Chapitre 5 : Tout va bien... ou pas ?

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Je restai bloqué un instant devant la porte de l'hôpital, histoire de me donner un peu de courage, puis entrai. La pièce était aussi simple que les couloirs. Les murs étaient blancs et il y avait peu de meubles. Il n'y avait qu'un seul lit d'hôpital sur lequel était étendu mon grand-père, ma grand-mère à sa droite dans un fauteuil assez confortable et une petite table sur laquelle reposait un plateau rempli de nourriture. Lorsque j'entrai, mon aïeule se tourna vers moi.

— Ethan, te voilà, dit-elle comme si elle énonçait un fait au lieu d'adopter un ton surpris.

Elle se leva vers moi et déposa un petit bisou sur ma joue après un long câlin. Je sentais dans ses gestes toute son inquiétude. Je l'observai lorsqu'elle me demandait comme j'allais. De lourds cernes marquaient ses yeux rougis, preuve qu'elle n'avait pas beaucoup dormi la nuit dernière, je pouvais voir sur ses joues des traces de larmes récentes. Cet accident la touchait tellement qu'elle en avait même pleuré – ce qui, chez ma grand-mère, était vraiment rare. Lors de l'enterrement de mes parents et de mon petit frère, cela avait été la première et la dernière fois que je l'avais vu pleurer. Depuis, elle n'avait plus montré le moindre signe de faiblesse. Elle était restée forte, pour moi certainement. Mais à présent, elle ne le pouvait plus et je ne pouvais le faire à sa place. Et elle le vit.

— Ne t'en fais pas, il va s'en sortir.

J'essayai d'esquisser un sourire mais je ne parvins pas à étirer mes lèvres. Suite à cet effort minable soldé d'un échec pitoyable, j'éclatai en sanglots. J'évacuais toute la frayeur qui m'avait envahie et qui s'était accumulée durant ces dernières vingt-quatre heures. Je sentis ma grand-mère m'entourer de ses bras frêles et me presser contre elle. C'était différent d'Arthur, dont l'étreinte avait été ferme et solide, mais pas moins réconfortant. Je reconnaissais là la personne qui m'avait bercé au cours des mois précédents. Cette étreinte avait un effet apaisant et je me calmai bien vite.

Ce fut alors qu'elle me raconta dans les grandes lignes ce qu'avait dit le docteur sur les blessures de mon grand-père. Apparemment, il avait eu de la chance que je sois présent pour le sortir. Le choc de l'accident avait été violent, le camion, après avoir perdu le contrôle dans un virage un peu plus haut dans la rue, était entré en collision avec le flan de la voiture de mon grand-père. Ce dernier avait été assommé puisque sa tête avait été projetée sur le volant un peu trop violemment. Puis, le camion s'était mis à flamber car il transportait un comburant extrêmement instable qui avait démarré l'incendie qui s'était rapidement propagé à la voiture de mon grand-père, toujours collée à la camionnette, et à une benne à verre.

L'homme qui conduisait le camion avait été gravement blessé puisque personne n'avait réagi aussi vite que moi pour mon aïeul et était désormais dans un état critique. Les médecins ne savaient pas s'il s'en sortirait car les brûlures n'étaient pas ses seules blessures, il avait encaissé le choc de la rencontre brutale plus durement. Quant à Papily, il n'avait eu que des brûlures au deuxième degré sauf au niveau de son dos où il était brûlé un peu plus profondément. Le plus inquiétant était plutôt la fumée inspirée. Mon grand-père était vieux et ses poumons étaient fragiles, d'autant plus qu'il avait fumé la pipe pendant un long moment avant d'arrêter lorsque cela était devenu nécessaire. A présent, il était dans un état stable même si au début de la nuit, personne n'était sûr de rien. J'étais un peu plus soulagé. Après un instant de réflexion, je demandai à ma grand-mère quand Papily devait se réveiller et celle-ci prit une expression peinée.

— Je ne sais pas exactement mais dans les prochains jours, c'est certain. D'ailleurs, je voulais te parler de cela.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demandai-je d'une voix emplie d'inquiétude.

Loup des bois et des rêves (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant