Chapitre 59 : Excitation étouffante

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En fin de matinée, trois jours plus tard, Arthur et moi quittâmes enfin l'antre que constituait ma chambre. Nous y avions passé la majorité du temps, n'en sortant que pour prendre des repas et nous doucher. Cet enfermement nous était presque nécessaire pour renouer une sorte de lien entre nous, oublier et par-dessus cette histoire qui nous avait tous deux ébranlés. Entre les journées passées à discuter ou s'embrasser, et les nuits à nous serrer l'un contre l'autre en dépit de la chaleur, nous fûmes très occupés. En revanche, la proximité que nous avions développée eut le malheur de ne donner quelques réactions inappropriées, nous laissant frustrés au possible. C'était naturel, nous le concevions tous deux. Le problème n'était pas l'histoire avec Luc que nous avions délibérément mise de côté, ou l'envie d'être prêt. Non, c'était surtout la présence de ma grand-mère qui, dès que nous montions dans ma chambre, haussait les sourcils de manière suggestive. Le soir précédent, elle avait osé me rappeler qu'elle m'avait acheté une boîte de préservatifs. Il m'avait fallu presque dix minutes avant d'oser regarder Arthur en face.

La raison pour laquelle nous dûmes en sortir définitivement fut la présence de Léandre et la nouvelle qu'il nous apportait. En descendant les escaliers, je redoutais sa réaction. Une nouvelle fois, j'avais fait souffrir son fils. Même s'il ne m'avait jamais reproché mes actions, il n'en restait pas moins un père. Toutefois, Arthur chercha à me rassurer en insistant sur le fait que son père savait bien faire la part des choses, qu'il avait compris que l'erreur venait de lui et non de moi. Pendant toute la semaine durant laquelle nous avions été séparés, Arthur n'avait cessé de gémir et regretter son geste, rejetant sur lui sans retenue la faute entière de son action. Pour autant, savoir cela ne me rassura pas. En réalité, ce qui finit par me faire comprendre que Léandre ne m'en voulait point, ce fut son sourire à peine contenu qui nous accueillit quand nous arrivâmes dans le salon.

— Ethan, cela faisait longtemps ! Comment vas-tu ? demanda-t-il.

— Bien, merci de vous en inquiéter, répondis-je.

— Je suis heureux de voir que cela va mieux entre vous. Allez, installez-vous. Nous avons à parler, annonça-t-il.

Comme demandé, nous prîmes place sur le canapé tandis que ma grand-mère nous apportait de quoi boire. Léandre s'installa face à nous.

— Je vous aurais bien laissé dans votre bulle de bonheur, cela me fait de plaisir de voir que mon fils a retrouvé sa joie de vivre, mais il se trouve que j'ai reçu un message de la part de la meute de Joux ce matin. Nous avons organisé le séjour que nous allons passer chez eux, soit une semaine. Sachez que nous partons dès demain soir, quand le soleil commencera à se coucher. C'est plus facile de se déplacer quand la luminosité est moindre, exposa-t-il.

— Déjà ? m'étonnai-je.

— Ce n'est pas une grande expédition que nous organisons, juste un petit séjour chez des alliés, bien que nous soyons assez nombreux. Nous ne faisons pas uniquement ce voyage pour toi, Ethan. L'alpha de la meute de Joux et moi-même pensons qu'il serait bien de nouer des liens avec les nouvelles recrues. Ainsi donc, vous partirez avec les membres les plus récents et quelques anciens. Pensez à cela comme à des vacances, dit-il sur un ton léger. Ne t'en fais pas, tu as juste besoin d'un simple sac-à-dos avec quelques affaires de rechange avec des chaussures de randonnée. Ça te va ?

J'hochai la tête, ne sachant que répondre d'autre.

— Bien. Nous partirons en deux groupes, puisqu'Ethan ne peut pas se déplacer aussi rapidement que nous dans la forêt. Vous serez tous les deux dans une camionnette avec Romain, Jules, Marla et Quentin au volant. Vous partirez un peu plus tôt que nous, qui partirons quand le soleil se couchera. Nous nous rejoindrons près d'un parking où la camionnette sera garée et nous finirons le chemin à pied. L'endroit où nous allons loger se trouve en pleine forêt, afin de ne pas être trouvé par mégarde. Nous ne risquons rien dans ce voyage, alors détendez-vous, sourit Léandre.

Loup des bois et des rêves (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant