Chapitre 16 : Fêtes en approche

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Voilà qu'une semaine était passée depuis que j'avais découvert combien j'appréciais mater et fantasmer sur Arthur et je n'avais toujours aucune réponse. A présent, il ne restait que quelques jours avant la fin des cours et les vacances de Noël, et je devais avouer que j'avais d'autres choses qui m'inquiétaient. Tout d'abord, mon grand-père était toujours à l'hôpital et ma grand-mère ne me donnait jamais de bonnes nouvelles. Je n'avais pas non-plus de mauvaises nouvelles. En fait, son état était stable mais c'était justement là le problème : il n'évoluait pas, son état n'avait pas empiré tout comme il ne s'était pas amélioré. Le docteur ne pouvait pas le renvoyer à la maison car Papily avait toujours des problèmes avec ses poumons. Ma grand-mère ne comptait pas non-plus rentrer à la maison et moi, j'avais bien peur de devoir passer Noël, voire même le Jour du Nouvel An, chez Arthur. Pas que ça me dérangeait mais disons que ç'allait être la première fois que j'allais passer ces fêtes seul, probablement sans voir aucune famille. Ça m'effrayait et Arthur avait essayé d'en parler avec moi, sauf que je l'avais envoyé paître sans vouloir y songer un court instant.

Je devais pourtant en parler, je le savais. Petit à petit, je resongeais à ces cauchemars qui m'avaient hanté et j'avais de plus en plus peur qu'ils ne reprennent le dessus. Le soir, je me couchais la peur au ventre et ça n'allait pas en s'améliorant. A vrai dire, ces songes avaient finalement réussi à revenir cette nuit. J'avais rêvé d'une de ces après-midis qui nous passions, mes parents, mon frère et moi, à décorer le sapin prévu pour Noël fraîchement acheté. C'était toujours un grand moment où chacun y mettait du sien et très souvent voire presque à chaque fois, la bonne humeur était au rendez-vous. Généralement, nous achetions le sapin – un vrai, mes parents avaient horreur de l'esthétique bien qu'il devait être bien pratique dans le sens où il ne perdait pas ses épines – juste une semaine avant les fêtes. Il faisait toujours notre fierté le jour de Noël, scintillant et resplendissant avec des cadeaux à ses pieds. Je m'étais rappelé, à travers ce rêve, de cette joie à présent perdue, disparue. Envolée.

Je me réveillai alors les larmes aux yeux. Il s'agissait de larmes de bonheur au début, avant que la réalité ne me frappe soudainement. Discrètement, je me dirigeai vers la salle de bain où je me laissai aller, tout en tentant d'étouffer mes sanglots pour ne réveiller personne. Mes pleurs étaient incontrôlables, ma douleur trop grande. J'étais un enfant perdu dans la nature, lâché trop vite par ses parents. J'avais beau avoir déjà dix-sept ans, mes parents avaient toujours été pour moi une ligne de conduite. Un modèle à imiter. Auprès d'eux, j'étais crédule et naïf, un petit garçon. Leur petit garçon. Et, à présent, ce petit garçon pleurait, réalisant une nouvelle fois l'absence de son papa et sa maman. Evidemment, mon petit-frère me manquait aussi. Mathias, lui si insolent et hautain par moment, avait été presque mon exact opposé. Je m'énervais assez rarement, préférant intérioriser en accumulant progressivement, mais lui laissait éclater sa colère aussi souvent que possible, vivant pleinement sa vie sous toutes ses coutures. Il avait été si rayonnant, si enjoué durant ses plus beaux jours. Je le revoyais à un match de handball – le seul auquel j'avais assisté. Il m'avait épaté, bien qu'il l'ait perdu. A vrai dire, je l'avais souvent admiré pour la passion qu'il mettait dans ce qu'il entreprenait. Mais, ça, jamais je ne lui avais avoué.

Et parfois, je m'en voulais aussi de ne pas avoir accepté accompagner mes parents et mon petit-frère à ce match ce samedi-là. Je ne me sentirais pas aussi seul à présent, assis sur le carrelage de la salle de bain, dans un foyer qui n'était pas le mien.

Ce fut recroquevillé sur moi et sanglotant que me retrouva Arthur qui, étonné par mon absence, était parti à ma recherche peu après que je l'aie quitté. Sans un mot, il s'agenouilla près de moi et me prit dans ses bras pour me bercer comme un enfant dans ses bras. Ma tête contre son torse, son souffle dans mes cheveux, il m'attira complètement à lui jusqu'à ce que tout mon poids soit entièrement sur lui et me balança légèrement d'avant en arrière. Je savais qu'il se retenait de me poser des milliers de questions, attendant patiemment que je me calme pour me sauter de dessus. Finalement, je me laissai aller à l'étreinte pleine de tendresse d'Arthur et finis par soupirer alors que mes larmes s'arrêtaient progressivement de couler. Je reçus un petit baiser sur le haut du crâne.

Loup des bois et des rêves (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant