Chapitre 54 : Discussion fumeuse

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Des bruits étouffés, une légère odeur sucrée flottant dans l'air, un trait de lumière sur le visage... Ce furent les éléments qui me réveillèrent. Pendant un instant, j'eus du mal à ouvrir les yeux et même une fois fait, je ne pus me résoudre à les laisser ouverts. La luminosité de la chambre – ma chambre apparemment – était bien trop forte. Désireux d'un peu de repos, je me glissai sous les couvertures, me blottissant dans cette chaleur agréable. Mais c'était trop tard, j'étais réveillé et mes derniers souvenirs remontèrent à la surface. Brusquement, je me redressai, ce qui eut le malheur de me donner le tournis. Mon corps retomba lourdement sur le matelas alors que j'essayai de rassembler les derniers éléments de ma mémoire. Un sourire étira mes lèvres lorsque je me rappelai de cette toile de fils brillants et de ce sentiment de plénitude, d'épanouissement. Cette sensation d'être connecté sans vraiment l'être. C'était incroyable. Pour un peu, je croyais avoir ressenti la même chose que les loups présents ce soir-là.

Alors, je revins à la réalité quand je compris que je m'étais évanoui.

Je me redressai plus lentement et tombai nez-à-nez avec mon réveil. Apparemment, il était déjà quatre heure de l'après-midi, d'où l'odeur sucrée qui flottait dans l'air. Ma grand-mère devait être en train de préparer un gâteau. Mon estomac réclama bruyamment cette douceur. D'un autre côté, je ne voulais pas quitter mon lit, ce petit cocon de chaleur. Toutefois, mon estomac ne me laissa pas en paix et se manifesta une nouvelle fois. Résolu, je me levai doucement en soupirant et fus étonné de ressentir un certain vertige quand je me redressai. Je pris mon temps alors qu'une question commençait à poindre dans mon esprit. Je commençai à comprendre que l'Acceptation n'avait pas eu lieu la veille mais, alors, depuis quand étais-je inconscient ? Il n'y avait qu'une manière de le savoir.

En prenant tout mon temps, je descendis les escaliers et me dirigeai vers la cuisine d'où une musique entraînante ainsi que cette odeur de gâteau sortaient. Je m'attendais à tomber sur ma grand-mère en train de cuisine mais qu'elle ne fut pas ma surprise lorsque je vis Arthur, un tablier autour du cou, en train de chantonner ! Ce dernier, m'apercevant, me lança un large sourire avant de reposer la cuillère pleine de chocolat qu'il avait dans la main afin de s'avancer vers moi. Tendrement, il m'entoura de ses bras et je fondis quand ses lèvres rencontrèrent les miennes. Doux, au goût de chocolat, je me délectai de ce baiser avant que mon petit-ami ne s'écarte. Ses bras restèrent pourtant bien en place autour de moi.

— Comment vas-tu ? s'enquit-il derechef.

— Je crois que ça va, même s'il semble que je crève de faim, soupirai-je en lorgnant sur la casserole de chocolat fondu.

— Ah, ça ne m'étonne même pas, sourit-il. Ça fait une semaine que tu roupilles, mon petit !

— Une semaine ? m'exclamai-je. Tu rigoles ? Ce n'est pas possible...

— Eh bien, si. Tu t'es évanoui pendant l'Acceptation et je t'ai veillé en attendant désespérément que la belle au bois dormant refasse surface, dramatisa Arthur en levant les yeux au plafond.

Pour la peine, je lui mis un léger coup dans les côtes tandis qu'il riait, ne me lâchant toujours pas. En fait, il plongea même son visage dans le creux de mon cou pour y inspirer profondément. J'en profitai, malgré la faim qui me tiraillait sérieusement l'estomac. Enfin, Arthur s'écarta et me conduisit à table où il m'installa et me servit une part conséquente d'un gâteau encore tout chaud qu'il se vanta d'avoir préparé. Sans me faire prier, je me jetai dessus alors que mon bienfaiteur se mit à me raconter les derniers faits.

— L'Acceptation était presque finie quand tu t'es évanoui, débuta-t-il. Ta grand-mère nous a prévenus que cela pouvait être une conséquence de l'Acceptation à ton encontre, malgré le fait que tu ne sois pas lié à la meute. Du coup, elle t'a ramené et, dès le lendemain, j'ai campé ici à attendre que tu te réveilles. Nadège m'a dit que tu pouvais rester inconscient encore longtemps et nous avons fait appel au docteur Weize, je crois que tu le connais, afin qu'il te permette de rester à la maison, sans que tu n'ailles à l'hôpital. Il t'a donné le nécessaire en injection mais ça ne remplace pas un bon repas.

Loup des bois et des rêves (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant