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Musique du chapitre :
Beyonce-Pretty Hurts

           
Les rayons du soleil touillés aux nuages et à la pluie disparaissaient peu à peu, témoignant du proche réveil de la nuit. Ce fut munie d'un rictus aux lèvres que je fermais lentement la porte de l'entrepôt et laissais mon entraîneur en compagnie de son frère.

Enfin, nous avions repris les entraînements. Et celui de ce soir avait sans aucun doute été le meilleur que j'aurais pu connaître jusque ici. Lorenzo...Lorenzo s'était tellement plus adouci, laissé aller envers moi...Nos rapports étant finalement devenus étonnement complices, j'pouvais rien demander de mieux. Il n'était plus cet homme taciturne et sec que j'avais dû affronter il y avait trois mois de cela ;  bien au contraire, il avait comme gagné en maturité, en valeurs, et en humanité.

J'aimais croire que c'était grâce à moi qu'il était devenu ainsi. Après tout, nous avions littéralement entrechoqués nos deux routines de vie, alors lui comme moi étions différents de ce que nous étions lors de nos premiers échanges, qui, quand j'y repensais, avaient vraiment été puérils. Comme quoi, parfois, nous finissions toujours par rire de quoi nous pleurions avant.

Ainsi, sa nouvelle facette améliorait grandement la qualité des entraînements. Cependant, si j'avais remarquée ce changement, ce n'était pas pour autant que j'en savais plus sur lui. Et cela me dérangeais énormément, bien que je prenais lourdement sur moi.

Je remontais énergiquement la rue animée dans laquelle plusieurs personnes se trouvaient être à coller des affiches contre des blocs d'électricité ou des panneaux, et ce, malgré la pluie. Un coup d'œil dessus, et je vis que ces prospectus concernaient les festivals d'hiver de Rio et São Paulo, qui allaient se tenir dans un petit mois. L'ambiance brésilienne ne s'éteignait jamais.

Il y avait toujours des événements qui réunissaient l'ensemble du pays pour entretenir la santé de sa flamme.

Mon ventre se mit à gargouiller de manière violente au moment précis où je passais devant une petite épicerie ayant grand mal à tenir debout. Après quelques secondes de réflexion, je décidais de m'arrêter devant et fouillais les poches de mon sweat, à la recherche d'un sou que j'avais par pur miracle trouvée dans la rue quelques jours avant. Je l'avais gardée pour moi, car pour le reste de ma famille, jamais elle n'aurait suffi et ça aurait alors été du pur gâchis.

Je rentrais à l'intérieur, faisant sonner la cloche et attirant l'attention du vieil homme à l'épaisse moustache qui nettoyait la caisse. Je ne cessais de faire se retourner la pièce contre ma paume gelée. Que pouvais-je bien m'acheter avec ça ? C'en était tellement rare que j'en vins à être déstabilisée.

Finalement, je demandais au vieil homme ce que je pouvais faire de cette feraille. Il me lança un léger sourire qui eût le don de me réconforter avant de me montrer une petite vitrine contenant les produits les moins chers de son épicerie. Pas des choses phénoménales mais...j'étais réellement touchée par le fait d'avoir le choix en matière de nourriture.

Quand je ressortis de la petite boutique, je déballais immédiatement et avec hâte l'emballage dans laquelle une barre chocolatée était enveloppée. Mon p'tit cadeau...

Où aller ce soir ? Aucune idée. Tout ce que je savais était que je n'allais pas rentrer tout de suite à la Zone. Désormais, je ne rentrais qu'aux coups de une ou deux heures du matin, quand j'étais sûre que ma mère et mes sœurs dormaient. Depuis ma fuite de l'église, un terrible froid régnait entre Maria, maman et moi. C'était compréhensible, je connaissais parfaitement les conséquences de mon acte. Les rares fois où je les croisais encore éveillées, ma génitrice sanglotait dans son coin tandis que ma grande sœur me jetait de pauvres regards boursouflé de pitié.

Mille coups d'Amour [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant