30. Offensive

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N.D.A : Vous êtes incroyables, je ne sais quoi vous dire sinon Merci ♥

Milan aurait préféré se retrouver en face de quelqu'un d'autre, n'importe qui, mais pas lui. Il avait pourtant fait en sorte de l'éviter pendant tout le match. Ce qui, techniquement parlant, était compliqué étant donné qu'ils jouaient tous les deux sur le même terrain d'handball. Il s'était focalisé sur son objectif et il avait tenu le cap jusque-là.

Il s'était contenté de courir, ne prêtant pas attention à l'identité de ses joueurs à ses côtés. Il ne voyait que leurs mains tenant et s'échangeant le ballon, leurs pieds le dépassant, parfois, et leur souffle l'agaçant quand ils se tenaient trop près de lui.

Mais, alors qu'il se plaçait en défense, il avait relevé la tête et avait croisé les yeux de celui chargé de le marquer. Des sept joueurs disponibles, il avait fallu que ce soit celui qui avait invité Alice, la veille, dans les couloirs de la salle omnisport.

Une certaine aigreur le prenait à présent, grandissant dans sa poitrine, et il était certain que ses yeux fusillaient le jeune homme. Ce dernier souriait, comme s'il se foutait de lui. Pourtant, il n'était pas conscient qu'ils se connaissaient, en quelque sorte. Il ne voyait en Milan qu'un adversaire à abattre, un joueur qui ne semblait pas avoir envie de perdre, teigneux à cause de l'opportunité que son équipe avait.

Alors, il se voyait marquer ce point et accroître la colère de l'étudiant en médecine. C'était ce qu'aimait Victor dans le handball, ce sentiment de supériorité que les victoires consécutives lui conféraient.

Cependant, il ne semblait pas s'attendre à ce que Milan prenne la parole, un léger sourire au coin des lèvres, son sang-froid tout retrouvé.

- C'est idiot de perdre ainsi une occasion de petit-déjeuner avec Alice.

En temps normal, il n'aurait pas fait attention à ce que l'adversaire lui aurait dit. Il savait se concentrer sur son match et il n'était pas susceptible. C'était une qualité en sport de compétition. Mais le prénom avait piqué la curiosité du jeune homme. Milan le remarqua et sut qu'il avait atteint son but. Comme quoi la provocation avait du bon.

- Peut-être que je devrais l'inviter ? Après tout, je ne lui ai pas promis de gagner, moi. Elle se contentera sûrement d'un nul.

Le sourire de Victor disparut, il essayait de se calmer, de reprendre ses esprits. Il se savait idiot à ce moment-là mais il n'avait plus que le goal en tête. Il pouvait récupérer le ballon et marquer. Il regarda autour de lui et se démarqua, histoire d'attraper la passe que son coéquipier lui faisait, au loin. Il ne remarqua pas qu'il passa en force, renversant Milan en arrière d'un geste brusque. C'était une action intentionnelle, certes, mais guidée par son inconscient.

L'arbitre siffla la faute. Victor était exclu du jeu pendant deux minutes, autant dire qu'il ne vivrait pas la fin du match. On donna le ballon à Milan pour qu'il se place devant le but adverse, en tête-à-tête avec le gardien. C'était l'opportunité que son équipe attendait.

Le coach en profita pour demander son dernier temps mort. Il avait suivi de loin ce qu'il s'était passé. Il avait vu que quelque chose n'allait pas dans l'échange entre les jeunes hommes. Il voulait donc s'assurer que Milan avait la tête froide, qu'il connaissait l'enjeu et qu'il ne se louperait pas. Les joueurs se rassemblèrent autour de lui alors qu'il prenait rapidement la parole.

- C'est la dernière action. Ce qui est sûr c'est qu'on ne va pas essuyer une défaite, mais l'opportunité, elle est là, juste devant nous et on peut la saisir. C'est une chance inouïe. Milan tu te concentres, tu prends ton temps, tu construis ton attaque et tu nous fais ton meilleur tir. Je sais que tu en es capable.

Milan hocha la tête avant d'aller se placer devant la cage de but alors que l'arbitre sifflait la reprise de jeu. Il prit une grande inspiration, bien conscient que toute la salle retenait son souffle en attendant qu'il marque.

Il avait sa stratégie en tête, il allait tenter un chabala. Le geste consistait à faire sembler d'armer une frappe lourde. C'était sans doute un risque qu'il prenait mais il le sentait bien comme ça. Et il avait besoin d'être en confiance pour faire redescendre la pression. Il commençait le geste avant de casser son poignet et d'envoyer la balle juste au-dessus de la tête du gardien alors en extension.

L'explosion de joie du public lui parvint avant qu'il ne réalise que la balle était entrée dans la cage. C'était certainement le plus beau but de sa courte carrière universitaire mais il n'arrivait pas à exulter. Il commença enfin à comprendre ce qu'il venait de se passer quand Yann sauta sur son dos, heureux comme jamais. Il fêta un instant la victoire avec le reste de l'équipe et le public, c'était l'avantage de jouer à domicile.

Ils retournèrent enfin vers les vestiaires et quand Milan passa à côté de Victor, il se contenta de le dépasser sans faire plus attention à lui. Il n'avait pas besoin de chercher des problèmes. Il allait profiter de la troisième mi-temps pour fêter leur victoire.

Milan était en train de blaguer avec Yann, un peu en arrière tandis que les autres marchaient devant eux, dans la rue. Il chercha son portable pour répondre au texto de sa mère qu'il avait lu dans les vestiaires. Elle avait pris connaissance du score, via internet, et elle le félicitait. C'est à ce moment-là qu'il s'aperçut qu'il avait oublié le smartphone à la salle.

Le jeune homme soupira avant de dire à ses coéquipiers qu'il les retrouverait au bar un peu plus tard. Il se retourna et pressa le pas pour rejoindre la salle. Il allait entrer dans le complexe universitaire quand il entendit des bribes de discussion, un peu plus loin, et une voix qu'il connaissait bien.

- Je suppose que c'est loupé pour notre petit-déjeuner.

Le ton était séducteur et, même s'il ne voyait pas le joueur, Milan se doutait de qui il s'agissait. Il était sans doute proche d'Alice, essayant de la convaincre du contraire.

- En effet. Pas de sortie.

- Tu ne vas tout de même pas me laisser tout seul un dimanche matin dans une partie de Paris que je ne connais pas bien, accablé par cette défaite ?

- Tu peux toujours passer à la maison avec des croissants.

Il n'en fallut pas plus pour que Milan claque la porte d'entrée du bâtiment quand il entendit la nouvelle. Il ne voulait pas avouer qu'il était affecté par cet échange. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de se répéter la phrase qu'il venait d'entendre : « Tu peux toujours passer à la maison avec des croissants ». La voix d'Alice était monotone, comme d'habitude. Elle n'avait exprimé aucune émotion mais cela avait semblé si facile.

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Blue BlurredOù les histoires vivent. Découvrez maintenant