Chapitre 38 : Marché forcé

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Suite à ma déclaration, le sourire de Thomas ne quitta plus ses lèvres de tout le reste de la journée. Lola, Orlane et Arielle, qui s'étaient inquiétées de ma soudaine joie envolée, furent rassurées de nous voir les rejoindre au sommet main dans la main, le sourire aux lèvres. Je parvins à peu près à m'empêcher de jeter des coups d'œil à tout va, mais mon cœur continuait de tambouriner dans ma poitrine, comme dans l'attente de quelque chose. Heureusement que Thomas ne l'avait pas vu, cela aurait remis en cause l'honnêteté de ma déclaration qui était réellement sincère. J'avais senti ce petit bond qu'avait effectué mon cœur dès que les mots avaient quitté ma bouche. Ça n'avait toutefois pas été une explosion de sensations, ni plusieurs frissons qui m'avaient parcouru, mais c'était déjà cela. Après tout, ce n'était que le début. Le chemin était encore long et, je l'espérais, sans fin.

Le soir venu, nous quittâmes les filles pour aller au restaurant, comme c'était prévu au début. Thomas avait fait en sorte de réserver notre table dans un restaurant ne se trouvant pas trop loin de notre appartement. Pour l'atteindre, nous eûmes seulement à traverser un bout de la forêt – mieux valait éviter la route de nuit – puisque le restaurant se trouvait de l'autre côté de la station. L'agréable surprise que j'eue fut l'ambiance chaleureuse et familiale qui y régnait. Apparemment réputé pour ses spécialités montagnardes, il était presque plein au moment où nous sommes arrivés. Thomas ayant réservé à l'avance, nous fûmes directement placés dans un coin de la grande salle au revêtement en bois, juste à côté de la fenêtre qui donnait sur l'extérieur. Quand je fus installé, une grande vague de timidité m'envahit. Je n'osais à peine relever les yeux vers le châtain, en face de moi, qui semblait appréhender mes premières impressions sur ce rendez-vous. Je lui offris un sourire hésitant tandis que le serveur prenait nos commandes et il me le rendit, ses fossettes me faisant craquer.

— Je n'osais pas te le dire jusque-là mais quand tu souris, on dirait un ange tombé du ciel. Tu as... une pointe d'innocence absolument merveilleuse qui me fascine totalement. C'est incroyable, j'ai l'impression de tomber un peu plus chaque jour sous ton charme. Ce gars qui t'a fait souffrir n'a même pas entaché cela, et je me demande parfois si je te mérite... ajouta-t-il pensivement.

— Vous êtes très différents l'un de l'autre, remarquai-je. Toi, tu es doux jusqu'à la moelle et c'est ce que j'apprécie le plus chez toi, en plus de l'honnêteté et la patience dont tu fais preuve à chaque instant. Je crois que c'est ce que j'ai remarqué dès le tout début, contrairement à... à l'autre. Et puis, s'il y en a un qui ne mérite rien, c'est bien moi. Tu sais, je m'en veux de ressentir tous ces sentiments en même temps. Je ne devrais penser qu'à toi et pourtant, tant de doutes persistent... J'ai peur que ça te donne l'impression que mon amour pour toi n'est pas honnête.

— Tu n'as pas à t'en vouloir, rétorqua Thomas. Tu as été clair dès le début. Tu as des sentiments pour quelqu'un d'autre et, contrairement à certains pour qui c'est impossible, j'accepte l'idée que tu puisses aimer plusieurs personnes à la fois. Ta déclaration de tout à l'heure, je la sais honnête. Et je suis heureux d'être ici avec toi, de passer ces vacances avec toi.

— Je n'ai pas de très bons souvenirs des vacances de Noël de l'an passé, avouai-je piteusement. A vrai dire, ç'a même été une véritable catastrophe. J'étais effrayé de la manière dont pouvaient se dérouler celles-ci. En réalité, j'ai même hésité à annuler ma venue au dernier moment. Pourtant, me voilà. Et je ne regrette rien.

J'avais détourné les yeux, timide, et quand je relevai la tête, je vis Thomas avec des étoiles dans les yeux. On aurait dit que je venais de lui offrir la lune pour Noël tant ses pupilles scintillaient. Je rigolai à cette constatation, mes pommettes me chauffant.

— Tu es magnifique. Tellement... innocent, souffla Thomas.

— On me l'a déjà dit, dis-je.

— C'était lui ? m'interrogea-t-il, les sourcils froncés.

Loup des bois et des rêves (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant