Chapitre 25 : Et le temps passe...

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Comme je l'avais deviné, au moment de la rentrée, ce fut difficile de ne pas me laisser marcher dessus. La bonne humeur de la veille avait complètement disparu. Arthur avait repris cette attitude de connard hypocrite du départ, sauf que ça faisait beaucoup plus mal. Il jouait avec le fait que je l'aimais pour s'afficher pleinement avec Juliette. Ses sourires narquois dès qu'il me croisait me plantaient comme une flèche dans le cœur. Pourtant, ce n'était rien comparé aux expressions de dégoût qu'il ne se gênait pas de prendre.

Les amis que nous avions en commun comprirent, suite à cette journée, que quelque chose était arrivé pendant les vacances et qu'Arthur était la raison pour laquelle j'avais fait une crise de panique la semaine passée. Je ne leur avais pas demandé de choisir avec qui traîner, nous étions en terminale et avions passé ces histoires puériles de camps, seulement je les avais prévenu de ne pas compter sur moi pour avoir affaire d'une quelconque manière avec Arthur. Il m'a semblé qu'Arthur a demandé la même chose.

En bref, cette journée-là illustrait ce que je vivais chaque jour dans les semaines qui suivirent. Entre moqueries, dégoût et insultes, je rentrais toujours le soir avec le moral dans les chaussettes. Jules était souvent là pour moi mais je m'en voulais de devoir autant le monopoliser. Voir cet Arthur-ci après avoir reçu autant de tendresse de sa part remettait en doute la confiance que j'avais placée en chacun. Même Jules, malgré tout ce qu'il avait fait, fit l'objet de doutes. Involontairement, je devins distant et détaché de la réalité sociale. J'évitais de trop parler, de peur de dire quelque chose que l'on pouvait retourner contre moi, et s'il m'arrivait de sourire parfois, c'était aussi fréquent qu'une étoile filante en plein ciel d'hiver.

Février. La neige était toujours abondamment présente, tout comme le froid glacial. Lorsque les vacances d'hiver sont arrivées, les stations de ski s'en sont retrouvées bondées. La population aux Rousses avait doublé tant il y avait de monde. Cela donnait de la vie à ce petit village si vide en plein été. Je passais beaucoup de temps avec Jules, qui m'emmenait assez souvent à son foyer où je retrouvais Harry mais aussi les autres habitants du grand chalet qui m'accueillaient toujours avec chaleur. Je n'avais pas tenu la promesse que j'avais faite à Antoine en partant de Lyon : celle de venir le voir à Lyon au moment des vacances. Il me sembla qu'il ne m'en voulut pas longtemps puisqu'au dernier moment, il m'avait appelé pour me dire qu'il partait dans les Alpes avec sa nouvelle copine.

Mon grand-père, quant à lui, ne se rétablissait toujours pas. Son état s'était de nouveau aggravé au tout début du mois et ma grand-mère m'avait laissé quelques jours seul à la maison pour rester à son chevet. Enfin, non. Je n'étais pas resté totalement seul puisque Jules avait passé tout son temps avec moi. Ses efforts pour me sortir de ma morosité étaient incroyables et les habitants du foyer jouaient le jeu. J'avais toutefois du mal à leur rendre cette gentillesse. Il m'arrivait souvent d'être d'assez mauvaise humeur. C'était souvent après avoir passé une journée à ne pas avoir pu éviter la vision d'Arthur et Juliette se câlinant ou quand ce premier me narguait ouvertement pour m'humilier. Ambre, Mathieu et Léa avaient du mal à cautionner cette attitude mais, là encore, je m'étais éloigné d'eux. Presque complètement d'ailleurs puisque je ne parlais presque plus. Je me sentais mal vis-à-vis de Jules qui les considérait comme ses amis mais celui-ci ne m'avait jamais fait la moindre réflexion. Il avait beau tout faire pour m'aider, avec lui aussi je conservais cette distance, moindre mais toujours présente. Comme un rempart de sécurité pour moi.

Je refaisais régulièrement ces cauchemars que je faisais avant qu'Arthur ne tente de m'aider. Seulement, ils étaient un peu différents des précédents. Une tête brune et bouclée avec de grands verts s'était rajoutée au paysage cauchemardesque. Cela ne les rendait que plus horribles. La plupart du temps, je revoyais son dos, me rejetant de tout son être ou bien le regard qu'il m'avait jeté la veille de Noël. Il arrivait aussi que je revive les journées les plus merdiques que je passais à me faire humilier par cet enfoiré. Enfoiré que j'aimais encore. J'avais la sensation que je ne cessais pas de l'aimer. Il était ancré trop profondément. On disait que l'amour soignait tous les maux mais quand la douleur provenait de l'amour, il était simple de se rendre compte qu'il était aussi la source d'une des plus grandes douleurs qui soient. Et malgré tous les cauchemars qu'Arthur me causait, je ne pouvais me résoudre à me dire que je le haïssais parce que ça restait faux.

Loup des bois et des rêves (M/M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant