9.

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Le mastoc coup d'horloge qui trembla subitement contre l'air ne fit qu'accentuer la lourdeur de mon cœur, plaçant ce dernier sur le chemin d'une névrose hyperbolique. Treize heures sonnait alors que nous descendions tous trois du bus.

Après que le boxeur eût vite quitté les toilettes, je m'étais directement élancée dans le côté garçon de la piscine afin de retrouver Julia et Rafaël. Je les avais alors pressés pour sortir, ne voulant pas faire s'écouler une seule minute, ayant parfaitement conscience qu'il était déjà en route vers la Zone dans l'optique de me gâcher la vie.

Malheureusement, et comme Dieu ne pouvait s'empêcher de rendre ridicule chacune de mes situations, Rafaël avait du s'arrêter en chemin pour acheter je ne savais quoi à sa mère, me faisant alors perdre égoïstement de précieuses secondes. J'avais du patienter à contre-coeur, ne voulant guère éveiller des doutes.

Et maintenant, par fait que nous nous rapprochions désormais de la Zone, je me sentais de plus en plus tendre vers une extrême fébrilité. J'imaginais déjà Maria m'attendre, au bord des larmes, et ma mère annonçant qu'elle comptait m'envoyer dès le lendemain dans une église afin me remettre dans le droit chemin.

N'avait-il qu'une parole ? Allait-il réellement faire preuve de puérilité en répondant ainsi à ma colère ?

Non...

Plongée, presque noyée au trognon de pensées, je me désintégrais bien vite de la réalité, me laissant engloutir par mes approbations.

— Allyah !

Sans même que je m'y sois attendue, je sentis violemment la main de Rafaël s'abattre contre mon poitrail, me stoppant dans ma démarche, tandis que de puissants Klaxons se faisaient entendre.

— Qu'est-ce qu'il ne va pas chez toi ? Tu as failli traverser alors qu'une voiture arrivait ! À quoi tu penses ? , me demanda t-il d'une voix jasante tout en baissant le ton sur sa dernière phrase.

Je jetais une oeillade devers Julia qui tenait sa main, tout en dégustant sa sucette et en me zieutant de ses grands yeux.

Ah, bon sang...si j'étais dans la capacité de me mettre inconsciemment en péril rien qu'en pensant à ce boxeur , alors peut-être avait-il raison.

Il allait me tuer.

— Rien, je...Je me demandais juste ce que j'allais faire à manger ce soir, répondis-je rapidement, en ne manquant pas d'esquisser un petit sourire papelard afin d'approfondir mon affirmation.

Candide comme il fut, il lâcha simplement un marmonnent inaudible avant de mettre son bras sur mon épaule pour nous faire traverser. Perturbée par ce geste, j'essayais tout de même de lui faire accélérer le pas. Cet homme était bien trop lent par rapport à la rotation de l'existence.

Lorsque nous fumes arrivés près de la pente de la Zone, je m'éloignais de lui avant de réclamer à Julia d'un ton involontairement froid de revenir vers moi, ce qui le fit immédiatement froncer les sourcils.

— Vous rentrez maintenant ?

— Oui, déclarais-je, pressée. J'ai une tonne de choses à faire.

— J'vous accompagne. Je compte au moins aller dire bonjour à ta mère et à ta...

— Non ! , le coupais-je à bride abattue, le tout accompagné d'un regard exorbité. Surtout pas !

Il était hors de question voire même inimaginable qu'il pose ne serait-ce qu'un orteil dans ma cabane tant que la menace du boxeur était encore fraîche. Je ne savais absolument pas ce que dernier pouvait avoir fait. Peut-être était-il en train de discuter calmement de mes activités à ma famille ou peut-être l'avait-il même déjà fait...

Mille coups d'Amour [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant