Une seconde. Deux secondes. Trois secondes. Une minute, une journée, une année, une éternité. Condamnés à perpétuité à voler dans la vacuité, à respirer à l'envers, à sentir son coeur se remplir d'air et se vider dans une perpétuelle continuité. Damnés à subir ces sanctions à tout jamais.Tel était, comme je l'avais pensé, le dernier châtiment que j'allais recevoir de la divinité avant que mon âme ne s'éclipse à travers les fumées de cet accident. Cela aurait été une belle fin, crever à travers les étincelles mécaniques créées à partir d'alcool et de frénésie.
Mais, d'après ce que je pus remarquer quand le véhicule eût terminer son épatante dégringolade, j'étais encore vivante. À demi usée, certes, mais il avait été apparemment décidé que mon aventure humaine ne s'arrêterait pas ici. Dieu me sauvait encore pour que je puisse connaitre tous les recoins de l'abysse de la souffrance, à mon plus grand regret.
Et alors que je me mis à imaginer ce qu'il pouvait y avoir de bien plus pire que la traîtrise, l'abandon familial, le coeur brisé et un accident, l'infernal bruit cessa subitement et les vitres qui se brisaient une à une sonnèrent la note de fin de leur chorale.
Il me fallut un long temps pour oser rouvrir les yeux. Mais l'audace d'exécuter cet acte mit un temps épatant à arriver.
Scotchée contre le sol et agrafée à ce corps pommelé de douleurs qui me serrait comme le ying étreignait son yang, je n'osais même plus se faire entendre mon souffle par peur bleue de nous refaire chuter bien plus.Tout en nous était figé, mise à part ces battements de coeur symétriquement intempestifs qui nous servaient de décompte. Une onomatopée cardiaque était égale à un pas de plus vers la vie ou la mort.
Et quand je les eus comptés jusqu'à atteindre le nombre de mille que j'affectionnais tout particulièrement sans réellement en savoir la cause, j'eus la confirmation que nous substituions encore, que nous avions tous les deux étaient vite repêchés avant de devenir de pauvres macchabées.
Mais nos corps étaient pour sûr et cela jusqu'à notre véritable extinction bariolés des teintes de la mort tandis que nos âmes étaient tamponnées à tout jamais après que l'ange macabre les eus presque embrassées. Pouvait-on retourner à un mode de vie normalement humain après avoir frôlé la Faucheuse, après avoir croisé son regard aux roses noires enflammées, après avoir senti la froideur de sa faux nous caresser ?
Peut-être étions nous devenus mortellement vivants. Peut-être nagions nous désormais dans une sphère qui se situait entre les profondeurs et le Ciel. Notre sang était peut-être devenu noir, emprunt d'un poison qui témoignait aux yeux des esprits de notre demi-vie.
Qu'est-ce qui ne me prouvait pas que mon coeur s'était définitivement cassé et qu'une moitié gisait sous le sol, attendant patiemment l'autre partie afin de passer l'éternité scellées ensemble et de battre à nouveau en dessous de cette terre dans le but de faire trembler de rappel cette dernière lorsque les coeurs des vivants magnifiquement collés sans aucune fissure ne profiteraient pas assez de leur fusion naturelle ?
Ce tendre souffle qui vint subitement glisser sur mon oreille réveilla mes sens encore apeurés.
Garrottés l'un à l'autre, il eût bien le temps de passer dix jours et onze nuits avant que nous ne décidâmes enfin à nous scinder doucement. Par pure prudence, nous détachâmes dans un mouvement d'extrême lenteur nos jambes que nous avions liées.
Je pris ensuite le relais et dégageais précautionneusement ma tête de son torse qui s'était tu. La pression du risque me pesait encore, me forçant alors à émettre de brèves pauses chaque fois que je sentais mes mouvements trop lourds ou trop dangereux.
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Mille coups d'Amour [TERMINÉ]
Teen FictionDeux âmes boursouflées de peine qui se nourrissent des vices du monde, faisant tourner en dérision leur ridicule société. Bienvenue à la Zone, l'un des bidonvilles de Rio, dans lequel Allyah Gonzales-Clark tient le rôle de son défunt père. Elle rôd...