6. Symptômes et effets
J'observais Son Altesse une courte seconde en prenant soin de m'incliner. Elle avait perdu un peu de sa superbe. Ses cheveux étaient moins ordonnés qu'à l'ordinaire, ses yeux plus figés et brillants aussi. Ils lui conféraient encore un peu plus cet air inquiétant que nous avions tous lorsque nous étions en chasse. Sa robe d'un noir profond semblait humide sur le bas et malgré elle ses mains tremblaient d'une drôle de façon.
J'ignorais que Son Altesse avait le pouvoir d'apparaître à sa guise mais cela ne m'étonnais pas, personne ne connaissait toute l'étendu de ses facultés.
Elle se leva moins majestueusement qu'à l'accoutumé, des cernes apparaissant sur sa peau d'albâtre pour regarder ses enfants avec amour.
-Mère, Léanadora est...
-Je sais Lorenzo. J'étais présente lorsque c'est arrivé et je n'ai rien pu faire pour l'en empêcher.
Une douleur indicible se peignit sur son visage sans qu'elle ne puisse la cacher. La douleur et la détresse. Puis elle repris :
-Mais crois moi Élisabeth le paiera, susurra-t-elle une moue cruelle sur les lèvres.
A cet instant elle me donna froid dans le dos, Eugénie n'était plus rien d'autre que cet être sans âme et sans émotion que les contes décrivaient.
Puis d'un seul coup son souffle devint plus haletant et j'aurais juré la voir vaciller une courte seconde. Visiblement notre souveraine n'allait pas bien.
-Mère ! s'exclama Lluri en se précipitant vers elle.
-Ce n'est rien, je vais aller m'étendre un petit moment.
-Veuillez m'excuser Votre Majesté mais vous semblez assoiffée, murmura Angela en s'avançant.
L'intéressée posa sur elle un regard plein de gratitude et de bienveillance, et je me demandais ce qui avait bien pu se passer au château de Báthory pour que le regard d'Eugénie sur mon amie change à ce point.
-Je pense qu'avec ce que nous avons partagé toutes les deux tu peux te permettre ce genre de remarque, ma chère. Mais n'en abuse pas, je craints que mes sujets prennent ce rapprochement entre nous comme de la faiblesse de ma part, hors comme vous le savez tous une reine ne peut être faible.
-Bien Votre Altesse.
-Mais tu as raison, soupira Eugénie. Voilà bien longtemps que je n'ai pas senti la soif me tenailler de la sorte.
-Je fais venir de ce pas des donneurs, murmurais-je.
-C'est inutile Nolan, je me suis nourris en regagnant le château et hélas mon organisme réclame un sang plus...concentré. Les pauvres bougres que j'ai dépossédé de leurs vies n'auront aucunement apaisé mon mal.
-Je crois deviner ce qu'il vous faut, chuchota Angela.
-Angelénia ! s'exclama Lorenzo. Tu avais promis de ne plus t'insinuer dans l'esprit de...
-Je ne l'ai pas lu dans votre esprit je vous assure, se dépêcha-t-elle de préciser. C'est que cela me semble logique étant donné votre nature d'immortelle originelle.
-De quoi avez-vous besoin mère ? Nous vous le procurons sur le champ, dit Léo.
Un étrange sourire à la fois ironique et dépité naquit sur la bouche d'Eugénie.
-Et bien, je pensais pouvoir vous dissimuler cela mais soit, il me faut du sang de vampire. La vérité, aussi triste soit-elle, est que même si la nécessité de boire du sang humain est plus qu'omniprésente dans mon existence, celle de boire du sang d'immortels l'est également. Certes cela se fait sentir qu'en de très rares occasions mais néanmoins il m'arrive d'en éprouver le besoin.
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La Larme de Sang tome 8 L'affrontement
FantasyJude n'est plus et mon son époux je me retrouve seul face à Elisabeth et mon chagrin.Et si la Rose cachait encore des secrets ? Si revenir de cette dernière avait un coût ? Si Jude ne revenait pas ?