67. Casse-tête

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Bon, très clairement les longues pauses entre l'écriture des chapitres affectent la qualité de ces derniers, mais j'espère que vous appréciez quand même ^^. J'ai l'impression, parfois, de faire n'importe quoi avec l'avancée de ce récit mais comme j'y tiens, je continue et un deuxième chapitre écrit cet après-midi !

67. Casse-tête

Milan avait l'impression de s'être fait traîner dans un traquenard. Alice ne lui avait pas touché un mot sur cette soirée films alors que ça ne semblait pas avoir été organisé à la dernière minute. Peut-être même qu'elle s'inscrivait dans les habitudes du petit groupe, pour le peu qu'il en savait. Ce n'est pas comme s'il connaissait les habitudes des Jacob-Dubois.

En même temps, la jeune fille n'avait pas vraiment parlé depuis qu'ils avaient quitté l'enceinte de l'université et qu'elle lui avait demandé d'aller chez elle. Elle s'était contentée de suivre les étapes pour se rendre ici. C'était sans doute pour ça qu'elle était aussi nerveuse en parcourant la rue. Elle devait appréhender sa réaction quand il découvrirait le pot-au-rose.

Il ne savait pas quoi en penser. Après tout, il n'était pas contre une soirée cinéma avec Alice. C'est vrai qu'il n'avait pas pour habitude de regarder des films avec ses précédentes conquêtes mais la jeune fille n'avait rien à voir avec ses relations passées et il était prêt à se poser dans un canapé à ses côtés pour regarder une comédie ridicule. Il ne s'était juste pas imaginé ce moment dans ces circonstances. En réalité, il ne voyait pas Alice devant une comédie ridicule et la présence d'Emile et Nate le mettait plus mal à l'aise qu'il ne l'aurait pensé. Malgré sa tendance provocatrice avec ces derniers, il n'en menait pas large.

Il se déchaussa, comme le lui conseilla Aurore alors qu'elle disparaissait à son tour dans l'appartement. Il resta un instant seul avec Alice qui fuyait son regard. Il n'aimait pas la tension qui emplissait la pièce alors qu'il n'y avait aucune raison que ce soit le cas. Si elle l'avait fait entrer chez elle, ce n'était pas anodin et ça devait lui demander bien plus que ce que ça lui semblait et il devrait se contenter de ça. Il aurait préféré être seul avec elle mais c'était utopique de penser que leurs rendez-vous seraient toujours ainsi. S'il voulait vraiment faire sa connaissance, il allait falloir qu'il s'arrange avec sa famille et ses amis. C'était bien plus d'efforts qu'il n'était sans doute réellement prêt à faire mais il allait falloir essayer, maintenant qu'il s'était lancé là-dedans.

— On regarde quoi ?

C'était sa manière à lui de lui dire que c'était ok, qu'il comptait rester. Alice prit ça comme un signe et parcourut le couloir, regardant derrière elle pour voir s'il la suivait, tout en répondant à sa question, pour une fois.

— Je crois que les garçons ont prévu de se revoir Inception. Je n'ai pas vraiment fait attention au choix de cette semaine.

Il avait raison. Ils avaient l'habitude de se retrouver, de manière hebdomadaire pour regarder un film. Il ne savait pas très bien comment il s'était retrouvé à s'incruster dans leur petit rituel mais il ne fit pas de remarque supplémentaire. Aurore était assise dans un fauteuil, alors que Nate tentait de faire fonctionner le lien HDMI sur la télévision pour que l'écran de son ordinateur apparaisse sur l'écran, tandis qu'Emile était aux abonnés absents, ce qui n'était pas pour déplaire à Milan.

Alice s'assit sur le canapé, lorgnant sur le fauteuil où elle avait sûrement ses habitudes. Il lui aurait bien facilité les choses mais il ne se voyait pas sur le canapé coincé entre Emile et Nate, il y avait des limites quand même.

— Bravo pour votre victoire, au fait ! Il paraît que c'était haletant !

Nate semblait vouloir continuer dans ce que Milan appelait « le retournement de veste étrange de Dubois » et il ne s'en plaint pas, il n'était pas en terrain conquis, ici. L'étudiant en médecine ne manqua pas l'échange entre la fratrie Dubois, le sourire moqueur sur les lèvres du frère, et le regard assassin de la part d'Aurore.

— On pensait que tu irais fêter ça avec tes coéquipiers, plutôt ! C'est cool que tu aies pu te libérer pour venir passer la soirée avec nous.

On ne l'avait pas vraiment tenu au courant de ce qui l'attendait ici mais ça n'aurait sans doute pas changé grand-chose. Il savait très bien qu'il préférait passer du temps avec Alice, même si pour cela il devait supporter Emile, plutôt que d'aller se bourrer dans un bar alors qu'il ne pouvait même pas espérer ramener une supportrice dans son lit. Son quotidien et ses aspirations avaient pris un tout autre tournant ces dernières semaines. Ce n'était que maintenant qu'il s'en apercevait réellement. Il n'aurait jamais passé la fin de son samedi après-midi dans un appartement, pour regarder un film. Il aurait été à un before, pour enchaîner sur une soirée et un after. Il aurait dormi tout le dimanche pour récupérer de la cuite de la veille. Ce qui était étonnant c'est que ça ne semblait pas non plus s'inscrire dans le quotidien des deux autres gars présents. Ils devaient certainement jongler entre ce genre de moments et leurs habitudes de fêtard.

— Comment dire non à une soirée film avec les personnes qu'il préfère au monde ?

Il n'aurait sans doute pas tenté une pique aussi provocatrice mais le sarcasme d'Emile faillit le faire sourire. Heureusement pour lui, ce dernier s'installa sur le fauteuil en face d'Aurore, tandis que Nate s'installait à côté du jeune homme. C'était la meilleure option entre les deux, même si ça ne l'aidait pas qu'Emile soit légèrement en biais par rapport à eux, ce qui lui permettait de garder un œil sur Alice. Ce n'était pas comme ça qu'il allait se rapprocher de la jeune fille, ni être moins gêné par la situation. Cependant, quand Aurore alla éteindre la lumière, après avoir appuyé sur le bouton des volets automatiques, Alice se retourna contre lui, l'interrogeant du regard, avant de venir se poser contre lui. Ça lui redonna un peu de confiance, il n'avait pas imaginé le rapprochement, notamment physique, qu'il y avait eu entre eux lors du weekend à Marseille.

Il hésita un instant à passer son bras autour de ses épaules, avant de se dire que ça ferait bien trop enrager Emile et que c'était exactement pour ça qu'il fallait qu'il le fasse. Ce n'était pas la meilleure des raisons mais ça lui donna le courage nécessaire pour le faire. Si les épaules de la jeune fille se tendirent une nanoseconde, elle sembla se répéter un mantra bien à elle pendant quelques instants avant de finalement se détendre dans ses bras.

Leonardo DiCaprio apparut sur l'écran et Milan essaya de se concentrer sur l'intrigue, bien qu'il la connaisse déjà. C'était le genre de films qu'il fallait revoir pour les comprendre pleinement. Ce n'était cependant pas aujourd'hui qu'il découvrirait le secret de cette fin, digne du talent de Christopher Nolan. Il avait bien trop conscience de la peau d'Alice contre la sienne et des éclairs dans les yeux de son frère pour réfléchir au sens de ce film. Il avait contre lui un casse-tête bien plus compliqué, et surtout bien plus réel, à résoudre.

Blue BlurredOù les histoires vivent. Découvrez maintenant