Loup des bois et des rêves (M/M)

Chapitre 14 : Oublions donc

Dans la salle de bain, Arthur était en train de se passer de l'eau sur le visage et lorsqu'il me vit du coin de l'œil, il se redressa d'un coup, surpris par mon apparition soudaine.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il après avoir repris contenance.

— Rien, je venais me laver les mains, répondis-je d'une voix monotone.

— Ah. Je te laisse la place, dit-il en se retirant.

— Merci.

Il n'avait décidemment pas envie de parler de ce qu'il s'était passé. Pourtant, il allait bien falloir aborder le sujet à un moment ou un autre sinon nous allions rester coincés dans cette ambiance tendue. Sachant que nous habitions sous le même toit jusqu'à nouvel ordre, cette constante tension ne serait pas supportable longtemps. Je compris qu'il fallait que je fasse le premier pas vers cette fameuse discussion mais curieusement, je n'en avais pas envie. J'avais peur de ce que cela pourrait donner, peur que notre relation en soit affectée et pour la première fois depuis que nous étions embrassés, je regrettais d'avoir répondu à son baiser malgré la satisfaction que j'en avais tiré. Je me dirigeai vers le lavabo en baissant la tête, fuyant le moindre contact visuel, et Arthur commença à tourner les talons pour sortir de la pièce. Puis, il se stoppa, sembla hésiter en pivotant légèrement vers moi mais reprit son chemin vers la sortie. Son hésitation ne m'avait pas échappé, c'était peut-être le signe que c'était le moment de parler. Lui aussi semblait se poser pas mal de questions. Alors, je me lançai.

— Tout à l'heure, quand tu m'as... Quand on s'est... Enfin, tu vois ! Qu'est-ce que... tentai-je.

Je baissai piteusement la tête tandis que le brun se tournait lentement vers moi. Je soufflai un bon coup, reprenant mes esprits, et le regardai droit dans les yeux.

— Pourquoi ? lâchai-je.

Arthur sembla pris au dépourvu face à ma question mais c'était bien la seule qui me venait en tête pour résumer toutes les questions qui tourbillonnaient dans ma tête actuellement.

— Pourquoi... répéta-t-il pour lui-même. Tu le voulais, n'est-ce-pas ?

— De quoi ? demandai-je en fronçant les sourcils.

— Ce baiser, répondit-il timidement, le regard fuyant. Tu me regardais comme ça, j'ai cru que tu le voulais.

Incapable de répondre, mon visage répondit pour moi en prenant feu. Le silence s'installa. Personne ne savait quoi dire. D'un côté, il n'y avait rien à dire et de l'autre, une bonne discussion ne pouvait pas faire de mal. Pourtant, mon esprit vagabonda dans mes souvenirs et le baiser me revint en tête de nouveau. Ç'avait été si bon... J'étais perdu dans mes pensées lorsque, finalement, Arthur se décida à reprendre la parole.

 Peut-être qu'il est préférable d'oublier ce qu'il s'est passé.

— Hein ? Tu veux dire... Faire comme si rien n'était arrivé ?

Il hocha la tête avant qu'il ne sente bon d'ajouter ces quelques mots.

— C'était trop confus, sans raison. Ça n'aurait peut-être pas dû arriver de cette manière.

S'il y a à peine une heure j'étais aux anges, à présent j'étais vraiment en colère. Arthur n'avait pas eu entièrement tort : ç'avait été bien trop confus. Toutefois, c'était en parlant que nous aurions sûrement pu comprendre pourquoi c'était arrivé. Une pulsion, une envie, une sensation d'être aimé avait pris le dessus. Pourquoi ? C'était ce que je souhaitais découvrir mais seul, je n'avais pas le courage de le faire. Et puis, de toute manière, on a été deux à s'embrasser, non ?