Chapitre 71 : Vagues d'émotions

2.2K 204 64
                                    

Plusieurs bruits autour de moi me réveillèrent. Je m’agitai dans la couverture, ne souhaitant pas ouvrir un œil tout de suite. Le moindre mouvement éveillait la douleur dans mon crâne. Je n’avais pas l’impression d’avoir beaucoup dormi et de m’être reposé. Mon corps était toujours anormalement chaud et je transpirais plus que je ne le pensais alors que je mourais de froid. Enfoui dans un petit cocon de chaleur, je me permis d’ouvrir un œil. Il faisait sombre jusqu’à ce que quelqu’un ait la bonne idée d’allumer la lumière. Immédiatement, je retournai sous mes draps en grognant légèrement. Je voulais laisser mes yeux s’habituer à la lumière mais certains bouts de phrases échangées entre Jules et Pierre me parvinrent et m’inquiétèrent. Je me redressai lentement, cherchant à comprendre en regardant autour de moi. Jules déplaça le fauteuil face au canapé sur lequel j’étais allongé et Pierre apporta une trousse de secours qu’il ouvrit sur la table basse. La ride qui barrait son front me fit comprendre que la situation était sérieuse. La meute n’était pas loin et il y avait un ou plusieurs blessés. La panique se diffusa dans mes veines. Leur rencontre avec les Leuks s’était mal déroulée et rien ne disait qu’ils avaient récupéré ma grand-mère.

En me retournant, je vis des ombres passer devant la fenêtre et, quelques secondes après, la porte s’ouvrit brutalement en grand. Plusieurs membres de la meute entrèrent et Jules leur sauta dessus pour leur demander ce qu’il se passait, tandis que Pierre filait dehors. J’entendis des cris à l’extérieur, dans la nuit noire. Parmi les éclats de voix, je reconnus celle de Léandre. Il exhortait au calme certains membres de sa meute qui semblaient nerveux. Il ne parlait pas d’Arthur, juste de ce qui allait se passer ensuite. Loin de me rassurer, je me redressai pour observer par la fenêtre ce qu’il se passait. Je ne voyais pas toute la scène mais suffisamment pour comprendre. Face aux lycanthropes, l’alpha avait l’air grave et fixait avec dureté l’homme face à lui qui bougeait les bras dans tous les sens, comme s’il était affolé ou blâmait quelque chose. Les autres autour de lui formaient un soutien. J’ignorais ce qu’ils se disaient mais les propos étaient durs et la discussion houleuse, à en croire la tête de Léandre. Même si l’infusion au tilleul prise quelques heures plus tôt devait encore agir, je sentis quand même la panique et la nervosité grandissantes au milieu de toute cette agitation.

Tout était confus autour de moi, je ne parvenais pas à comprendre ce que tous disaient. Jusqu’à ce que le nom d’Arthur me parvienne. Ma tête pivota vers l’endroit d’où j’avais cru l’entendre venir mais je ne croisai que le regard fuyant de Jules. Pourtant, malgré l’urgence et la gravité de la situation. Je ne fis pas un seul mouvement du canapé. Je me sentais comme un étranger au milieu de cette pagaille. Un inconnu dans une foule de gens qui se connaissaient. J’avais la sensation d’être déconnecté. Je cherchais Arthur des yeux sans le trouver, croisais de temps en temps un regard malveillant. Tout allait trop vite, mon cerveau avait du mal à tout enregistrer. Les gens continuaient d’entrer dans le petit chalet, ils hurlaient, parlaient. Ça bourdonnait. Une silhouette sortit de la masse et s’approcha de moi, accompagnée d’une détermination sans faille et d’un bras levé. De nouveau, je ne réagis pas, cherchant toujours Arthur des yeux. En fait, ce fut à peine si je le vis. Un poing dans la mâchoire me fit revenir à moi. La force du coup me propulsa en arrière, contre la table basse et la trousse de secours étalée dessus. Tout se renversa sous le choc, moi également. Une fois que j’eus arrêté de rouler, ma main se porta à la mâchoire où je sentais encore des picotements et le goût métallique du sang m’envahit la bouche. Je relevai les yeux et tombai sur Aimeric, peu de temps avant qu’il ne m’empoigne le cou de ses deux mains et ne me maintienne contre terre sans me laisser la possibilité de me relever.

— D’abord Carlie, puis Arthur ! Qui vas-tu prendre ensuite ?! rugit-il.

Son accusation me frappa d’une telle force que j’en eus le souffle coupé et en oubliai de me défendre. Je cherchai dans les perles marron d’Aimeric une lueur de malice que je ne trouvai pas. Il ne mentait pas. Seule la haine parlait, le rendait sincère dans ses propos.

Loup des bois et des rêves (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant