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Musique en média conseillée  pendant tout le chapitre

La dernière fois que je m'étais rendue à des funérailles avait eu lieu quatre ans auparavant, pour mon père. Tout m'avait traumatisée à l'époque, tout m'avait effrayé, tout m'avait donné la certitude que jamais plus je ne me rendrais au sein d'un tel truc. Les pleurs, les murmures brisés, l'ambiance funeste, j'avais détestée tout ça.

Profondément.

Mais il avait été décrété que celles de L'épicière et des autres personnes ayant succombées à l'explosion se tiendraient dans environ deux semaines à l'église de la ville. Elles auraient pu se dérouler dès demain, seulement, il fallait récolter un peu d'argent pour la cérémonie. Personne n'avait revu Janaina, et de toute manière, ce n'était pas à elle de gérer une telle chose.

Un souffle las me quitta alors que je me trouvais dans ma cabane, en la seule compagnie de ma génitrice qui essayait de s'occuper et d'oublier comme elle le pouvait. Comme d'hab, elle recousait un petit tissu afin d'entraîner son autonomie et sa capacité à se repérer et à être en symbiose avec ses gestes.

Maria et Julia se trouvaient dehors, observant sans nul doute les hommes de la Zone qui s'affairaient encore et toujours à retirer les débris, et remettre sur pied ce qui avait été démoli. Nous avions tous été foutrement touchés lorsque des personnes de diverses favelas de la ville étaient venus proposer leur aide...

Faire basculer mon bracelet autour de mon poignet m'agaçait de plus en plus. Ah...Encore un soupir.

En cet instant, ça fut clair : j'étais pas faite pour rester enfermée entre quatre cloisons, si ce n'était à l'entrepôt. J'avais déjà, à l'aube, amenée de quoi nourrir ma mère et mes sœurs , après avoir proposé de l'aide à diverses enseignes qui se préparaient pour l'ouverture.

Bien sûr, j'avais très bien préparée mon coup, et avais choisis les magasins qui se trouvaient près de la Zone : obligatoirement, ils avaient pris connaissance du drame qui avait eu lieu et n'allaient donc rien pouvoir me refuser, avec mes vêtements salopés et ma face meurtrie.

Les marchands avaient volontiers acceptés, cependant, ils n'étaient pas dupes, mais malgré ça, mes intentions ne furent pas vaines. J'étais alors retournée à la Zone, un sachet de pain frais dans les mains et une bouteille de jus dans l'autre, la gueule barbouillée de griserie.

Faire usage de la pitié d'autrui n'était pas ce que je convoitais le plus mais un tel acte se trouvait être parfois nécessaire pour sa propre survie...

J'avais tout servi à ma famille en prenant bien usage de cette technique de repoussoir, puis m'étais rangée dans un coin, les observant simplement nourrir leurs esprits. Maria avait longuement hésitée mais s'était finalement laissée aller.

Ces derniers temps, je n'avais plus vraiment faim. Quelque chose bloquait mon estomac et le nouait d'un fort ruban épineux. Je maigrissais à vue d'œil mais, entre nous, je m'en cirais. Tant que mon âme restait intacte, tout allait bien dans le meilleur des mondes.

Plus d'une semaine était passé depuis l'explosion, et chaque jour qui s'envolait, je me sentais un peu plus découragée. Mes recherches en ce qui concernait ce gus dont je voulais le sang n'avançaient en rien et ce depuis bien des années. De sus, l'atmosphère qui m'encerclait était toujours aussi cafardeuse, la boxe était en pause et surtout...je repensais deux fois plus à mon père depuis que la mort m'avait envoyée un baiser.

Comment aller mieux ? Si je rejoignais à tout ce bordel le fait que je ne me reconnaissais plus vraiment, et que je sonnais désormais presque comme une étrangère à mes prunelles...

Mille coups d'Amour [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant