31.

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J-2 avant les funérailles


— À ton tour Allyah. Viens là.

Je n'avais guère l'envie de m'avancer jusqu'à Louisa qui m'attendait patiemment à l'autre bout de la cabane. Seulement, je n'eus pas d'autres choix lorsque les mains de mes sœurs me poussèrent brusquement jusqu'à elle.

Un autre grognement m'échappa alors qu'elle s'empara de mon poignet tout en me jetant un sourire menu.

— Je sais que ce n'est pas ton genre, ma belle. Mais s'il te plaît, fais le pour nous...

Mon regard s'accrocha au sien. Très vite, je remarquais que ses yeux étaient encore boursouflés de larmes. Elle avait une grande difficulté à se remettre de l'explosion, et digérait encore moins la mort de L'épicière. Compréhensible. Ils étaient tous en plein préparatifs des funérailles. C'était impossible de ne pas y penser.

— Ne fais pas ta tête, je t'en prie, c'est déjà assez dur comme ça..., continua t-elle d'un ton sinistre.

Je n'arrivais absolument pas à discerner la couleur de ses iris tant ils avaient été déformés par les sanglots.

— C'est bon, soupirais-je. Désolé.

Elle hocha lentement la tête avant de prendre entre ses fines mains la troisième robe noire qu'elle avait cousue. D'un geste tremblant, elle me la tendit, et, indécise comme je fus, j'observais cette dernière durant un grand temps.

Ma volonté d'aller à ces funérailles couvrait tous les chiffres en dessous de ce misérable zéro. Enfiler un pauvre vêtement noir et prier dans l'église ? Pas pour moi. D'ailleurs, je ne m'étais pas rendue au sein de ce lieu sacré depuis des millions d'années.

Pourtant, encore, je n'avais pas le choix...Je devais y aller. Trop de monde comptait sur ma présence, ma mère et Rafaël grandement plus. Ma génitrice dans l'espoir de me mettre dans le droit chemin et mon ami pour soutenir Janaina. Et peut-être lui dans le même temps.

Je finis par prendre le vêtement entre mes paumes puis me rendis derrière Louisa afin de me changer. Ma petite sœur ne cessait de tourner sur elle-même, foutrement fière d'avoir une nouvelle fringue qui plus est était une robe. La pauvre ne comprenait pas vraiment le contexte de ce bout de tissu. Et Maria, elle, ne cessait pas de me zieuter d'un air qui m'intriguait. Contrairement à moi, elle avait plutôt hâte d'aller à l'église.

— Merde, quoi..., chuchotais-je alors qu'après avoir retiré mon pantalon et mon t-shirt, je passais la robe en cotonnade par dessus ma tête.

La matière me dérangeait, la forme me dérangeait, absolument tout dans cette robe m'agaçait.

Puis tous les regards se tournèrent devers moi lorsque je laissais enfin tomber désagréablement le bas de ce vêtement le long de mes jambes. Elle me serrait légèrement la taille, s'arrêtait un peu au dessus de mes chevilles et arborait des manches longues qui serraient - étranglaient - mes poignets. Mes doigts galopèrent jusqu'au col ; celui-ci était en V. Grand V, à l'instar de mon désir de m'enfuir à cette vitesse.

J'étais mal à l'aise dedans. Elle n'épousait pas ma personne, malgré le grand talent de Louisa. Ca ne m'allait pas.

— Tu es magnifique Allyah, s'exclama cette dernière lorsque je relevais les yeux vers elle.

Julia, derrière, acquiesça vivement. Je leur offris en guise de réponse un simple sourire forcé.

— Je pense que je vais te créer bien plus de robes. L'élégance te va tellement bien...

Mille coups d'Amour [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant