47. Petit Prince

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N.D.A : Et oui, vous ne rêvez pas, un nouveau chapitre aujourd'hui ! L'attente est tout simplement expliquée par le fait que je n'ai pas écrit depuis décembre. Toujours un peu difficile d'enchaîner avec le Nano (50000 mots d'écrits ce n'est pas rien). Je pensais beaucoup écrire pendant les vacances d'hiver mais je ne sais pas si vous avez remarqué on est toujours très pris pendant les fêtes. Ca a été mon cas, puis ma formation a pris le pas. BREF. Ce chapitre me bloquait aussi, alors que j'ai pas mal du reste écrit. Normalement d'autres chapitres d'ici la fin de semaine.  J'espère que malgré la "routine" de ce chapitre, vous l'aimerez quand même ! 

- On ne te voit quasiment plus.

Raph venait de passer un bras autour de ses épaules, l'haleine sentant déjà le whisky à plein nez. Toute l'équipe avait décidé de passer leur samedi soir chez ce dernier pour fêter leur victoire de l'après-midi qui les propulsait deuxième de la ligue. Le choix avait été vite fait. Raph venait d'emménager dans un nouvel appartement, une invasion de souris ayant précipité son déménagement. Il n'y avait pas meilleure occasion pour fêter sa crémaillère.

Les invitations s'étaient transmises par messages et très rapidement une trentaine de personnes avait envahi le studio. Il n'y avait pratiquement pas assez d'espace pour bouger mais ça ne les empêchait pas de faire la fête.

- Tu exagères, je suis avec vous tous les week-ends.

Et c'était vrai. Il sortait avec eux tous les vendredis et samedis soirs, en plus des entraînements la semaine et des matchs le week-end. Rien n'avait vraiment changé, sinon qu'il restait moins tard et qu'il ne repartait plus avec une fille au bras.

Il avait mis un temps avant d'assumer ce changement, pourtant plus les jours passaient, et plus une routine s'installait. Il allait en cours la journée, puis enchaînait avec soit les entraînements de hand, soit les révisions avec Alice. Il rentrait ensuite chez lui pour se préoccuper de ses propres révisions. Le week-end était réservé aux matchs et aux soirées dans les bars avec ses potes, mais surtout aux rencontres nocturnes avec Alice à parler des astres, de son monde, sans jamais parler ni de ses peurs, ni de son ressenti.

Elle était entrée si facilement dans sa vie, sans qu'il ne puisse y faire grand-chose, il ressentait le besoin de garder un œil sur elle, pourtant, il ne pouvait pas non plus complètement s'abandonner. Ça ne lui ressemblait pas de passer tout son temps libre avec une fille. Il avait l'habitude de faire plein d'activités différentes et de se concentrer sur l'essentiel. Qu'est-ce qui allait en ressortir de tout ça ? Il ne savait même pas si c'était possible qu'ils soient un jour ensemble. C'était son envie, et c'était pour ça qu'il s'était autant approché d'elle ces dernières semaines mais ça ne voulait pas dire qu'il allait réussir à aller plus loin avec elle. Tout dépendait d'Alice.

- Tu sais bien que ce n'est pas pareil. Avant, on passait notre temps à faire des paris sur quelle fille tu allais nous piquer. Il y avait toujours un petit cercle de groupies qui gravitait tout autour de nous. Maintenant, c'est comme si elles avaient compris que ce n'était plus la peine, elles restent en retrait. Emile a récupéré la plupart, si tu veux savoir.

- Pas de ma faute si vous n'arrivez pas à les attirer vous-mêmes.

Milan éclata de rire tout en tapant l'épaule de Raph. C'était beaucoup trop simple de le charrier. Il savait surtout que son pote exagérait les choses, juste histoire d'en rajouter une couche et de pouvoir ramener Emile dans la discussion. Il n'allait pas lui faire le plaisir de réagir à une si petite pique.

- Tu étais quand même le dernier de nous que je voyais casé.

- Je ne suis pas casé.

- A d'autres, Milan. C'est tout comme. Tes plans cul ne te manquent même pas ?

C'était une question difficile. Ce n'était pas précisément ses aventures d'un soir qui lui manquaient mais plus la liberté qui allait avec. Le fait de ne pas avoir à se poser dix milles questions sur ses actes et ses paroles, c'était tout de même appréciable. Il n'avait pas à se préoccuper de la suite, avant. Il n'avait qu'à se soucier de l'instant présent, et ce dernier était uniquement concentré autour du plaisir. Aujourd'hui, il parlait astres, chiffres et physique quantique avec une fille qu'il n'avait même pas embrassée.

Mais ses conquêtes en elles-mêmes ne lui manquaient pas. Il n'aurait pas dit non contre une partie nocturne une fois de temps en temps mais il aurait eu l'impression de trahir Alice, et ce sentiment était encore plus fort que la pulsion qui pouvait le saisir. Alors il préférait rester en retrait, à boire son verre tout en plaisantant avec ses potes et en tâchant de repousser celles qui n'auraient pas encore compris qu'il n'était plus libre.

- Pas vraiment.

- Et donc, tu n'es pas casé ?

Il aurait bien mis un pain à la face hilare de Raph. Mais il n'en fit rien, ce n'était pas souvent que ça arrivait qu'il puisse ainsi se foutre de lui et il voulait bien lui laisser ce petit plaisir quelques secondes de plus.

- Techniquement, non.

- Mec, t'es foutu.

Milan leva son verre vers lui pour lui confirmer cet état de fait. Ce n'était pas comme s'il n'en était pas conscient. Il savait très bien qu'il avait plongé dans le mauvais lac et qu'il ne pouvait, au mieux, que tenter de rester à la surface. Même pas la peine de penser à avancer et à atteindre la berge.

- Au moins tu en as conscience, c'est déjà ça.

Le jeune homme partit seulement trois heures plus tard, prenant la direction du stade à côté de l'immeuble des Jacob. Le concours de sciences n'était plus que dans quatre jours et, même si elle ne le montrait pas, il sentait bien qu'Alice était de plus en plus stressée à l'approche de cette échéance. Et comme si ça ne suffisait pas, le tournoi régional de danse avait lieu le week-end suivant, de quoi transformer la jeune fille en une véritable boule de nerfs. Elle était encore plus difficile à approcher, accepter peu ses remarques et dévier de plus en plus sur les astres. Il avait l'impression d'être revenu des mois en arrière, au moment de leur rencontre. Comme si rien ne s'était passé depuis. Et au fond, c'était peut-être le cas.

Il essayait de ne pas désespérer, pour autant. Il ne cessait de se répéter que ce n'était qu'une phase et qu'une fois que tout cela serait passé, il verrait que ses efforts n'étaient pas vains. Parfois, il avait l'impression d'être le Petit Prince, et non le lapin blanc comme il avait plaisanté au départ. Séduire Alice revenait à apprivoiser un renard.

« Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde.

[...]

Qu'est-ce que signifie « apprivoiser » ? dit le Petit Prince.

C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie « créer des liens... »

Petit Prince, Antoine de SaintExupéry.    

Blue BlurredOù les histoires vivent. Découvrez maintenant