Chapitre 57 : Avancées en randonnée

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Dès le lendemain de l'arrivée de Thomas et Antoine, nous préparâmes notre petite randonnée de deux jours. Après notre longue grasse matinée, Thomas et Jules allèrent faire les courses tandis qu'Antoine, Romain et moi fouillions la maison afin de récupérer les deux tentes et des sacs de couchage. Au vu du nombre de membres dans la famille, pour les réunions à Noël, mes grands-parents avaient acheté plusieurs sacs de couchage. Les tentes, elles, dataient un peu puisque mes oncles et tantes, ainsi que ma mère, l'utilisaient déjà étant enfants. Par la même occasion, nous sortîmes de sacs à dos dans lesquels nous répartîmes le matériel qui nous parut utile. Etant donné que je m'absentais au moment où ma grand-mère devait revenir de son mariage, je dus la prévenir et tirai de cette discussion une liste complète de choses à emporter. La plupart était carrément inutile mais cette liste eut le don de nous rappeler certains objets que nous avions oubliés, tels qu'une lampe torche ou des mouchoirs. Heureusement, je pus compter sur Jules et Romain pour la nourriture qui n'en oublièrent pas une seule miette.

Alors que les préparatifs battaient leur plein, Thomas s'approcha de moi, une lueur sceptique dans les yeux.

— Arthur ne vient pas avec nous ? me demanda-t-il.

— Non, il ne vient pas, répondis-je, d'un ton tranchant.

— Déjà hier, j'étais étonné de ne pas le voir mais, là, je sens bien qu'il y a quelque chose qui cloche, remarqua-t-il.

— Ce n'est rien, Thomas. Nous sommes juste... en froid, expliquai-je évasivement.

Le susnommé plissa des yeux devant ma réponse et prit mon refus de parler pour un défi. Je reconnaissais aisément la lueur de détermination qui s'allumait dans ses pupilles.

— Ethan, qu'est-ce qu'il s'est passé ? insista-t-il.

Un silence lui répondit.

— Si tu ne veux pas me parler, je peux facilement aller voir Jules pour qu'il me lâche le morceau, me taquina-t-il.

— Et à quoi est-ce que ça t'avancerait de savoir ? rétorquai-je hargneusement.

Immédiatement, je me rendis compte de la dureté de mes mots face à la personne à qui je les avis lancé. Le regard peiné que me lança Thomas me fit trembler. Au fond de moi, je savais que je n'avais pas oublié ce que nous avions vécu. Avoir répondu ainsi à Thomas me blessait, je le regrettais déjà.

— Tu as raison, ça ne me regarde en rien, dit-il fermement avant de rejoindre les autres qui s'occupaient de boucler les sacs.

La culpabilité m'empêcha de le retenir mais aussi, et surtout, la blessure encore à vif de la trahison d'Arthur. Tête baissée, je rejoignis les autres. Pour mon plus grand bonheur, Thomas ne me garda rancœur de ce petit énervement et agit de la même manière qu'avant. Toutefois, je le connaissais assez pour savoir qu'il attendait simplement que je vienne lui en parler si je le souhaitais. Etrangement, j'avais le sentiment qu'il était nécessaire que je lui en parle, qu'il devait savoir. La proximité que j'avais eue avec lui pendant des mois lui donnait l'allure d'un ami auquel je pouvais me confesser. Cependant, Thomas n'était pas tout à fait un ami. C'était assez contradictoire et je n'ignorais pas que ça l'était pour lui aussi. En revanche, le revoir me faisait toujours aussi chaud au cœur. Cela ne signifiait pas pour autant que j'avais toujours de forts sentiments à son égard. Seulement, ce que nous avions partagé restait gravé en nous et entre nous. Cette pensée acheva de me convaincre sur la posture à adopter. Dès que j'en aurais l'occasion, je parlerai à Thomas.

Les sacs furent enfin bouclés dans la soirée, il ne restait que la nourriture dans le frigo, et nous prévîmes le départ pour le lendemain, dans la matinée. Tous excités comme des puces, nous ne pûmes nous résoudre à nous coucher tôt. La soirée fut tout aussi longue que la précédente et, au cours de celle-ci, je réussis à alpaguer Thomas dans un coin au moment où il se leva pour ramener des boissons. Les trois autres étaient perdus dans une grande discussion à propos d'un nouveau film et ne remarquèrent pas tout de suite notre absence, d'autant plus que je m'étais proposé pour l'aider.

Loup des bois et des rêves (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant