Ce n'était pas parce qu'tait apaisé que Milan n'allait pas pour autant répliquer. Il n'avait peut-être pas la même réputation qu'Emile, mais il avait appris à se défendre avec les années.
Le jeune homme allait donc balancer son poing dans la figure du frère d'Alice quand ce dernier bloqua la tentative et maintint, avec une facilité déconcertante, les bras de Milan contre le mur. Ses yeux semblaient lancer des éclairs et l'étudiant était certain que s'ils avaient été réels, il serait mort sur place.
- Tu crois vraiment que tu fais le poids ? Allez, essaie. Envoie-moi une droite pour voir.
Il desserra son emprise sur Milan mais le jeune étudiant en médecine savait exactement ce qu'il était en train de faire. Emile était connu pour ridiculiser n'importe qui se mettrait sur son chemin, n'importe qui qui essayerait de le faire tomber.
Mais il était surtout célèbre pour ne pas être le genre à s'attaquer aux plus faibles. Non, ses cibles étaient plutôt connues pour savoir se défendre. Et pourtant, cela se finissait toujours de la même manière. Sa victime, à ses pieds, et Emile, debout, un sourire triomphant aux lèvres. On aurait dit qu'il avait besoin de cette violence dans sa vie, que ça lui était vital. Cela semblait lui faire du bien de faire tourner en bourrique ses congénères.
Milan voyait l'attroupement qui était en train de se former autour d'eux. Il souffla. L'être humain semblait avoir toujours besoin de voir plus de sang, de témoigner de la chute de ses pairs, à sa place. Il était en train de devenir le divertissement des étudiants, et il n'aimait pas cela. Mais il savait que s'il tentait le moindre truc contre Emile, ce dernier le lui ferait payer mille fois. Il était dans une impasse. Et Emile ne semblait pas desserrer les dents. Il était sur les nerfs, Milan l'avait énervé. Et l'étudiant comprit enfin pourquoi.
- Un problème, Jacob ?
Parce que ce que Milan avait de meilleur en stock était sa capacité infinie de provocation. Il savait bien qu'un jour ça le perdrait mais, bien trop de fois cela l'avait également sauvée.
Quand la hargne logée dans les yeux d'Emile s'intensifia, Milan comprit qu'il tenait le bon bout. Il allait se faire tabasser, mais il ne laisserait pas sa fierté se faire piétiner. Et c'est pourquoi il continua sur sa lancée.
- Tu n'as plus de souffre-douleurs en stock alors tu t'attaques au premier venu ?
Les rires qui s'élevaient dans la foule ne pouvaient que rendre plus nerveux le frère d'Alice. D'ailleurs, il avait de nouveau resserré son emprise sur les bras de Milan. Ce dernier allait sûrement avoir des marques bleues, le lendemain. Mais il ne s'en préoccupait pas.
- Au premier venu ? Tu penses vraiment que je t'ai choisi par hasard ?
- Parce que j'ai été choisi ? Quel honneur, Jacob, que tu me fais là !
- Tais-toi crétin. Approche-toi encore une fois d'Alice, et je te jure que ce n'est pas une seule droite que je te mettrais dans la face.
Et Emile se recula, n'ayant même pas besoin de se frayer un passage dans la foule. Les étudiants se reculaient immédiatement dès qu'il s'approchait d'eux. Ils ne souhaitaient pas réellement faire l'objet de sa colère. Milan aurait dû se taire mais, comme ce week-end, face à Nate, il ne put s'empêcher d'ouvrir sa bouche, une nouvelle fois.
- Je pense que ta sœur a son mot à dire, non ?
C'était exactement la dose de provocation qu'il fallait pour qu'Emile revienne sur ses pas et renvoie Milan contre le mur. La tête de l'étudiant s'y cogna violemment, mais pas assez pour lui remettre les idées en place.
- Elle a une vie, elle aussi, si tu t'en souviens.
- Et toi, si tu crois la connaître, tu te fourres le doigt dans l'œil. Ne me dis pas des choses sur ma sœur alors que tu ignores tout d'elle.
- Ah vraiment ? J'ignore tout d'elle ? Alors comment ça se fait que je sais que dès que je la touche, elle fait une crise de panique ? Et que ce n'est pas à cause de moi, mais bien à cause de tout contact étranger ? Qu'elle se rassure en répétant la même phrase, inlassablement, durant plusieurs minutes, le temps de se calmer ? Comment ça se fait que je sois au courant qu'elle connaît tout de la lune, et sans doute du reste des êtres astraux ? Qu'elle n'est pas sociable, et surtout qu'elle est surprotégée par toutes les personnes qui la connaissent ? Et qu'en plus de cela, ça la gave ? Parce que oui, Jacob, elle n'aime pas cela. Tu pourras te convaincre du contraire tant que tu veux, que c'est pour son bien que tu le fais, mais un jour, elle vous le fera payer.
Un coup de poing dans la joue droite, puis un autre dans la gauche. Emile commença à se déchaîner sur le jeune homme au fil de ses paroles. Personne ne semblait en mesure de l'arrêter et ce n'était certainement pas Milan qui allait y arriver. Pourquoi tout allait mal depuis qu'il connaissait Alice ? Evan allait devoir lui payer des intérêts gigantesques après ce passage à tabac en règle.
- Je t'ai assez entendu, connard. Mais non, tu ne connais pas Alice. Et je ne te laisserais pas la connaître. Parce qu'elle n'a pas besoin de toi dans sa vie. Elle n'a pas besoin d'un coureur de jupons qui se tape une fille différente toutes les semaines. Elle n'a pas besoin d'un connard qui ne pense qu'à lui.
- C'est étrange, Emile, parce que j'ai l'impression que tu te décris.
Milan avait le souffle coupé, dû aux derniers coups d'Emile dans ses abdominaux. Il avait du sang qui coulait dans son cou, sa lèvre était certainement ouverte. Mais il ne le laisserait pas avoir sa fierté. Le répit survint cependant quand Nate le sauva de nouveau, poussant Emile vers l'arrière avec l'aide d'autres amis. Avant qu'il n'essaie de calmer son meilleur ami, il revint rapidement vers Milan.
- Maintenant, dégage. Arrête d'aggraver ton cas. Faut vraiment que t'apprennes à fermer ta gueule parfois.
Et Milan partit, sans un merci. Parce que ce n'était pas son genre, et que Nate ne le méritait de toute façon pas. Il ne lui avait pas demandé de l'aider.
Il commençait lui aussi à sentir la colère le prendre peu à peu alors qu'il déambulait dans les couloirs. Il en avait marre que tout parte en vrille ces derniers temps. Pourtant, il sut que ça n'allait pas s'arranger lorsqu'il vit au milieu du corridor vide qu'il venait d'emprunter des boucles brunes qui le hantaient un peu trop à son goût. Surtout lorsqu'Alice se retourna et le regarda, intriguée.
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Blue Blurred
RomanceAlice est une fille à part, détestée des trois quarts des personnes qu'elle connaît. Milan est un coureur de jupons, une fille différente chaque samedi soir. Tous les clichés commencent comme cela. Et pourtant, c'est leur histoire.