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— Felipe La Cruz. Aide financièrement les festivals depuis huit ans. Originaire de São Paulo. Sixième dans la liste des gens les plus friqués de la capitale. Fait parti de l'association de l'aide à l'environnement et a contribué de nombreuses fois au développement de plusieurs start-up brésiliennes. C'est lui. C'est lui, Lorenzo. C'est bel et bien lui.

— Qu'est-ce que cet homme t'a fait pour que tu puisses être aussi en colère contre lui ?

Je relevais les yeux vers mon entraîneur alors que je n'avais cessé depuis de longues minutes de fixer la photographie de cet homme qui se tenait sur l'affiche que j'avais arrachée au bar quelques semaines auparavant.

— Désirer à ce point là la mort d'une personne n'est pas commode...

— Il a détruit ma famille, et une partie de ma vie dans le même temps. Chaque fois qu'un malheur me touche, son visage m'apparaît et il ne s'est jamais autant imposé dans mon esprit que ces dernières semaines.

Assis en tailleur face à moi, il fit voler l'affiche d'un seul mouvement jusqu'à lui avant d'observer à son tour cette figure représentée. Son sourcil arqué me fit comprendre qu'il ne me suivait pas.

— Pourquoi tu persistes autant à le retrouver afin de le faire souffrir ? C'est ridicule. Rester bloqué dans le passé ne te mènera nul part. Oublie tout, oublie le et repars à zéro, ce sera bien mieux et moins idiot.

Ses paroles me provoquèrent un étrange sentiment de méfiance que je me vite sur le compte du couteau dans le dos que je m'étais prise il y avait quelques jours. Après avoir été trahi, il était normal de se mettre à se méfier de tout le monde et plus particulièrement des personnes proches de soi. Mais le ton de sa voix, que je perçus comme anormal, me plongea dans un léger malaise.

— Je n'aurais jamais la conscience tranquille tant que je sais que cet homme n'a pas payé pour ce qu'il a fait. Je ne peux pas le laisser libre. Je dois me venger. Je me suis toujours vengée. C'est mon objectif depuis trois foutus années et ce n'est pas à trois jours du festival d'hiver où je pourrais enfin le rencontrer après tant de temps de recherche que j'vais abandonner.

Face à son silence qui en disait pourtant si long, je ne pus m'empêcher de poursuivre d'une voix qui témoignait grandement de l'aversion que je portais à Felipe La Cruz. J'avais cherchée ce nom pendant un grand délai qui n'avait cessé de s'étendre, et voilà qu'après l'avoir découvert, je désirais l'oublier tant il me dégoutait.

— L'ignorance n'est pas la force, Lorenzo...Tu t'en souviens ? Dans ce cas-ci, je ne peux ignorer ce que cet homme a fait. Je me sentirais enfin mieux et je pourrais enfin passer à autre chose après lui avoir réglé son compte. Je pourrais recommencer ma vie et chercher ce que je compterais en faire qu'après ma vengeance assouvie. Pour le moment, la seule chose autour de laquelle tourne ma vie est cette riposte.

Je m'attendais à une de ses habituelles répliques narquoises ou à ne serait-ce qu'un petit hochement de tête mais rien de tout ça n'eut lieu. Voyant qu'il détourna simplement le regard vers un autre point et que le silence reprit son cours, je ne pus que pincer les lèvres, doublement confuse et intriguée de son comportement.

Je n'allais cependant pas insister et continuer à me justifier : que cela lui plaise ou non, j'allais retrouver cette personne qui avait été mon objet de convoitise depuis des années. Les pensées de Lorenzo n'allaient pas m'influencer, il pouvait bien me trouver illogique, idiote ou émettre des jurons à mon égard, cela m'était bien égal.

Mille coups d'Amour [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant