27.

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Finalement arrivés à l'entrepôt depuis peu, je jetais le pauvre vélo contre les poubelles, effrayant des chats et autres bestioles qui déguerpissèrent in extremis.

La ruelle était toujours aussi vide et sombre, même pas un peu lunueuse, et le brouillard devenu maintenant épais accentuait cet effet angoissant. Je ne m'attardais pas et suivis vite Lorenzo qui avait déjà claqué la porte sans même m'attendre.

Une fois de plus, je voulais dormir ici. Je n'avais pas l'envie de rejoindre l'ambiance funeste de la Zone. Si je voulais m'en remettre quelque peu, de toute évidence, il fallait que je m'en tienne éloignée.

Juste le temps d'une nuit.

Et puis...aussi étrange que cela pouvait paraître, après tout ce qu'il s'était passé ce soir, j'avais envie de rester avec mon entraîneur. Il n'avait certainement plus besoin d'aide désormais, seulement du repos mais...non. Je me sentais mal rien qu'à l'idée qu'il soit seul avec son frère.

Je laissais la porte se refermer doucement derrière moi et fit face au silence du hall, au sein duquel seul les sons de pas du petit Pedro qui tournait autour du sac de boxe résonnaient. Après l'avoir longuement observé, je m'approchais lentement de lui alors qu'il caressait de sa menue paume le sac.

— Pedro...tu te sens mieux ? , lui demandais-je une fois à ses côtés.

Il releva son regard et je remarquais instantanément qu'il n'allait pas tarder à chialer sur place. Mon cœur s'effrita face à cette vue. Je m'accroupissais devant lui et tentais de poser tendrement mes mains sur ses épaules.

— Pourquoi est-ce que tu pleures ? , continuais-je en le fixant alors qu'il sanglotait à présent, passant d'un geste maladroit son avant-bras contre ses yeux.

Tremblant de tout son long, il avait aussi une foutre difficulté à respirer en raison de ses larmes qui l'étranglaient. Inquiète, je regardais rapidement par dessus mon épaule afin de voir si son frère ne se trouvait pas dans les parages mais me résignais assez vite. Qu'en avait-il à faire de toute manière ? Il n'allait certainement pas le prendre dans ses bras et le consoler.

D'un geste, je relevais posément sa bouille à l'aide de mon index et essuyais ses joues luisantes.

— Dis moi pourquoi.

— Parce que...par...ce que...j'ai...

Il se moucha à l'aide de son haut.

— P...pe...peur..., avoua t-il.

Malgré le fait qu'il n'était encore qu'un enfant de huit ans, je ne pus m'empêcher de me demander s'il allait plus tard être doté du même comportement désinvolte, négligeable et imperméable de son grand frère. Ils n'étaient censés faire qu'un et pourtant ils étaient pour le moment tellement différents...Je mis cela sur le compte de l'innocence et la sensibilité qui caractérisait un chérubin. D'ici trois ans, peut-être mes doutes allaient se confirmer.

— Tu n'as plus à avoir peur, tu sais. Tout est fini maintenant, le rassurais-je.

— Non...c'est...c'est pas f...fini. J'ai plus de m...mai...son...

Parce qu'au fur et à mesure des secondes qui passaient il n'avait cessé d'écraser au sens figuré mon cœur, j'en vins à le prendre doucement par la taille et à le ramener contre moi afin qu'il le compresse au sens propre. Il me peinait tant...

— Si regarde, Lorenzo t'a trouvé une nouvelle maison, c'est ici maintenant, fis-je, car c'était ce qui me paraissait le plus plausible sur l'instant.

— Non...j'veux...je veux retourner là-bas...il y...il y avait tout le monde...

— Tu pourras retourner à la Zone quand tu veux. Moi et Julia, on sera toujours là pour t'accueillir !

Mille coups d'Amour [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant