je m'éloigne.

Le bruit de fond, des exclamations et des bruits provenant certainement d'une télévision, s'éloigna pour finir par disparaître et laisser place au silence. J'en déduisis qu'il était en train de jouer à la console avec les autres du foyer, c'était ce qu'il faisait toujours en vacances quand il s'ennuyait.

— C'est bon, je suis au calme, m'annonça Jules.

— Ok. Alors, tout d'abord, il faudrait que je m'excuse pour ma réaction, commençai-je. J'ai réagi beaucoup trop excessivement l'autre jour. J'étais en colère depuis que je m'étais réveillé, je la gardais en moi et, quand tu as dit ça, j'ai juste... explosé. C'est vrai que tes paroles ont été dures mais je n'aurais pas dû t'empêcher de venir me voir pendant un mois. Aujourd'hui, ça va déjà mieux. Je ne suis plus en colère et je réalise maintenant combien j'ai été dur et méchant. Je ne me suis pas mis à ta place et n'ai pas réalisé tout de suite que, toi aussi, tu avais craqué. Ma grand-mère m'a dit que tu étais resté auprès de moi pendant mes trois semaines de coma, elle m'a raconté combien tu t'es inquiété et ce jour-là, tu as juste craqué à ton tour, je pense. Alors, merci d'être resté à mes côtés et... Je suis désolé pour ce que j'ai dit et fait.

— Je te dois aussi des excuses, intervint Jules. Même si j'ai craqué à cause de toute cette tension, tu n'avais certainement pas besoin que je m'adresse à toi de cette manière. Depuis ton réveil, j'avais remarqué que tu étais complètement vide. Tu ne réagissais à rien ! J'étais tellement énervé, frustré de ne rien pouvoir faire pour te bouger, pour te réveiller, que j'y suis allé un peu trop fort. Les mots ont dépassé ma pensée et je m'en veux encore. Crois-moi, je n'en pensais pas un mot !

— Je le sais maintenant, l'assurai-je. J'ai compris. Je crois qu'on a tous les deux notre part de fautes et j'aimerais que tu me pardonnes pour les miennes.

— Bien sûr que je te pardonne ! s'écria-t-il. Je ne t'en ai jamais voulu, tu sais. Après ça, tu ne réalises combien je m'en suis voulu. Je ne savais pas quoi faire pour t'approcher, j'avais peur que tu ne me pardonnes pas...

— Eh bien, je te pardonne aujourd'hui. Je sais pour quelle raison tu t'es énervé et je n'arrive pas à t'en vouloir. En plus, ajoutai-je plus bas, tu me manques trop. Ça fait un mois qu'on ne s'est pas vus, et j'ai l'impression que ce sont des années qui sont passées.

— J'ai cette même impression, avoua mon ami sur le même ton.

Le silence s'installa entre nous. Ce n'était pas gênant, plutôt comme un calme scellant notre paix, notre réconciliation. C'était bien la première fois que je vivais ce genre d'expérience avec un ami et je n'étais pas prêt de recommencer. Même avec Alice, pourtant nous nous prenions souvent le bec, nos disputes n'étaient pas allées aussi loin. Bien sûr, la situation n'était pas la même et j'avais beaucoup évolué ces derniers mois, au point d'en arriver à être ce gars détestable. Finalement, la violence des rapports de ce dernier mois m'avait permis de réaliser pas mal de choses, notamment que je devais changer. Si j'avais réussi à énerver Jules, c'était bien parce que j'avais dépassé les limites et pas à parce que celui-ci avait atteint les siennes comme je l'avais pensé au début.

Loup des bois et des rêves (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant