41.

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Fortement lassée d'essayer de rentrer ce fil dans cette aiguille, je jetais le tout vers Janaina d'un coup de nerfs, lui faisant immédiatement stopper son fredonnement.

— J'abandonne, lâchais-je abruptement. Je n'y arrive pas. J'suis pas faite pour ces merd...pour ce genre de choses.

Elle esquissa un doux sourire tout en se rapprochant de moi alors que je recommençais à bouder.

— Tu abandonnes toujours trop vite Allyah. Il faut de la patience, toujours de la patience, surtout pour cette activité qu'est la couture.

Je soupirais tandis qu'elle ramassait sans broncher les affaires que j'avais fait tomber par terre. J'avais beau me forcer à essayer de faire toutes ces activités que les femmes de la Zone voulaient que j'éxécute, je n'y arrivais pas. Coudre ou faire de formidables coiffures ne convenaient pas à mes mains. C'était bien trop doux et plat pour moi. Ce qui n'avait pas d'adrénaline ne m'intéressait pas.

— Je vois que tu n'as plus la tête à ça, fit-elle en m'observant. Je vais préparer un thé, repose toi.

Je me recroquevillais sur moi-même alors qu'elle sortait hors de la cabane. Puis je l'entendis hurler à un homme d'aller faire bouillir de l'eau sur le barbecue, avant qu'elle ne revint à l'intérieur pour sortir d'une boîte rouillée des feuilles de menthe.

— Ces feuilles viennent du jardin botanique. Il est magnifique et les plantes y sont superbes. J'avais l'habitude d'y aller avec grand mère, pour récolter tout ce qui pouvait nous servir pour des remèdes ou plats. Aujourd'hui, même si je suis seule...Je continue d'y aller, aussi bien par pur plaisir que pour faire perdurer la passion de avó.

— Euh...que...que Dieu la garde, formulais-je par respect.

— Merci. Merci Allyah.

Je hochais la tête sans raison avant de me mettre à parcourir du regard la cabane dans laquelle elle avait emménagée peu après le drame de la Zone. Elle était aussi abîmée que la mienne et bien plus petite, mais assez suffisante pour une seule personne. Je me demandais l'espace d'un instant pourquoi elle est-ce qu'elle n'avait pas emménagée avec Rafaël avant de me rappeler que ceci était interdit tant qu'ils n'étaient pas mariés.

Je n'avais d'ailleurs plus vu ce dernier depuis notre escapade à la bijouterie. Plus d'une semaine était pourtant passée. Mais je l'imaginais très occupé à essayer de récolter de l'argent pour cette bague comme il me l'avait confié. Aussi, Janaina paraissait neutre alors je n'avais aucune raison de m'inquiéter. Je lui faisais confiance, il avait tout de même une morale bien plus forte que moi.

Elle détourna bien vite ses yeux lorsque je la vis me fixer depuis plusieurs secondes.

Je me trouvais ici par pure contrainte : j'avais comme qui dirait un dernier essai. Les femmes de la Zone lui avait demandée d'essayer de me mettre une dernière fois dans le droit chemin en m'incitant à faire les activités qu'elles exécutaient tous les jours. Elles étaient toujours aussi confiantes envers l'influence, mais il n'y avait rien de plus inutile avec moi.

Je n'avais pourtant émis aucune objection à ce temps « entre filles », pour la simple et bonne raison qu'il fallait que je parle impérativement de mon coeur et de mon corps que je ne reconnaissais plus à quelqu'un, et elle me semblait la mieux placée, aussi bien parce qu'elle avait à peu près mon âge que parce qu'elle avait l'air de s'y connaître en relations mixtes.

Mille coups d'Amour [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant