Loup des bois et des rêves (M/M)

Chapitre 20 : Sa réponse

Aujourd'hui était le jour que j'appréhendais : c'était la rentrée. Après ces vacances finalement catastrophiques malgré le jour de Noël, je souhaitais qu'Arthur ait un peu réfléchi à ce que je lui avais dit avant de partir de chez lui. Je ne m'attendais pas à ce qu'il fasse comme si rien n'était arrivé, en dépit de ce qu'il avait dit à Ambre et autres, même si je me doutais que les choses allaient tout de même se dérouler ainsi. Son silence pendant ces vacances ancraient en moi cette conviction que nous allions devoir parler. En fait, c'était ce que j'espérais vraiment, peut-être nous allions nous engueuler. Enfin, ça, c'était ce que j'essayais de me dire. A vrai dire, je n'étais pas préparé et j'en tremblais.

Je venais tout juste d'arriver sur le parking devant le lycée, ma grand-mère ayant accepté de m'y déposer pour aujourd'hui, et comme je le faisais chaque matin, j'attendis que les autres arrivent, appréhendant légèrement. Très rapidement, Mathieu et Léa me rejoignirent. Ils m'assaillirent de questions sur comment s'étaient déroulées mes vacances. Après avoir vaguement grogné une réponse comme quoi tout s'était bien passé, ils commencèrent à me raconter avec enthousiasme leurs vacances, ce qu'ils avaient mangé pour Noël puis le Nouvel An. Alors que Mathieu était sur le point de ramener la conversation à moi, Jules me sauva in extremis par son arrivée. Les deux pipelettes se tournèrent vers lui et lui reportèrent leur entière attention. Je supposais que lui aussi aurait voulu me poser quelques questions, mais ne trouva pas le temps d'en placer une seule.

En réalité, je faisais exprès de relancer la conversation afin de me faire oublier et, apparemment, ça marchait à merveille. Et enfin vint le moment tant redouté. Ambre et Arthur débarquèrent avec le bus scolaire. J'eus un pincement de cœur quand mes yeux se posèrent sur son sourire. Il riait avec Ambre et ne m'avait pas encore remarqué. Je regrettais déjà toutes mes décisions prises pendant ces foutues vacances, j'aurais dû être avec eux à cet instant et connaître la raison de son euphorie. Ce fut d'ailleurs à ce moment-là que Mathieu le remarqua.

— Tiens, Ethan, tu n'habites plus avec Arthur ? Je croyais que ta grand-mère était juste rentrée pour les vacances.

— Tu as du mal comprendre, elle reste aussi après. Mon grand-père commence à aller mieux, mentis-je.

Intérieurement, je me maudis. Mon grand-père allait de plus en plus mal depuis notre dernière visite et je m'en voulais encore plus d'avoir plus ou moins forcé ma grand-mère à rester à mes côtés. Mais personne ne tint compte de mon air de regrets. Sauf Jules. Evidemment, lui, il m'avait percé à jour rien qu'en posant ses yeux sur moi. Ce garçon devait lire en moi comme dans un livre ouvert, je me demandais parfois comment il faisait. Quoiqu'il en fût, il me jeta un de ses regards signifiant qu'il voulait me parler rapidement afin que je lui raconte tout, et je ne pus qu'hocher la tête pour le satisfaire.

Pendant ce court échange, Arthur et Ambre avaient eu le temps d'arriver à notre hauteur. Mon souffle se coupa lorsque je le vis si proche, appréhendant plus que jamais sa réaction. Mais, étonnamment, mes yeux se braquèrent sur le sol. La honte m'envahit brutalement, le souvenir de ce jour me brûlait de l'intérieur et le suçon dans mon cou qui avait fini par disparaître semblait quand même me picoter. Je fus malgré tout forcé de relever la tête pour faire la bise à une Ambre joyeuse.

Un geste que je regrettai presque immédiatement.

Arthur me fixait, ses yeux détaillant chaque parcelle de mon visage et, sans que personne ne le remarque, il me jeta un regard empli de dégoût. Ce n'était pas un pincement de cœur que je ressentis alors. Non, c'était bien plus fort. Un cœur empoigné à mains nues, broyé par une poigne puissante et, sans hésitation, jeté à la mer pour se faire oublier dans les abysses. Je me retins de faire une scène devant tous les autres et m'effaçai encore plus, restant largement en retrait lorsque nous nous mîmes à nous diriger vers notre salle de cours. Néanmoins, Ambre le vit et me rejoignit.