— En réalité, il existe des tonnes de manières pour devenir riche. Mais j'crois qu'on a tellement peur de réussir et de devenir dépendant de l'argent qu'on préfère rester dans notre situation. C'est vrai que ça peut faire peur, la facilité du jour au lendemain.Les yeux rivés en direction du concert qui ne se tenait pas loin du toit de l'immeuble sur lequel nous nous trouvions, je l'écoutais d'une forte attention, bercée par la musique aux tons latinos et le velours de sa voix.
— On peut devenir riche en créant par exemple un produit de merde qui ne servirait que pour quelques mois. C'est ridicule, mais qu'est-ce que ça rapporte. C'est en prenant les gens pour des cons qu'on survit, continua t-il en murmurant.
Ma tête s'était inconsciemment retrouvé collé près de son épaule, reposant délicatement contre cette dernière. Le sommeil flirtait dangereusement avec moi tant je me sentais détendue. Magicien...
— On peut aussi devenir riche en mettant toute sa force au travail. Mais t'as bien le temps de mourir et de renaître avant d'espérer recevoir ta première prime. Rien de plus ennuyant et mortel qu'être un prolétaire.
Le chanteur endiablé, lui, n'avait de cesse de virevolter sur la scène, encourageant ses fans à faire de même sur le sable pétillant.
— Une des manières les plus originales de devenir riche serait aussi de faire une découverte historique, qui serait capable de changer le futur rien que par son passé. Mais pour tomber miraculeusement sur un tombeau égyptien ou un squelette datant des années négatives...Il en faut du temps et de la patience.
Je le sentis soudainement fouiller sa poche. Et puis, mes yeux dévièrent vers ce paquet de cigarettes qu'il ouvrit d'un mouvement. Surprise, je l'admirais allumer l'avant dernière clope qu'il possédait.
— On pourrait aussi devenir riche grâce à la drogue. Je crois que c'est ce qui marche le mieux aujourd'hui à cause de l'extinction de l'honnêteté.
Doucettement, je me redressais, suivant des iris telle une personne en voie d'hypnose cette sèche pour laquelle il prenait un malin plaisir à déguster en fixant le dais.
— Pourquoi est-ce que l'on ouvrirait pas un cartel ensemble ? On amasserait une masse d'argent, et on irait niquer cette putain de société capitaliste exigeante qui valorise l'Homme pour ce qu'il a et non ce qu'il est.
Outch. Vite, je tentais d'attraper cet objet jouant avec mon désir. Mais il leva son bras en l'air. Son sourire narquois me fit prendre conscience qu'il se moquait de moi.
— Après l'alcool, c'est la cigarette ? , déclara t-il d'un ton désinvolte.
— S'il te plaît Lorenzo, je veux simplement essayer ! Je n'ai jamais fumé de ma vie ! , m'exclamais-je tout en continuant de me débattre.
Regard goguenard.
— Ça vaut mieux que tu ne touches pas à cette connerie. Tu finiras par jurer que tu n'y toucheras plus. Tiens, comme l'alcool.
— Juste une fois, insistais-je, ne me décourageant nullement.
Il tira une nouvelle bouffée tout en m'éloignant à l'aide de sa paume.
— T'en as pas assez d'aimer tout ce qui est mal ? Tu dérègles complètement.
Gnia gnia gnia.
— Toi non plus, tu n'avais jamais bu avant et pourtant tu comptes recommencer alors que tu sais parfaitement que c'est mal. De nous deux, je me demande qui est le plus vicieux.
Soupir amusé...puis je l'entendis grommeler, avant qu'il ne finisse par me tendre son mégot orangé. Excitée, je me mis à l'observer sous toutes les coutures possibles tandis qu'il la tenait au creux de nous deux. Woah. La puissance qu'avait ce genre de truc à être aussi tentant était phénoménale.
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Mille coups d'Amour [TERMINÉ]
Teen FictionDeux âmes boursouflées de peine qui se nourrissent des vices du monde, faisant tourner en dérision leur ridicule société. Bienvenue à la Zone, l'un des bidonvilles de Rio, dans lequel Allyah Gonzales-Clark tient le rôle de son défunt père. Elle rôd...