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Musique conseillée :
Lana Del Rey - Born to Die

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Allyah

Parce qu'il y avait des gestes qui paraissaient indubitablement francs, parce qu'il y avait des regards qui ne trompaient pas, parce qu'il y avait des souffles qui ne mentaient pas et parce qu'il y avait des mots recouverts de sincérité, nous ne pouvions jamais deviner que nous étions après l'addition de toutes ces composantes dans une incroyable illusion, dans une fausseté complète.

Comment pouvait-on paraître sincère sans l'être à la fois ? Comment pouvait-on paraître si attaché et désintéressé  à la fois ?
Comment ces personnes qui vivaient constamment dans le mensonge arrivaient-elles à simuler ainsi ? Comment arrivaient-elles à aussi bien faire semblant ? Comment ? Comment bordel ?

Fallait-il réellement que l'on doute de tout, d'absolument tout ? Ne pouvait-on jamais être sûr à cent pour cent d'une chose ? Tout était donc bel et bien éternellement incertain ? Mais n'était-ce pas nuisible de constamment douter de l'intégralité ?

Le paysage autour de moi brûlait comme mon intérieur. L'orage, la foudre, la pluie, un tsunami, tout ce qui relevait des catastrophes naturelles venait s'abattre contre moi et me frapper sans jamais se lasser. Je ne voyais qu'un mélange de noir et de rouge, de gris et d'orange qui venaient se mélanger dans mes yeux et faire tournoyer mon esprit.

Le sol grondait sous mes pieds tandis que le ciel éclatait au dessus de moi. Je n'avais plus aucune emprise sur moi-même, je me sentais décalée, spectatrice de l'état dans lequel je me trouvais. Mes vêtements classiques que j'avais renfiler grattaient ma peau qui avait faite une chute thermique colossale, au point de me rendre malade.

Malade de haine, malade de rage, malade d'affliction.

Mes sanglots étaient incroyablement bruyants, j'étais dans l'obligation de les partager honteusement avec le peu de personnes que je croisais. Sautant par dessus les barrières et traversant sans vérifier, courant jusqu'à plus souffle et profondément crevée, je ne m'arrêtais jamais dans ma course, voulant m'éloigner de cet enfer. Mais j'avais cette maudite impression que plus je tentais de quitter ce terrain et plus les démons me poursuivaient, sans relâche. Ce fut comme si j'étais reliée à eux à cause d'un élastique qui me faisait toujours revenir en arrière sans que je ne m'en rende compte.

Mes deux avant-bras étaient trempés des larmes que je ne cessais d'essuyer sur eux. J'avais chaud, j'avais froid, j'étais fiévreuse et je baignais dans l'hypothermie. Mon âme enflée d'un virulent chagrin allait se scinder face à tant de malheur.

Mes joues étaient gonflées de mots tous plus barbares et rustres les uns des autres. Je me retenais férocement, sauvagement de ne pas faire éclater tout ce que je voulais dire, ma haine était si puissante en cet instant qu'elle aurait pu être capable de faire trembler la terre entière.

Mais je ne pus me retenir plus longtemps lorsque j'en vins presque à m'étouffer avec mes propres pensées. Ma langue parsemée de spasmes était au bord de l'éclatement.

Mes yeux embués d'eau se relevèrent grâce à une force qui ne venait pas de moi jusqu'aux étoiles que je percevais floues et tremblantes.

— Pourquoi..., jappais-je faiblement. Pourquoi ? Pourquoi ?

Tel un automatisme en déraillement, je ne cessais de répéter ce mot, ces huit lettres qui constituaient une immense partie de ma personnalité et de mon existence. Même si je ne recevais jamais de réponses et que ces questions rhétoriques me convenaient, j'aimais me poser des questions, idiotes, existentielles, dangereuses, logiques, questionner ce monde et cette mysticité qui m'entouraient me rassurais, aussi bien étrange que cela pouvait paraître.

Mille coups d'Amour [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant