Chapitre 13 : Une tartiflette nostalgique

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L'après-midi passa très rapidement. Nous avions eu le temps de visiter tout le Vieux Lyon, bien que nous ne pûmes pas avoir accès à certaines traboules. Quand j'étais gamin, ces petites ruelles m'avaient toujours passionné. C'était comme si la ville cachait une partie d'elle et je me sentais comme un aventurier en quête d'un trésor. Longuement nous avions hésité à monter à Fourvière mais estimant que nous irions le soir-même, personne n'émit le désir de grimper la colline à pied deux fois dans la même journée. Nous avions pris ensuite la direction de la presqu'île que nous avions remonté en partant de la place Bellecour – où était installé une grande roue où allait être projeté un court-métrage pour la fête ce soir –, passant par la rue de République où nous pûmes voir les préparatifs pour ce soir et nous allâmes jusqu'à l'Opéra, la place des Terreaux et l'Hôtel de ville. A présent, nous étions sur la place et nous attendions que les Illuminations commencent. La nuit était en train de tomber et la place était un des endroits les plus blindés de monde lors de la Fête des lumières, c'était donc préférable de le faire en premier. En attendant, nous étions allés prendre une barquette de frites dans un kebab du coin. Alors que nous picorions, Jules vint me voir et me demanda quel était la réelle signification de la fête.

— Houlà ! Franchement, je ne suis pas sûr de ce que je vais te dire. Apparemment, durant la Renaissance, Lyon a été ravagée par une peste assez violente. La population aurait prié la Vierge pour que la maladie se stoppe et elle aurait exaucé leur vœu. Depuis, Lyon remercie Marie et lui rend hommage le soir du huit décembre en allumant des bougies et les posant au bord de la fenêtre toute la nuit. Bien sûr, avec le temps, c'est devenu aussi une fête commerciale mais à la base, ça a une signification religieuse. D'ailleurs, un cortège monte jusqu'à Fourvière cette fameuse nuit afin de remercier la Vierge car la basilique lui est entièrement dédiée. Je ne sais pas si tu as remarqué mais il y a une statue en or de Marie sur un pilier juste à côté de la basilique.

 — C'est un peu la fierté de Lyon, ajouta Alice. Mais évidemment, il n'y a pas que ça.

 — Tu vois, Arthur ! Cette ville a aussi son charme, lui dis-je alors que ce dernier répondit en grognant.

Je ris de son caractère grognon et borné. Au fond, je savais que ça lui plaisait vu la tête qu'il avait faite cet après-midi. Voyant que je moquais de lui, il s'approcha et commença à me chatouiller les côtes, glissant ses mains gelées sous mon manteau. Je ris de plus belle et cria à l'aide. Pendant un instant, je crus qu'Antoine, mon vieil ami, vint m'aider mais il se mit du côté d'Arthur. J'étais presque couché par terre, mort de rire, quand les lumières autour de nous s'éteignirent. Ça commençait enfin.

Quinze minutes plus tard, nous quittâmes la place des Terreaux totalement émerveillés. Les jeux de lumière sur les murs de l'Hôtel de ville et du musée des Beaux-Arts ainsi que la grande fontaine qui trônait sur la place avaient été sublimes et le son avait été parfaitement en accord avec le thème. Maintenant que la nuit était véritablement tombée, toutes les lumières réservées à la fête étaient allumées. Nous repassâmes devant l'Opéra où nous vîmes le jeu lumineux affiché sur la façade et notamment sur les statues qui la décoraient. Puis nous remontâmes la grande rue de la République en observant les arcs lumineux installés au-dessus – ça faisait un peu décoration de Noël – et la fontaine au centre recouverte de bâtons lumineux qui s'éclairaient à chaque note d'un piano qui résonnait. Tantôt le rythme de la musique accélérait et les lumières s'allumaient plus rapidement, tantôt il ralentissait et plus rien n'éclairait la petite étendue d'eau. A côté de la fontaine se trouvait un stand de vente de vin de chaud. Le froid nous incita à prendre presque tous un verre.

Enfin, nous arrivâmes sur la place Bellecour où la grande roue affichait un compte à rebours juste avant la prochaine représentation. Nous nous installâmes près de la statue au centre de la place – il s'agissait de Louis XIV sur son cheval. Le compte à rebours arriva enfin à zéro et les lumières autour de la place s'éteignirent et une représentation, portée sur le thème du Petit Prince, débuta. La grande roue afficha une vidéo et tout autour de nous, le monde se mit en mouvement. Nous vîmes des flammes de couleur rose, bleu et verte à chaque coin de la place et sur le côté gauche, des voltiges attachées à des cordes volaient au rythme de la musique qui emplissait l'air. Même la statue juste derrière nous avait été incluse dans le spectacle avec une mise en scène par les lumières. Je me croyais dans une autre dimension, surtout lorsque la neige commença à tomber. C'était léger mais agréable. Nos sens étaient comme envoûtés par la magie des lumières, du son et du temps.

Loup des bois et des rêves (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant