Chapitre 2 : Mais quel con !

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Assis dans la voiture que conduisait mon grand-père, je ruminais. Certes, j'avais pris la décision de changer mais ce n'était pas pour autant que je voulais aller au lycée. Mes aïeuls avaient du mal à comprendre ma réticence à y aller même s'il s'agissait de réfléchir un minimum au souci. Tout d'abord, j'avais encore les yeux rougis à cause de la veille – super comme première impression – mais, en plus, j'allais entrer dans une classe de terminale où les élèves se connaissaient certainement depuis au moins deux ans et moi, je devais m'intégrer. Or, j'avais toujours été d'un caractère timide et c'était là qu'était le problème. Je me voyais mal aller vers des inconnus alors que je me pissais presque dessus lorsque j'étais au centre de l'attention générale. Peut-être que si le contact se faisait dans l'autre sens, que les autres venaient me voir d'eux-mêmes, ça irait mieux. Pourtant, j'avais toujours la crainte d'être mis de côté ou de tomber dans une classe de cons. Pour cela, j'appréhendais et espérais grandement.

J'essayai d'oublier un peu ce qui allait se dérouler dans moins d'une heure en regardant le paysage défiler par la fenêtre. Peine perdue, je vis que la voiture se gara sur un parking bondé d'élèves. Nous étions arrivés. Je pris mon sac à dos et sortis après avoir souhaité une bonne journée à mon grand-père qui repartit immédiatement. La boule au ventre, je m'avançai vers les grilles du lycée. Une fois passées, je me retrouvai dans une longue allée qui menait à l'entrée de trois bâtiments. Super, il fallait que je trouve celui de l'administration maintenant. Etant donné mon humeur morose les derniers jours, mes grands-parents lors de l'inscription avaient décidé que j'irai chercher moi-même mon emploi du temps et quelques papiers complémentaires le jour où je rentrerai. Sauf qu'ils ne m'avaient pas dit quel était le bâtiment de l'administration. Il ne me restait qu'une option : demander mon chemin.

Je me retournai et vis une fille avec des écouteurs vissés dans les oreilles, certainement en seconde, marcher vers le bâtiment du fond qui semblait être le bâtiment principal puisque tout le monde y allait. Mieux valait aborder une personne seule plutôt qu'un groupe alors je me postai devant elle et lui demandai où était le bâtiment de l'administration. Elle me jeta un regard amusé avant de me montrer le bâtiment sur ma droite et de poursuivre son chemin. L'entrée de celui-ci était juste à quelques mètres de moi et en m'approchant, je compris donc pourquoi elle avait eu l'air de se moquer de moi. Au-dessus de la porte, il y avait une grosse plaque en verre sur laquelle était gravé « Administration ». Je soupirai en souriant et allai récupérer les papiers nécessaires.

Dix minutes plus tard, je me trouvai devant la salle où je devais avoir cours de mathématiques. La sonnerie avait déjà retenti depuis cinq minutes et heureusement, la dame qui s'était occupée de moi m'avait gentiment indiqué l'emplacement de la salle de classe. Sans ses indications, je serais certainement encore à chercher car le lycée n'avait rien de petit. Il possédait en réalité cinq bâtiments au total et chacun avec au moins trois étages. Le crétin d'architecte qui était à l'origine de la construction de ce complexe n'avait sûrement pas pensé aux nouveaux élèves qui débarquaient ici. Ou alors, peut-être qu'il n'y en avait pas beaucoup. J'étais quasiment paralysé par le stress lorsque je toquai et entrai. Je tombai alors nez à nez avec une petite femme rousse. Elle m'accueillit avec un grand sourire.

— Ethan Colas ?

J'acquiesçai et elle me présenta à la classe, avant de me demander de m'installer à une table au fond qui était libre. En à peine quelques minutes, je m'étais retrouvé comme le centre d'attention de la classe. J'étais si gêné que j'osais à peine lever les yeux. La professeur repris son cours après avoir rappelé ses élèves à l'ordre.

Durant ces deux heures de maths, je tentai de suivre comme je pus mais ce fut laborieux. Il allait falloir que je prenne le cours de quelqu'un pour récupérer mon retard ou sinon je pouvais faire une croix sur mon premier trimestre, voire plus. Malgré tout, je fus heureux lorsque j'entendis la sonnerie. Je commençai à remballer mes affaires quand mes deux voisins de devant se tournèrent vers moi. L'un était blond aux yeux bleus comme le ciel d'azur et n'avait l'air pas très dégourdi tandis que l'autre était bien plus mystérieux. Il avait les cheveux aussi noirs que l'ébène légèrement bouclés et ses yeux... Ses yeux, seigneur ! Ils étaient un mélange de nuances : du marron comme la terre, du jaune comme le soleil et du vert, dominant, comme le feuillage des sapins. C'était envoûtant, profond. En plus, ce garçon semblait être de ceux dont on n'arrivait pas à deviner les pensées, qui cachaient si bien leurs émotions. Dans mon ancien lycée, ma meilleure amie, Alice, était de ce genre-là et, bien qu'au début c'était terriblement perturbant, j'avais fini par m'y faire sans pour autant réussir à la cerner un jour. Mince, comment avais-je pu louper un spécimen pareil ? Ah oui, c'est vrai. J'avais gardé les yeux baissés ou bien rivés sur le tableau durant tout le cours.

Loup des bois et des rêves (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant