Chapitre 50 : Tolérant mais jusqu'à quel point ?

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Peut-être avais-je parlé bien trop vite. Oui, j'étais sûr du chemin que je devais emprunter et j'avais commencé à le parcourir mais, à présent, j'avais de gros doutes quant au fait que j'étais en sécurité. En fait, j'avais presque envie de me pisser dessus tant la pression était grande. Ma dignité ne tenait qu'à un fil. Léandre, du haut de ses un mètre-quatre-vingt-dix, me toisait. Ou plutôt, il toisait ma main entrelacée à celle d'Arthur. A en juger par la moiteur de ce dernier, je sus que je n'étais pas le seul à être terriblement mal à l'aise. Le brun déglutit bruyamment lorsque son père soupira.

— Entrez donc, on va parler à l'intérieur, lâcha l'alpha en s'écartant de l'entrée.

Sans un mot, nous entrâmes et suivîmes l'homme jusque dans le salon. Toujours dans le silence, il s'installa dans le fauteuil tandis qu'Arthur et moi prîmes place dans le canapé. Ma grand-mère arriva derrière nous pour nous demander si nous voulions boire quelque chose, ce à quoi nous répondîmes par la négative. Alors, elle s'éloigna, nous laissant définitivement seuls avec l'alpha. Le silence ne dura pas.

— A vos mains entrelacées, j'en déduis que vous vous êtes mis ensemble et j'imagine que, peu importe ce que j'en pense, vous ne changerez pas d'avis. Bon, la situation n'est pas la même que l'autre fois. A ce propos, je m'excuse de la manière dont j'ai agi, Ethan. La raison importe peu désormais, tu la devineras par toi-même. En plus, je te mentirais si je disais que je n'avais pas peur pour mon fils. Même aujourd'hui, à vous savoir ensemble, j'ai cette crainte qui persiste. Mais comme je le disais, la situation a changé. Bientôt, tu seras conscient de tout ce qui t'entoure, Ethan, et je serais probablement plus rassuré.

— Donc vous approuvez notre relation ? demandai-je.

Léandre me lança un sourire narquois. J'entrevis une ressemblance troublante avec son fils. Arthur avait le même sourire moqueur, même s'il semblait plus espiègle que Léandre. La maturité jouait dans l'effet de ce sourire. Si ressemblant et si différent...

— Que j'approuve ou non cette relation, vous resterez ensemble de toute manière. Autant s'y faire. Même s'il est certain que j'aurais préféré que mon fils se trouve une fille plutôt qu'un garçon, pour des questions de descendance, me confia-t-il.

— Papa, ça fait des années que tu connais ma bisexualité, râla Arthur. J'avais une chance sur deux mais peu importait sur qui ça tombait, tant que c'était de l'amour, tu le disais toi-même.

— Quand vous parlez de descendance, vous parlez de transmettre la lycanthropie de votre famille, voire la charge d'alpha ? intervins-je.

— Pas tout à fait. La charge d'alpha ne se transmet pas par le sang. Elle se transmet par la meute. Un choix est fait par l'ensemble de la meute, ça peut prendre des mois, mais tout le monde doit être d'accord. Du moins, c'est le cas dans notre meute. En revanche, la lycanthropie se transmet bien par le sang. Parfois, on saute une génération mais quand il est dans le sang, c'est pour toujours. C'est la seule façon dont les loups se reproduisent.

— Donc une morsure, une griffure, ça ne fait rien ? m'intéressai-je. Peut-être que ça vous paraît débile mais il y a tant de légendes autour des loups garous que je me pose des questions comme ça...

— Ne t'excuse ou ne te justifie pas, rétorqua Léandre. Je conçois que ce soit normal de se poser toutes ces questions. Effectivement, les blessures corporelles causées par un loup-garou n'entraînent pas la transformation du blessé en lycanthrope. De même, un transfert de sang n'a aucune chance de transformer quelqu'un. En revanche, si tu as des gênes lycanthropes en toi, il est possible que cela les ravivent. Toutefois, si tu n'en as pas, tu n'en auras jamais. C'est dans les gênes.

— Je vois, dis-je en hochant la tête.

Je me réinstallai dans le canapé, déjà plus à l'aise dans la conversation. Arthur aussi semblait s'être détendu. L'ambiance changea quand Léandre prit un visage plus grave. A présent, j'avais face à moi l'alpha de la meute, et non plus le père.

Loup des bois et des rêves (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant