NDA : Merci pour votre soutien toujours plus grand ! Voilà le chapitre 20 :)
Milan stoppa tout mouvement quand il vit Alice s'approcher de lui. Son esprit lui criait de prendre la direction opposée, de la laisser ici. D'arrêter immédiatement cette mascarade. Il avait réussi à ne pas la connaître jusqu'ici, il ne voyait vraiment pas pourquoi elle ne cessait d'apparaître à présent.
Mais, en même temps, le jeune homme était plein de contradictions. Et il n'avait pas vraiment envie d'obéir à Emile. Il ne voulait pas lui donner cette satisfaction. Il était donc en plein dilemme, vivant un réel débat avec lui-même. Cela laissa le temps à Alice de parcourir les quelques mètres qui les séparaient. C'était une aubaine pour la jeune fille que le couloir soit désert mais Milan devinait que ce n'était pas un hasard. Quand on détestait autant se faire toucher, on cherchait sans doute à éviter les grandes foules.
Et Milan se laissa faire quand Alice leva sa main vers son visage et qu'elle se contenta de caresser l'air devant ses lèvres. Elle ne le toucha pas, mais ça ne l'étonnait pas. Il se rappelait alors la première mise en garde qu'il avait eu concernant la jeune fille. Cela venait d'Aurore : « Alice est différente ». Et Alice l'était, définitivement. Est-ce que c'était pour cela qu'il revenait toujours à elle ? Qu'il n'était pas capable de se contrôler ? Etait-ce pour cela qu'il ne voyait plus la surface, et qu'il se noyait encore et encore ?
- La provocation n'est pas vraiment le moyen de se mettre mon frère dans la poche.
Il ne savait pas comment elle était au courant. Il était certain qu'elle n'avait pas assisté à la scène qui venait de se dérouler. Elle n'était pas le genre à apprécier une bagarre. Mais, pourtant, elle savait. Et Milan ne trouvait même pas étrange de se faire la réflexion que c'était tout à faire normal, parce que c'était Alice, et qu'Alice semblait tout connaître.
- Je ne cherchais pas vraiment à m'en faire un ami.
- C'est évident.
Elle ne quittait pas ses lèvres des yeux, et ça aurait dû le gêner. Mais il n'y avait rien d'ambigu dans cette observation. Alice était en train de réfléchir, et Milan ne pouvait même pas s'imaginer ce qui se passait dans son esprit. Elle semblait fonctionner de manière tellement différente qu'il était totalement impossible pour le jeune homme de prédire ce qui se passerait ensuite.
- Emile n'est pas tendre. Mais il le fait pour mon bien.
Il n'y avait aucune émotion dans la voix de la jeune fille et, un instant, Milan vit son regard se perdre sur le côté. Cela la gênait et, pourtant, elle ne réagissait pas aussi violemment qu'il s'y serait attendu.
L'autre soir, sous la lune, elle lui avait pourtant fait clairement comprendre qu'elle n'aimait pas qu'on la surprotège, que tout le monde sans exception le faisait et que cela la dérangeait. Mais il était clair qu'Emile avait un traitement de faveur. Sans doute que c'était dû aux liens familiaux qui les unissaient. Et c'est pour cela que Milan ne répondit rien. Alice semblait vouloir parler, et c'était assez rare pour qu'il la laisse poursuivre.
- Tu devrais t'essayer aux listes, tu sais. Elles ont leur utilité.
Milan voulut éclater de rire mais il se retint au regard que lui lança Alice. Ok, elle n'était vraiment pas en train de plaisanter. Il fallait qu'elle lui explique comment elle pouvait être drôle sans même faire exprès. Car il était certain, à présent, qu'Alice ne connaissait et surtout ne comprenait pas l'humour.
A chaque fois qu'il riait, elle lui lançait le même regard intrigué, comme si elle cherchait à saisir ce qui venait de se passer, ne saisissant pas qu'elle en était la cause. Il pouvait presque voir les rouages de son cerveau fonctionner à plein régime pour lui donner la réponse à toutes ses questions, mais il ne semblait pas assez puissant pour y arriver. Milan se contenta donc de tousser légèrement avant de se reprendre.
- Je ne vois pas en quoi les listes auraient empêché ton frère de me tabasser.
- Si tu avais écrit en première tâche prioritaire : « oubliez la provocation », et que tu l'avais coché, tu n'en serais certainement pas là.
- Tu oublies quelque chose, Alice. J'en suis là parce que TON frère a décidé de passer ses nerfs sur moi, pas le contraire. La provocation n'était qu'une réaction défensive. L'offensive était clairement dans l'autre camp.
Alice se mordit légèrement la lèvre inférieure. Il allait trop loin et il était au courant. Il la bousculait dans ses petites habitudes bien établies. Et il avait déjà assisté à comment elle pouvait remettre en place quelqu'un, par des petites piques, sans même en avoir réellement conscience. Alice ne réagissait pas par l'émotion, pas comme lui.
Il était certes loin d'être facilement affecté mais il ne se mentait pas. S'il utilisait la provocation c'était avant tout pour se protéger de ses propres émotions. Alice, quant à elle, ne semblait pas ressentir ce genre d'émotions. Il n'était même pas sûr qu'elle soit en mesure d'avoir des sentiments. Et ce qu'elle lui répondit ne fit que confirmer son hypothèse.
- J'ai cours de physique quantique. Tu peux venir, si ça t'intéresse. Le professeur ne fait pas vraiment attention aux présents, tant qu'ils l'écoutent.
L'heure du déjeuner était déjà bien entamée. Milan aurait déjà dû avoir fini son repas, au restaurant universitaire, s'il n'avait pas fui son meilleur ami en première instant. Il était plutôt bien amoché, Emile n'y était pas allé de main morte. Il voulait certainement que le message qu'il cherchait à faire passer soit compris.
Milan avait un cours cet après-midi, mais il ne comptait de toute façon pas s'y rendre, pas dans cet état. Et de toute façon, il voulait éviter Evan pour le reste de la journée. Il n'était pas prêt à l'interrogatoire en règle que son meilleur ami lui préparait sans doute, et cela empirerait sans doute après que ce dernier ait entendu les rumeurs sur ce qu'il venait de se passer. Il imaginait déjà l'inquiétude qui habiterait les pupilles du jeune homme et il ne voulait pas vraiment assister à cela. Il voulait juste rentrer chez lui, prendre une douche et faire une sieste.
Et pourtant, contre toute attente, il se contenta de hocher la tête et de suivre la jeune fille qui avait ses livres sur le sujet contre sa poitrine. Il n'avait même pas remarqué ce détail, et il commençait à réaliser qu'il n'avait fait que fixer les lèvres rouges de la jeune fille. N'importe quelle autre personne le lui aurait fait remarquer d'une manière ou d'une autre sa fixation, mais Alice était restée complètement impassible.
- Tiens, je te conseille de lire l'introduction avant qu'on n'atteigne la salle de cours.
Elle lui tendit un petit livre sur la physique quantique, comme si c'était quelque chose de tout à fait normal. Finalement, peut-être que la tête de Milan avait frappé un peu trop fort le mur et qu'il était en train d'halluciner. Rien ne lui disait qu'il n'était pas, en réalité, allongé sur le lit de l'infirmerie après qu'Emile lui ait mis une bonne raclée. Rien, à part le parfum un peu trop réel d'Alice qui flottait dans l'air.
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Blue Blurred
RomanceAlice est une fille à part, détestée des trois quarts des personnes qu'elle connaît. Milan est un coureur de jupons, une fille différente chaque samedi soir. Tous les clichés commencent comme cela. Et pourtant, c'est leur histoire.