Les diverses couleurs des billets m'avaient toujours fascinées. Brillants et lisses, il était indubitable que le fait que notre vie ne tienne qu'à ces bouts de papiers paraîtrait idiot et insensé aux yeux des préhistoriens.
En fait, l'argent était aujourd'hui notre objectif universel. Personne ne rêvait pas d'richesse.Ouais, nous nous battions tous pour des feuillets brillants et colorés. À bien y penser, c'était profondément ridicule. Toute notre vie dépendait de cette putain de société, aucun de nous ne pouvait prétendre être libre. On était tous dirigés, comme les pauvres marionnettes qu'on était. Mince.
Jusque ici, je m'étais toujours débrouillée seule pour récolter de l'argent. Vols, arnaques, travaux au noir...Et j'avais réussie à survivre. De nombreuses fois l'on m'avait proposé un prêt, mais j'avais toujours refusée. La récolte d'argent était personnelle et c'était à moi seule d'me démerder. Jamais rien demandé à personne.
Des fois, Louisa m'avait bien prêtée quelques sous, mais ça avait parce que je l'avais aidée. Je n'avais jamais voulu lui en venir en aide uniquement pour m'enrichir après.
Mais en cet instant, au front de mon entraîneur et les billets ficelés qu'il avait posé entre nous depuis un bon bout de temps, je remettais absolument tout en question.
Premièrement, je ne comprenais pas pourquoi je n'arrivais nullement à lui dire non, à refuser cet argent qu'il me proposait. Quelque chose me bloquait. Je n'y arrivais pas. Peut-être parce que...je savais que ce n'était totalement pas son genre. Et justement. Voici le deuxième point.
Lorenzo qui me proposait de l'argent. Il n'y avait assurément rien de normal dans cette phrase. Apparemment, il avait remarqué mes grandes difficultés financières et ma faiblesse à nourrir correctement ma famille, et ça, depuis notre escapade au supermarché.
Il me proposait volontairement de l'argent. Il voulait m'aider. Et il n'y avait rien qui pouvait me mettre plus mal en point qu'un tel fait.
Lorenzo avait bien trop changé. Il n'était plus cet homme immature et vulgaire d'il y avait trois mois. Le regard qu'il portait sur moi avait été également modifié, je l'avais remarqué. J'savais pas ce qu'il pensait désormais mais...j'avais un mauvais pressentiment. Pourquoi tant de changement ? Qu'avais-je fais pour l'influencer autant ? Tout ce truc me terrifiait alors que deux semaines auparavant, j'en étais satisfaite.
J'étais vraiment indécise et très versatile. J'avais toujours eu ce désir de changement et voilà que maintenant qu'il avait eu lieu, je trouvais le moyen de me plaindre.
Gênée, je me raclais la gorge, les joues rosies alors que ses yeux me fixaient toujours autant, dans l'attente d'une réponse. Tordage de lippe, et regard à l'entour. Puis je me frottais les mains, enfin, tant de petits gestes pour lui faire comprendre que je n'voulais pas. Mais il ne céda pas.
Jamais.
Je n'voulais pas le blesser. Il faisait d'énormes efforts en ce moment-même mais...j'eus l'impression qu'il pensait que parce que nous nous étions laissés aller l'un envers l'autre, j'allais accepter tout ce qu'il me proposerait. Et bien...
— Je..., commençais-je, les yeux rivés devers le sol.
Ne sachant quoi lui dire après tant d'attente, je me penchais simplement en avant et fis glisser les billets jusqu'à lui. Merde, je n'osais pas croiser son regard. Ses coups de fusil allaient m'achever à coup sûr.
Son regard brûlait mon épiderme alors que je baissais maintenant la tête et fermais les yeux. Où me mettre ? Je venais de le refroidir complètement après tant de bons moments passés ensemble...Voilà comment je le remerciais. Argh. Quelle pauvre idiote.
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Mille coups d'Amour [TERMINÉ]
Novela JuvenilDeux âmes boursouflées de peine qui se nourrissent des vices du monde, faisant tourner en dérision leur ridicule société. Bienvenue à la Zone, l'un des bidonvilles de Rio, dans lequel Allyah Gonzales-Clark tient le rôle de son défunt père. Elle rôd...