Chapitre 47 : Houle des sentiments

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A peine Léandre eut raccroché que je soupirai longuement. Je voyais déjà les problèmes qu'allaient créer mon départ se profiler à l'horizon. Au fond de moi, je ne parvenais pas à calmer l'excitation qui prenait place. Je rentrais aux Rousses. Malgré tous les maux que les quelques mois passés là-bas m'avaient apportés, j'en gardais de bons souvenirs. Ici, à Lyon, il ne me restait que quelques relations et mes études tandis que là-bas, j'y voyais la tranquillité. Oui, j'étais un petit gars de la ville mais je me sentais tout de même mieux au sein de la nature. La vie en ville devenait étouffante après le temps passé dans la campagne. Les paysages me manquaient et ce n'était pas les seuls – bien que je ne voulais pas l'avouer. Toutefois, je ne savais pas pour combien de temps j'irai. Peut-être deux mois, peut-être un an... Malheureusement, j'avais mes études à Lyon. Il me fallait m'organiser. Mais surtout réfléchir. Il n'était pas certain que je puisse reprendre mes études dans une autre université en reprenant de là où j'en étais. En fait, j'étais déjà persuadé que je devrais reprendre les études à zéro. En plus de cela, il fallait trouver une université dans le coin qui présentait la même filière que la mienne – ce qui était beaucoup moins sûr. Y songer me donnait déjà mal à la tête.

Et le souci le plus grand restait mon petit-ami. Comment avouer à Thomas ma décision sans le peiner ? Je le connaissais et savais qu'il comprendrait mais je m'en voulais déjà. Depuis Noël, je n'avais fait que l'embarquer dans mes histoires et problèmes et là, j'allais lui dire que je plongeais corps et âme dedans. La culpabilité me rongeait alors que je remarquai qu'il ne savait même pas ce qui s'était réellement passé dans les Monts d'Or. Ça aussi, il devait le savoir. Si mes études me donnaient déjà du fil à retordre, la situation actuelle vis-à-vis de Thomas était pire.

Comme si la malchance était décidée à me poursuivre, la porte de ma chambre s'ouvrit sur Thomas. Ce dernier semblait gêné mais me fit un petit sourire avant de s'approcher du lit en m'embrassant légèrement pour me saluer.

— Comment vas-tu ? s'enquit-il en souriant.

— Sincèrement, je crains la sortie d'hôpital quand je ne pourrais plus prendre toutes ces doses d'antidouleurs... Je comprends mieux la douleur que tu as ressentie à Noël. C'est atroce !

— Si ça peut te rassurer, les médecins prévoient de te garder encore un petit moment. Tu sortiras juste pour les examens, je crois.

Un silence inconfortable s'installa entre nous, un de ceux qui nous avait souvent dérangés après notre voyage à Thiers. Je déglutis en attrapant la main de Thomas qui tremblait légèrement.

— Comment vas-tu, toi ? Tu me caches quelque chose, je le vois bien, soufflai-je.

— Je... Je suis désolé, chuchota Thomas en réponse.

Il inspira longuement, sa façon de réunir son courage.

— J'ai écouté ta conversation au téléphone. J'ai voulu entrer plusieurs fois, te manifester ma présence mais j'étais trop curieux quand tu as commencé à parler de ce qui t'es arrivé dans les Monts d'Or... Et tu as parlé de... de partir. Tu vas vraiment partir ? me demanda mon petit-ami avec une lueur de tristesse qui dansait au fond de ses pupilles.

Etrangement, je ne lui en voulus pas d'avoir écouté aux portes. Egoïste, j'en étais même soulagé. Le sujet était venu de lui-même, sans que je n'aie à initier la conversation. Je fermai les yeux un instant. Si Thomas avait eu le courage d'évoquer ce départ de lui-même sans attendre que je le fasse, je devais avoir le courage de lui confirmer cette décision. Lui expliquer les raisons était inutile, il s'en doutait probablement. Et cela le bouleversait.

— Je vais partir après les résultats, annonçai-je. C'est trop dangereux de rester ici et j'ai l'impression que je vais étouffer si je fais trop gaffe. Il n'y a qu'à voir mon état ces derniers mois, je n'en peux plus de cette pression. Ce qu'il s'est passé dans les Monts d'Or n'était que la goutte d'eau qui a fait débordé le vase. Je dois y aller.

Loup des bois et des rêves (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant