Gorgée d'une détermination sans nom dû au caractère atypique de la situation dans laquelle j'me trouvais en cet instant, je forçais doucement la porte d'entrée quelque peu estropiée de l'entrepôt à l'aide d'un bout de ferraille ramassé dans les poubelles du coin.
Sous les yeux du croissant de lune dont les rayons créaient de gracieuses esquisses contre le dais, et épiée par les regards phosphorescents des chats errants, je maugréais maladroitement ô combien j'étais agacée à cette maudite porte qui m'interdisait encore l'entrée. Elle semblait possédée par une entité que l'autre boxeur aurait invoqué.
Dans un brusque élan de lassitude, je laissais finalement tomber le matériau au sol, nerveuse au plus haut point.
— Vous m'faites tous chier ! , vociférais-je rudement, oubliant intégralement le fait que je me trouvais dans une rue garnie de danger.
Les mistigris, soudainement effrayés, prirent leurs pattes à leur cou quand je levais brutalement mon pied contre cette porte dans l'espoir de la bleuter de rage.
Mais, comme tout n'était que pure ironie sur cette terre, un seul coup fut suffisant pour qu'elle s'ouvre de manière lâche. Ouais, comme si j'avais prononcée une formule magique.
Subitement satisfaite, et surtout versatile, un sourire fier vint peigner mes lèvres. La seconde d'après, je me trouvais déjà à l'intérieur, après avoir d'un mouvement très rapide placée une planche en bois devant la porte pour qu'elle ne se ferme pas à nouveau dans le but de m'engloutir.
Je me frottais les mains puis m'avançais d'un pas délicat dans le hall de l'entrepôt, bien plus cafardeux et opaque qu'à l'accoutumée. Une déflagration d'étrangeté me prit alors que je marchais sous ce toit. Découvrir tranquillement cet énorme espace alors que j'avais passée trois ans à le traverser en courant , sans prendre le temps de l'observer en détail était un synonyme d'une nouvelle liberté qui me remuais dans tous les sens.
À l'instar d'une voûte d'église, le plafond s'élevait bien plus en hauteur que ce que je n'avais pensé. Les murs en briques étaient éclaboussés d'une couleur étrangement rougeâtre, tandis que des affiches de combats ou d'événements suivis de posters étaient accrochées ci et là. Les tags dominaient également, apportant à cet endroit la touche interlope dans laquelle il se glissait parfaitement.
Le sol était fait de goudron abîmé , les fenêtres étaient crades, fissurées et laissaient avec peine les rayons de l'extérieur s'infiltrer à l'intérieur, comme si l'éclairage divin était trop apeuré par un tel endroit.
Mon curieux regard tomba sur le sac de boxe au centre. Je me mis à le fixer durant quelques secondes avant de m'en approcher.
Et quand ma paume se posa dessus, je me fis immédiatement attaquer par un jet de frissons. Ma main, puis mon bras se mirent à pétiller dans leur complétude. C'était la première fois que j'en touchais un.
Bien qu'assez tronqué, et malgré le fait que de la mousse sortait de certaines parcelles, il eût cet étonnant don de me séduire bien plus.
Je passais encore quelques instants à l'effleurer de ma main avant de tourner ma tête vers ma fameuse salle.
— Qu'est-ce que..., susurrais- je avant de m'en rapprocher en courant.
J'écarquillais les yeux et peinais à refermer ma bouche tant j'étais étonnée. Sérieusement ? Pensait-il vraiment que retirer la porte m'aurais empêchée de revenir ici ? Était-il abruti à ce point là ?
Je finis par rentrer dans la salle. Le souvenir de son regard sur moi alors que j'avais été à demi-allongée sur le sol quelques jours auparavant me frappa instantanément. Quand je pensais que tout ceci était arrivé à cause de mon chien...C'était si bizarre et idiot dans le même temps.
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Mille coups d'Amour [TERMINÉ]
Roman pour AdolescentsDeux âmes boursouflées de peine qui se nourrissent des vices du monde, faisant tourner en dérision leur ridicule société. Bienvenue à la Zone, l'un des bidonvilles de Rio, dans lequel Allyah Gonzales-Clark tient le rôle de son défunt père. Elle rôd...