20.

1.1K 108 1
                                    


— Bon Dieu, mais nous ne vous avons rien fait! Pourquoi vous attaquez vous toujours aux plus faibles ?  Vous n'êtes jamais ici quand les petits meurent de faim mais vous venez pour nous surveiller ?!

La mère de Rafaël se trouvait être à vociférer contre un flic qui prenait un malin plaisir à l'ignorer. Plusieurs policiers marchaient entre les habitations, ne manquant pour la plupart aucunement de nous fixer avec dédain. Cela faisait maintenant plus d'une heure que j'étais revenue de la compétition de boxe et ils se trouvaient toujours ici, à rôder en compagnie de leur lampes torches, à écraser de leurs grosses chaussures poisseuses les petites constructions de terre des enfants ou le peu de végétation qui osait pousser, sans que nous en sussions la raison.

— Quelle humanité ! Dieu voit tout, Dieu est témoin ! Vous verrez ! Vous devrez rendre des comptes!, continua t-elle en tapant contre son torse.

L'un de ses fils, embêté par sa violence, la fit reculer et rentrer à l'intérieur de leur cabane sous les yeux sidérés de la moitié de nos voisins. Il n'y avait pas de problèmes à la Zone, tout le monde se tenait droit, principalement par respect pour les familles. Mais la situation allait vite situation s'envenimer s'ils restaient ici. Le sang de nombre de personnes ici était ardent et leur fierté n'aimait pas qu'on empiète sans argument sur leur terrain.

— Ally ?

À l'entente de ce douillet timbre de voix, je jetais un coup d'œil par dessus mon épaule alors que j'étais assise sur le perron de ma cabane. Je croisais le regard vanné de Julia. Sa chevelure d'habitude soyeuse était en pagaille, ses vêtements étaient souillés et une petite bougie ornait le creux de sa paume.

— Viens là, lui dis-je en la ramenant contre moi et en la faisant s'asseoir sur mes genoux.

Elle se laissa aller contre ma poitrine, mussant sa margoulette contre cette dernière. Sa pâleur diminuait mais elle restait toujours aussi faible. L'épicière de la Zone, la grand mère de Janaina, lui avait concocté une recette miraculeuse qui l'avait aidé à se remettre sur pied et je lui en étais très reconnaissante. Cette femme était une vraie séraphine.

— C'est qui tous ces gens ?, me demanda t-elle.

— Des méchants. Ne leur parle surtout pas.

— Pourquoi ils sont là alors ?

— Je ne sais pas Julia. Je ne sais pas, soupirais-je.

Je relevais les yeux et m'attardais quelques instants sur le grand bâtiment surplombant la Zone, au sein duquel Lorenzo habitait. Après avoir aperçu les flics, nous avions courus pour aller voir ce qu'il se passait. Puis je ne l'avais plus revu après.

Il s'était envolé, frappé par la surprise de cette nouveauté. Je n'avais aucune idée de ce qu'il pouvait bien faire en cet instant, mais il avait l'air d'avoir été tant perturbé, si perturbé que son état n'avait cessé de susciter mon attention depuis notre divergence.

— Oh qu'elle est belle ! C'est votre fille ?

Ces paroles m'arrachèrent de mes songes. Le regard d'une policière fondait sur nous. Sans même ressentir de la gêne, elle nous aveuglait des nitescences de sa lampe torche ; et ses lèvres étaient bien trop étirées pour que son sourire eût paru sincère.

— Pardon ?, grimaçais-je.

— Vous vous ressemblez tellement ! Telle mère telle fille comme on dit.

Je pris quelques secondes à la toiser, dérangée par ses propos. Faisait-elle semblant d'être bête ?

— Mais...mais c'est ma sœur ! J'ai que dix-huit ans, ça s'voit pourtant, non ?

Mille coups d'Amour [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant