Blue Blurred

15. De l'hydrogène et de l'hélium

NDA : Merci de votre soutien qui ne cesse d'augmenter ! Je suis contente que cette histoire vous plaise ! Et pour vous remercier, je vous poste ce soir 3 chapitres. 

Le portable de Milan était toujours posé par terre, bien que sa charge fût à présent complète. Le message de Nate était resté ouvert mais le jeune étudiant en médecine n'avait pas pris le temps de lui répondre.

A vrai dire, il ne savait pas très bien ce qu'il pourrait lui dire. Il n'était pas le genre à s'attarder sur des personnes qui ne l'appréciaient pas plus que ça. Et il était clair que Nate ne l'aimait pas, malgré son récent retournement de veste. Milan n'avait pas envie de perdre son temps à essayer de convaincre quelqu'un qui ne l'intéressait de toute façon pas.

Et puis, c'était peut-être un traquenard. Il n'était pas naïf, il savait très bien ce qu'il pouvait se passer s'il se rendait à l'appartement du jeune homme. L'étudiant en droit lui avait proposé un terrain d'entente qui était loin d'être neutre. Qui disait qu'il n'allait pas chercher à l'humilier avec des amis à lui, voire pire ?

Milan avait donc préféré s'affaler sur le canapé du salon. La télévision était allumée mais avait vite été reléguée en bruit de fond. Il était en train de comater, malgré l'aspirine qu'il avait prise plus tôt. Un batteur semblait se faire plaisir, comme si c'était le solo de sa vie, juste au niveau de ses tempes. Et c'était loin d'être agréable.

Il devrait pourtant y être habitué, il était dans le même état tous les dimanches. A croire que la frustration, les derniers événements – et sans doute également l'œil au beurre noir qu'il avait à présent – n'arrangeaient en rien son état.

Plusieurs heures passèrent, pendant lesquelles il vit défiler plusieurs émissions de télé-réalité et de magazines de société. Rien de bien intéressant. Pourtant, il ne se décida à se relever du canapé qu'en fin d'après-midi quand Yann, un de ses colocataires et coéquipiers de l'équipe de handball, vint le bousculer légèrement pour qu'il émerge.

- Tu ne dois pas rendre un devoir demain ?

Yann ou la voix de la raison. Milan grogna pour la forme mais se releva pour rejoindre sa chambre. Il se mit à son bureau après avoir pris ses livres et commença à étudier. Son mal de crâne s'était quelque peu apaisé durant l'après-midi, mais l'effort de mémoire anéantit tout le progrès accompli. Il savait bien, pourtant, vendredi après-midi, qu'il aurait dû finir ce devoir. Ce n'était pas comme s'il n'était pas au courant que les conditions n'étaient jamais bonnes le week-end pour s'avancer sur ses études. Il passa donc la soirée dessus, sortant uniquement de sa chambre pour se réchauffer un bout de pizza et se passer de l'eau sur le visage.

Lorsqu'il ferma enfin tous ses livres, il se dirigea immédiatement vers son téléphone qu'il avait délaissé jusque-là et qui avait eu le temps de charger complètement. Il y trouva un nouveau message d'Evan, qui lui demandait si tout allait bien, deux ou trois de filles qu'il avait déjà délaissées, et aucune autre nouvelle.

Il se laissa tomber sur son lit, le portable entre les mains, se divertissant avec le nouveau jeu qu'il avait installé dessus. Il avait besoin de faire une pause, même s'il était déjà minuit. Il n'avait, de toute façon, jamais été un couche-tôt. Alors qu'il cassait des briques, les unes après les autres, une voix s'insinua dans son esprit.

« La réponse. J'attends qu'un jour quelqu'un me réponde le nom légitime de la lune. »

Si Alice venait même le déranger quand elle n'était pas là physiquement, cela devenait grave. Cependant, il ne put s'empêcher de quitter son jeu afin d'ouvrir son navigateur et d'y taper « Lune Wikipédia » dans Google.

Déjà ses yeux parcouraient les quelques lignes de connaissance qui se présentaient à lui : « La Lune est l'unique satellite naturel de la Terre. Suivant la désignation systématique des satellites, la Lune est appelée Terre I ; cependant en pratique cette forme n'est pas utilisée ».

Il n'avait pas eu besoin de lire longtemps avant de trouver la réponse, elle était même dans l'introduction : « Terre I ». Et il ne sut pourquoi, il retint l'appellation. Il ne se voyait pourtant pas aller trouver la jeune fille pour le lui dire. Le moment était passé et c'était évident que ce n'était pas ce qu'elle cherchait.

Il continua cependant sa lecture sur le satellite terrestre. Et une chose en entraînant une autre, il fut bientôt une heure du matin et il était encore sur son téléphone avec plusieurs onglets d'ouverts. Tous contenaient des pages de connaissances scientifiques. Il n'avait jamais été aussi absorbé par des pages d'encyclopédie.

Il eut bien du mal à se réveiller le lendemain. Il n'avait finalement lâché son téléphone qu'à deux heures et demi alors qu'il devait se lever quatre heures plus tard. Il se mit sous la douche froide, espérant que cela l'aiderait à trouver l'énergie de se rendre jusqu'à la faculté.

Cela dut avoir l'effet escompté car, vingt minutes plus tard, il se trouvait dans la rue de la faculté. Il se payait même le luxe d'être en avance. Son portable vibra et un SMS s'afficha à l'écran. Evan.

« Réserve-moi une place si tu es déjà arrivé, je risque d'être un peu en retard. Merci ! »

Il soupira. Evan était en retard constamment, il commençait à avoir l'habitude. Il n'était pas loin de la porte d'entrée de la faculté de médecine lorsque ses yeux s'arrêtèrent sur des cheveux bruns qu'il commençait à bien connaître. Et déjà ses jambes le dirigeaient vers la jeune fille qui se tenait debout devant l'établissement avec d'autres filles. Finalement, ce n'était sans doute pas l'alcool qui contrôlait ses mouvements.

Il se planta à côté d'elle, alors que les filles autour d'Alice commençaient déjà à faire les yeux ronds comprenant que Milan ne venait pas pour elles mais bien pour la jeune fille. Il regarda le ciel et posa la question qu'il avait en tête.

- Qu'est-ce que tu vois ?

Pas de bonjour. Ce n'était pas le genre d'Alice. Et bien qu'il sentît une tension émaner des épaules de la petite sœur d'Emile lorsqu'elle tourna la tête vers lui, quelque peu anxieuse de cette soudaine proximité, elle ne le lui fit cependant pas remarquer. La jeune brune suivit la direction qu'avait pris le regard de Milan, qui pointait sans aucun doute vers le soleil.

- Une étoile de type nain jaune.

La réponse était courte, simple et elle avait été prononcée comme si c'était une évidence. Cependant, Milan comprit rapidement qu'il n'y avait aucune condescendance dans le ton de la jeune fille comme cela pouvait laisser le penser. Surtout, quand elle lui demanda également son avis.

- Et toi ?

- De l'hydrogène et de l'hélium.

Et Milan planta là la jeune fille, un sourire au coin des lèvres. Il savait très bien qu'il avait donné la bonne réponse, même s'il n'y en avait pas de mauvaise et cela suffit à lui faire sa journée. Il pouvait à présent aller en cours l'esprit léger. Il ne s'était pas senti aussi bien depuis qu'il l'avait rencontrée pour la première fois et c'était bon de revenir à un état quelque peu normal.