Allongé confortablement sur le canapé, un poids vint m'écraser dans le vieux cuir usé. Une série de baisers vinrent s'échouer sur ma nuque avec une tendresse inattendue. Une main me caressa les cheveux tandis qu'une autre se logea au creux de mes reins. Dans un lent mais maîtrisé mouvement, elles se murent, malaxant de manière experte ce qu'elles touchaient. Devant ce traitement, je cessai de lire et me concentrai sur ces caresses plus que bienvenue. Une tête se posa au creux de mon cou et des cheveux bruns passèrent dans mon champ de vision. Je frissonnai au souffle qui s'écrasa sur mon oreille lorsque mon « agresseur » se mit à susurrer des mots d'amour. Le bien-être dans son plus simple appareil, je pouvais presque croire à une journée normale. Sous les assauts de la tendresse dont mon petit-ami faisait preuve, je ne pouvais que fondre, me liquéfiant presque dans le canapé.
— Tu n'imagines pas tout le genre d'outrages que j'aimerais te faire subir là maintenant, à cet endroit, souffla Arthur.
— Crois-moi, j'ai en une vague idée, ronronnai-je.
— Et qu'en penses-tu ? me demanda le brun, la voix langoureusement tentante.
— C'est une bonne idée, je pense, répondis-je lentement. Du moins, si nous avions la certitude de ne pas être interrompus. La frustration est bien pire à endurer que la provocation.
— C'est vrai... admit Arthur. Mais rien qu'un peu, un tout petit peu, ne ferait pas de mal, non ? Regarde les frissons courir sur ta peau dès que mes doigts passent dessus...
— N'y prends pas goût ! m'exclamai-je en le repoussant légèrement. Je ne tiens pas à faire de l'exhibitionnisme, merci bien.
Je me redressai, me dégageant de son emprise, et il se rassit, incertain. Puis il voulut se lever mais je le retiens en posant ma tête sur ses genoux. Le plus naturellement du monde, je repris ma lecture. Le brun resta quelques secondes stupéfait avant de glisser ses doigts dans mes cheveux, un petit sourire apparaissant au coin de ses lèvres. J'appréciai ce massage capitulaire à sa juste valeur en fermant les yeux, reposant mon livre sur mon ventre.
— Tu ne lis pas ? s'étonna Arthur.
— Pas envie. Trop agréable pour me concentrer, répondis-je.
Une paire de lèvres s'échoua sur mon nez pour repartir aussi vite qu'elle était arrivée. Sans ouvrir les yeux, je tendis les lèvres, quémandant un baiser. Comme je m'y attendais, Arthur rigola mais accéda à ma demande avec un enthousiasme non-feint. Une boule de chaleur explosa en moi et l'avidité me prit, surprenante et inattendue. Cette sensation, je ne m'y faisais toujours pas. À en juger par la crispation de mon petit-ami dont les mains se figèrent dans mes cheveux, je compris qu'il en était de même chez lui. En cet instant, tout simplement, je ne voulais que me laisser aller, oubliant momentanément les soucis qui nous troublaient l'esprit. En fait, même si je n'y étais pas habitué, je ne craignais pas cette pulsion ni jusqu'où elle pouvait me mener. Corps et âme, je voulais m'y soumettre. Une lueur de lucidité me permit de mettre fin à cette action que nous ne pouvions plus arrêter. Nous étions au beau milieu du salon d'Arthur et sa mère cuisinait non-loin, sans parler des autres qui pouvaient débarquer à tout instant.
— Tu ne veux pas qu'on aille dans ma chambre ? chuchota Arthur, continuant cet agréable supplice.
— On va bientôt manger, soupirai-je.
— Et alors ? contra-t-il.
Ses paroles soufflées me firent frissonner à tel point que j'en fus véritablement déstabilisé. Arthur se redressa avec un sourire en coin, me laissant à mes sensations, et entreprit de bouquiner un peu le livre que j'avais délaissé. Je profitai de cet instant pour me détendre. Mes doigts glissèrent sur les genoux de mon petit-ami pour y dessiner de petits cercles. Une main vola sur mes épaules, passa devant mes yeux, caressant tout ce sur quoi elle tombait en un geste machinal. Le souvenir des derniers événements m'assaillirent, la libido s'effaça presque soudainement. J'avais encore du mal à croire tout ce qu'il s'était passé durant cette dernière semaine. Le retour catastrophique de Suisse, la découverte des silences d'Alice, les révélations sur ma mère, la mort de Carlie, son enterrement... Tout cela était bien trop dur à avaler. J'avais perdu plusieurs choses inestimables, l'amitié d'Alice et une amie entre autres. Mon cœur saignait, pleurait, hurlait. Même ces petits moments du quotidien avec Arthur me le rappelaient sans cesse. Le plus dur ne fut pas d'apprendre la mort de Carlie mais plutôt de l'assimiler. L'enterrement avait été rapide, dans les deux jours qui avaient suivi.
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Loup des bois et des rêves (M/M)
RomanceEthan Colas, un garçon brisé suite à la perte de ses parents et de son petit-frère et dans lequel la colère a choisi d'habiter, se retrouve contraint de suivre ses grands-parents dans le Jura. Près de la frontière suisse, il découvre une nouvelle vi...