18.

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— Dieu. Seigneur, et de tous ces autres noms qui vous caractérisent... Vous qui êtes omniscient et omnipotent, vous devez savoir que je ne vous porte pas trop dans mon cœur, et vous devez encore mieux savoir pourquoi. Mais ma mère, elle, répond à tous vos appels. Il en est de même pour ma grande sœur. Elles sont toujours là pour vous remercier de les avoir gardées en vie, je les entends chaque matin. Nous n'avons rien mais elles arrivent quand même à vous remercier pour tout. Elles pensent toujours à vous, dès que nous avons un problème et vous-même devez savoir que c'est maintenant quotidien. Alors...pourquoi faites-vous cela ? Pourquoi leur faites-vous vivre autant de malheurs ? Pourquoi êtes-vous ainsi avec vos plus fidèles servantes ? Vous avez oser toucher à notre plus précieux cadeau, à l'une des personnes qui relie encore ma mère à mon père...que vous nous avez déjà pris ! Vous voulez aussi nous voler ma petite sœur ? Pourquoi tant d'égoïsme ? Qu'a t-on fait qui a bien pût vous donner une si grande colère contre nous ? C'est de ma faute ? C'est un message que vous voulez me faire passer ? Êtes-vous en colère que je me rebelle autant contre le quotidien des femmes et toutes ces débiles banalités ? Prenez vous-en directement à moi au lieu d'faire souffrir chaque membre de ma famille ! Ma mère a perdu la vue et mon père la vie, ma sœur a perdu l'usage de ses jambes et mon autre sœur est en train de perdre le peu de santé qu'elle possédait ! Et moi, qu'allez-vous me faire perdre ? Je suis prête à tout encaisser pour ma famille, elle est ma raison d'vivre, je n'en possède aucune autre ! Mais j'vous en supplie, ne me retirez pas la boxe ! Mon Dieu, je vous jure qu'elle a une réelle utilité pour moi ! Enl'vez-moi un œil, un doigt, un rein, mais pas ce sport ni un autre membre de ma famille. Je vous demande simplement de redonner un sourire sincère sur leurs visages et la paix dans notre famille. Je ne sais que faire pour que mes vœux puissent avoir le mérité d'être exaucés, je ne connais aucune parole divine, aucune formule, mais je sais que vous m'écoutez en cet instant. Alors j'vous le répète une dernière fois : s'il vous plaît, soyez avec moi ne serait-ce que pour cette fois.

Un énième long soupir vint rejoindre le ciel vespéral. Lassée, j'arrachais la croix qui ornait ma nuque et la fit tomber dans le vide sans une étincelle de vergogne. Sans plus d'hésitation, je descendais doucement du socle de la statue du Corcovado en prenant garde à n'effriter aucun endroit. Quand mes pieds se posèrent enfin sur la terre ferme, je me dépêchais de quitter cet endroit. La surveillance pouvait à tout moment surgir, même au trognon de la nuit.

Le chemin pour rejoindre et quitter le Corcovado se trouvait être long et il fallait en plus de cela que je traverse la forêt. Mais j'avais déjà tout prévu.

Un peu plus tôt, je m'étais rendue dans l'un des quartiers d'Ipanema et avais fait le tour des résidences contemporaines. Grâce à ces familles pensant qu'elles pouvait se passer d'une certaine sécurité par le simple fait qu'elles vivaient dans des quartiers fortunés et ainsi loin des Appauvris, j'avais alors pu me servir d'un vélo dans la cabane d'un jardin. Vraiment, parfois, c'était trop facile.

Plus tard, et à califourchon sur le bicycle, je quittais enfin le Corcovado et roulais sur la route en compagnie des autres voitures. J'étais assez proche de la Zone. Mes cheveux détachés volaient en arrière tout comme mes vêtements. J'étais vêtue de la veste en jean de mon père. En réalité, j'avais l'impression que c'était la seule chose que je portais. Elle réchauffait mon cœur qui s'était considérablement refroidi devant l'état de Julia.

J'avais merdé. Une nouvelle fois, et comme jamais. Ma petite sœur s'était elle aussi évanouie à cause du manque de nourriture et était toujours dans les vapes malgré qu'elle eût réussie à ouvrir les yeux il y avait seulement quelques heures. Sa pâleur m'avait figée sur place...jamais encore je ne l'avais aperçue ainsi et si je n'agissais pas au plus vite, la mort allait faire bien plus que simplement la frôler.

Mille coups d'Amour [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant