Chapitre 37 : Le fantôme des rêves

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Le vingt décembre arriva rapidement une fois mes examens finis. J'eus le droit à trois jours de répit, mais le temps de glander et faire ma valise, je ne le vis pas passer. Toutefois, Antoine était parti de l'appartement depuis quelques jours déjà et je me sentais un peu seul. Thomas avait bien proposé de me tenir compagnie mais les jumelles l'avaient attrapé pour qu'il les aide à faire leurs propres valises et à préparer le départ. Pour ma part, il ne m'avait fallu que dix minutes pour la faire alors j'avais eu du mal à comprendre pourquoi mon petit-ami avait été occupé pendant ces trois journées. Ce fut évidemment en voyant la voiture de Lola arriver que je compris. Nous eûmes du mal à trouver de la place pour mes affaires tant le coffre était plein. D'ailleurs, nous ne réussîmes pas à caler dans un coin mon sac et il dut se résigner à faire le voyage sur le toit de la voiture, à côté des affaires de skis de la famille Gallerani qui avait gentiment pensé à en prendre pour moi. Après une longue scène de ménage entre Thomas et les jumelles dans la rue, nous fûmes enfin prêts à partir au beau milieu de l'après-midi.

Pendant les deux heures de trajet, Orlane et Arielle animèrent le voyage avec un petit concours de blagues et devinettes avant de passer aux derniers ragots. Ces filles étaient de vraies pipelettes impossible à arrêter. Même Thomas, que je connaissais pour sa légendaire patience, eut des difficultés à s'empêcher de leur crier de se taire une bonne fois pour toute. Heureusement pour moi, le paysage extérieur fut une source d'attention autre que leurs voix. Il n'y avait pas de neige qui arrivait à rester en plein de cœur de Lyon, malgré le froid et les quelques flocons qui tombaient quand nous avions de la chance. En revanche, dès que nous nous éloignâmes de la ville, je découvris petit à petit un magnifique paysage blanc. Je soupirai en détaillant les petites buttes recouvertes de neige, les arbres immobiles sous cette blanche dame et les champs dont on ne distinguait rien hormis la poudre qui dominait dans le paysage. C'était tellement éclatant que j'en eus mal aux yeux.

Une vague pensée alla vers Arthur et sa passion pour les sports de neige, mais je secouai la tête. Mieux valait ne pas y penser. Pour cela, je me blottis contre Thomas qui, instinctivement, m'entoura de ses bras et déposa un léger baiser au sommet de mon crâne. Ses sœurs s'extasièrent devant ce tendre geste et j'étouffai un rire lorsque je remarquai que mon petit-ami était devenu rouge jusqu'à la racine de ses cheveux. Il m'entendit et m'asséna une petite tape sur le crâne, à l'endroit même où son baiser avait été déposé, cette zone désormais irradiante de chaleur.

Au bout de longues deux heures de route, quand nous arrivâmes à Annecy, les filles insistèrent pour que nous fassions une petite visite de la ville en voiture, vu que je n'y étais jamais allé. Au final, nous tombâmes dans les bouchons puisqu'il était dix-sept heures et que, malgré les vacances scolaires, certains travaillaient encore. Nous finîmes par passer devant le fameux lac d'Annecy et je remerciai Lola d'avoir autant insisté pour y aller. Le lac était loin d'être gelé mais les bords étaient recouverts de neige et nous avions, de là où nous étions, une superbe vue sur les montagnes autour. Le temps semblait s'être arrêté sous cette couche de poudre blanche. Je restai coi un instant puis repris mes esprits au moment où il fallut repartir.

La station ne se trouvait pas à Annecy mais plutôt dans les montagnes, beaucoup plus enneigées que la vallée. Après presque une heure de zigzags qu me donnèrent mal au cœur, nous arrivâmes enfin au pied de La Clusaz, la station choisie pour notre séjour. L'appartement dans lequel la famille Gallerani avait l'habitude d'aller se trouvait non-loin et donnait sur la station. C'était plutôt pratique. Nous pûmes donc laisser la voiture dans le garage que nous prêtèrent les propriétaires après avoir tout déchargé dehors. Bien sûr, il nous fallut plusieurs voyages jusqu'au troisième étage de l'immeuble aux apparences de vieux chalet.

L'appartement en lui-même était plutôt charmant et, contre toute attente, moderne. Des teintes blanches en majorité, ce qui contribuait grandement à la luminosité de l'appartement, il y avait un mélange de meubles derniers cris et d'autres ayant vécu, comme un buffet dans le salon sur lequel s'étalaient de multiples bibelots d'époque. En plus de trois chambres que nous nous répartîmes, il n'y avait qu'une seule pièce à vivre, mêlant cuisine américaine, salle-à-manger et salon dans lequel était allumée une cheminée attirante. Je fus émerveillé lorsque je vis que l'appartement comportait même un large balcon où, selon les filles, il était agréable de manger en hiver lorsque le soleil se décidait à percer à travers les nuages. Il ne me fallut pas longtemps pour tomber sous le charme de ce petit logement. Je m'inquiétai tout de même du prix quand je découvris la chambre que j'allais partager avec Thomas où, là encore, vieux meubles et récent mobilier se mêlaient à la perfection.

Loup des bois et des rêves (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant