Adossé au rebord de la fenêtre du train, je regardai le paysage défiler devant moi à toute vitesse. Je pouvais à peine détailler les arbres du regard qu'ils se retrouvaient loin derrière en quelques secondes. Une bouffée de nostalgie m'envahit. Ce paysage me paraissait de plus en plus familier. Plus je me rapprochais, plus des souvenirs défilaient devant mes yeux à la même vitesse que la nature environnante. Pas toujours de bons souvenirs, mais suffisamment nombreux pour me laisser un vague sourire sur les lèvres durant tout le temps du trajet. Je me sentais comme neuf et j'avais la conviction que la nature serait là pour me laver de tous mes problèmes une nouvelle fois. C'était un nouveau départ qui s'annonçait et celui-ci se faisait là où je me considérais chez moi. Ce serait pour un court temps, jusqu'à la rentrée, mais cet été s'annonçait particulièrement enrichissant.
Un mois plus tôt, alors que mes examens – qui avaient duré deux longues et éprouvantes semaines – venaient de se terminer, j'avais organisé mon départ pour les Rousses. J'avais cherché longuement une université qui proposait une licence qui me convenait – à savoir l'histoire – et, après de longues heures de recherches, mon choix avait été fait. Toutefois, cette fac n'était pas toute proche des Rousses et j'avais dû faire appel aux logements étudiants. Seulement, ça ne me tentait pas trop. J'aimais avoir mon intimité. Alors, je m'étais trouvé un petit studio à louer dont le prix était nettement moins élevé qu'à Lyon. Si j'arrivais à me trouver un petit job, je m'en sortirais. Evidemment, le mieux était de trouver un ou plusieurs colocataires. Dans cette optique, depuis quelques jours, j'essayais de convaincre Arthur de me rejoindre. Ce dernier allait dans la même fac que j'avais choisie.
Bien sûr, je ne l'avais pas choisi en fonction de cela puisqu'il me l'avait dit après que je lui aie annoncé mon choix.
Cette demande de colocation, je l'avais fait quand j'avais repris contact avec lui deux semaines plus tôt. Après leur séjour à Lyon qui s'était bien déroulé – sans que nous abordions les sujets sensibles comme l'incident dans les Monts d'Or ou ma rupture avec Thomas –, Arthur avait été extrêmement patient. Sur le quai de la gare, je lui avais dit que je reprendrais contact quand je me sentirais prêt et il avait attendu. Bon, il m'avait quand même avoué qu'il avait eu peur que je retourne avec Thomas mais, rapidement, je lui avais fait comprendre que non. Et voilà, près d'un mois après son passage à Lyon, je lui ai envoyé un message hésitant auquel il avait répondu dans la minute qui avait suivi et depuis, nous échangions tous les jours. Au début, c'était gênant puis à force, c'était devenu naturel.
Au contraire, Thomas et moi avions pris la décision de ne pas nous reparler pendant un temps. Nous avions, certes, rompu en bons termes mais la tension présente entre nous était insupportable. Nous l'avions vite compris quand nous nous sommes retrouvés face à face à l'université au moment des examens. Même nos amis avaient compris que ça n'allait pas fort entre nous. Sans trop de mots, nous avions convenu qu'il valait mieux nous éviter pendant un temps afin de permettre à la tension de redescendre. Au début, je n'avais eu aucune idée de la façon dont les trois sœurs avaient dû prendre notre rupture puisque je ne les avais pas revues. Puis, le lendemain du départ d'Arthur et Jules, Lola m'avait rendu visite. A ma grande surprise, elle était venue s'enquérir de mon état. Au passage, j'avais appris que Thomas avait du mal à s'en remettre. C'était pour cela que sa sœur était venue me voir. Ah, et elle voulait aussi me faire savoir qu'aucune d'entre elles ne m'en voulaient pour cette rupture, que c'était des choses qui arrivaient et que l'important était d'avancer. A présent, je n'avais plus aucune nouvelle de Thomas depuis la fin des examens, trois semaines auparavant.
Ça avait été dur. Les premiers jours qui avaient suivi ma rupture, malgré la présence de Jules et Arthur, j'avais été constamment déprimé. Le soir, quand je me retrouvais seul, je pleurais sans cesse. La vide en moi était large et avait du mal à se refermer. Puis, petit à petit, il s'était refermé. Le manque avait été moins présent. Des habitudes se prenaient, même s'il m'arrivait de penser encore à ce que nous aurions fait, avec Thomas, dans le cas d'un après-midi tranquille. Ce qui me manquait surtout, c'était l'affection et la tendresse qu'il m'avait apporté. Il s'agissait du même manque qu'Arthur m'avait fait ressentir après qu'il ait coupé les ponts et m'ait tourné le dos à Noël, juste après ma confession. Peut-être était-ce pour cela que j'avais repris contact avec Arthur aussi vite. Je voulais de l'amour et il en avait à revendre.
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Loup des bois et des rêves (M/M)
RomanceEthan Colas, un garçon brisé suite à la perte de ses parents et de son petit-frère et dans lequel la colère a choisi d'habiter, se retrouve contraint de suivre ses grands-parents dans le Jura. Près de la frontière suisse, il découvre une nouvelle vi...