Bon il se trouve qu'on m'a soufflé à l'oreille que le 52 ne suffirait pas ce soir (coucou @LikeAMartian) et comme je ne peux rien lui refuser voici le 53. Bon j'ai mis un peu de temps car toux + lecture d'articles sur l'autisme et les relations amoureuses + m'apercevoir (pour votre plus grand plaisir) que la fin prévue au chapitre 56 (attendez avant de hurler) allait devoir être repoussée de plusieurs chapitres (je ne sais pas combien exactement mais au moins 5 de plus). ENJOY !
Si la veille, le moment du coucher avait été gênant, ce n'était rien comparé à ce réveil. Ils étaient tous les deux allongés l'un vers l'autre. Heureusement, Alice avait les yeux fermés quand il ouvrit les siens. Il resta quelques minutes à la regarder avant de se motiver pour se lever. S'il restait là, ce n'était pas certain qu'il arrive à résister à ses lèvres.
Il partit prendre sa douche, en se faisait la réflexion que c'était étrange qu'elle dorme toujours alors qu'elle avait fait une sieste dans le train. C'est en voyant son sac ouvert, par terre, et des livres étalés sur le sol de son côté du lit qu'il comprit qu'elle avait dû se lever en pleine nuit sans le réveiller.
Evidemment, il ne put s'empêcher de se demander comment elle avait réagi, seule dans cette chambre avec lui alors qu'il était en train de dormir. L'imaginer assise en tailleur à côté de lui, la lampe de son portable au-dessus de son livre ne l'aidait pas vraiment. Il dut finir sa douche par un jet d'eau froide pour se remettre les idées en place.
Ils descendirent prendre leur petit déjeuner au restaurant de l'hôtel alors que Milan réfléchissait à ce qu'ils pouvaient faire. La réceptionniste leur avait donné un mini guide de la ville et il le feuilletait tandis qu'Alice mangeait une salade de fruits. Il se demandait encore comment ils pouvaient être aussi naturels alors que la situation était loin de l'être. Mais il se posait sans doute trop de questions. Il devait retrouver l'impulsivité de la veille qui l'avait poussé à acheter deux billets de train pour Marseille.
Ils s'étaient à peine adressés plus de cinq phrases depuis qu'ils étaient partis de Paris et, en même temps, ça lui semblait totalement normal. Ils n'avaient pas besoin de parler pour se sentir bien. Il aurait cependant vendu tout ce qu'il avait pour savoir ce qu'Alice pensait de tout ça, là maintenant.
Ils partirent se balader près du vieux port. Le ciel était bleu, il faisait chaud et il y avait surtout trop de monde. Milan n'arrêtait pas de jeter des coups d'œil autour de lui. Alice était en train de lui transmettre son anxiété, et ce n'était pas bon. Il se devait d'être le socle calme. Il était censé être à la barre ce week-end, au cas où quelque chose arriverait. Alors il prit quelques respirations avant de lancer la discussion.
- C'est plutôt joli, tu ne trouves pas ? Ça change des péniches sur la Seine.
C'était complètement stupide comme réflexion. En plus de ça, il enchaînait les erreurs. Il venait de lui poser une question. Alice n'avait pas envie de parler, elle n'avait certainement pas envie de lui répondre. Elle devait déjà s'être enfermée dans sa bulle, ne faisant plus attention à lui.
Elle avait les bras ballants au niveau de ses hanches. Milan devina qu'elle essayait de créer un espace autour d'elle, pour se protéger. Il avait déjà remarqué cette habitude chez elle. Dès qu'il y avait un peu trop de monde, elle avait tendance à agir ainsi, comme si elle acceptait qu'on frôle ses bras si ça pouvait empêcher tout autre contact, une sorte de compromis.
Elle n'allait pas bien pour autant. Elle ne cessait de passer sa langue sur ses dents, créant une petite bosse sous sa lèvre inférieure. Il aurait dû se douter que la balade la plus touristique de la ville phocéenne n'était pas la meilleure idée avec Alice à ses côtés.
Milan proposa alors qu'ils se dirigent vers le Vieux Panier. Il savait que c'était rempli de petites ruelles et il savait que ça conviendrait mieux à la jeune fille. Elle se contenta de hocher la tête tout en regardant les goélands voler autour du pour, et en particulier autour des pêcheurs tentant sans doute de rafler une partie de leur gain. Il n'était pas sûr qu'elle sache de quoi il lui parlait. Alice s'intéressait à l'univers, pas forcément à ce qui se passait sur Terre. Pour un peu, elle ne connaissait rien de Marseille.
Ils arrivèrent rapidement dans la vieille ville, juste derrière la mairie. Les rues montaient, les édifices s'élevaient mais ce n'était pas un problème. Alice aimait bien se balader et lui était un bon sportif. Ils s'insinuèrent dans des plus petites ruelles, moins fréquentées par les touristes et marchèrent ainsi une bonne demi-heure. Parfois, Alice s'arrêtait devant des œuvres peintes sur les murs de la ville, les examinant avec une certaine rigueur. Pourtant, elle n'émettait aucun commentaire, se contentant de se remettre à marcher. Et Milan, pour la première fois de sa vie, aurait bien aimé savoir ce qu'il se passait dans la tête d'un autre être vivant. Alice le rendait curieux.
Alors que les cloches sonnaient midi, ils s'installèrent en terrasse pour déjeuner. Après avoir commandé, Milan pensa qu'il était bien ici, loin de l'agitation de Paris, seul avec Alice et qu'il allait avoir du mal à repartir le lendemain. Deux jours, c'était bien trop court.
- Tu sais que la Russie a une superficie supérieure à celle de Pluton ?
Ça sortait de nulle part, ça n'avait aucun rapport avec leur situation actuelle mais il s'agissait de ses premiers mots depuis qu'ils avaient quitté l'hôtel alors Milan sourit. Au final, on en revenait toujours à l'univers.
- De beaucoup ?
- La superficie de la Russie est de 17 098 000 km², celle de Pluton est de 16 600 000 km².
Le serveur leur amena leurs plats et coupa ainsi Alice dans son élan. Milan craint qu'elle se renferme de nouveau dans son silence. Mais une fois que l'intrus qui n'en était pas vraiment un fut parti, elle continua.
- Tu sais ce qu'est Pluton ?
C'était rare qu'elle lui pose des questions. Généralement, elle se contentait d'énumérer des faits. Il voulait en conclure qu'elle cherchait l'interaction et que c'était un pas en avant.
- Une planète naine ?
- Hum. Tu sais combien d'autres il y en a des planètes naines dans notre système solaire ?
- Deux ?
- Non, quatre autres. Eris, Makemake, Haumea et Cérès.
Et le déjeuner continua la définition d'une planète naine et sa place dans l'univers. C'était encore une fois surréaliste, mais Milan commençait à y prendre goût.

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Blue Blurred
RomanceAlice est une fille à part, détestée des trois quarts des personnes qu'elle connaît. Milan est un coureur de jupons, une fille différente chaque samedi soir. Tous les clichés commencent comme cela. Et pourtant, c'est leur histoire.