44.

1.1K 82 58
                                    

Musique conseillée : 
Adele- Skyfall

• • •

Bien que je n'avais eus aucune envie de quitter Lorenzo et l'entrepôt après toutes ces nuits durant lesquelles nous avions sommeillés ensemble, arriva un temps où ma raison me fit revenir à la réalité et m'incita à revenir auprès de ma mère et Julia. Moi qui me plaignais de m'être considérablement éloignées d'elles, je ne pouvais que m'en prendre à moi-même avec le peu d'efforts que je fournissais. Je devais continuer à alimenter le lien qui nous unissait même si cela devait prendre des années.

Ce fut pourquoi, cette nuit là, après avoir prévenu Lorenzo, j'étais en route jusqu'à la Zone, à une heure tardive. Me balader dans les rues abstruses et opaques de Rio devenait une véritable routine.

Comme à mon habitude, le vent fit voler ma chevelure. Comme d'habitude, je traversais la route qui menait à la pente de la Zone. Comme d'habitude, j'écrasais tous ces petits cailloux qui roulaient sous mes chaussures. Et, désormais, ce qui était vite devenu une habitude, je vérifiais aux alentours qu'aucun voisin ne traînait sur mon chemin. Il y avait toujours ces pauvres jeunes qui effectuaient des échanges de drogue et partageaient leurs alcools ou autre à chaque coin d'ombre, mais ces derniers s'étant très vite habitués à ma présence, ils ne me jetaient même plus un seul coup d'œil.

Je me figeais instantanément en apercevant au loin une silhouette arriver, et n'eus d'autre choix que d'aller me cacher derrière la première cabane que je trouvais. N'étant plus considérée comme une femme aux yeux des hommes de la Zone, je redoutais fortement ce qu'ils pouvaient me faire en cas de face à face. Je ne comprenais toujours pas pourquoi ne pas être comme eux leur provoquaient une telle aversion envers ma personne.

Quand la silhouette quitta enfin mon champ de vision, je me dirigeais de nouveau et d'un pas pressé jusqu'à ma cabane. Les immeubles luxueux qui se dressaient devant moi ne m'avaient jamais parus aussi imposants qu'en cet instant.

J'avais beau être nerveuse chaque fois que je remettais un pied sur ce terrain, cette nuit, je l'étais bien plus qu'à l'accoutumée. Il y avait quelque chose dans cet air nocturne qui ne me rassurait pas.

Et mes doutes se confirmèrent immédiatement quand, en passant devant la cabane de Rafaël, je croisais le regard de deux de ses frères.

Assis en tailleur sur le sol et probablement en train d'enfreindre comme moi les règles morales imposées par la Zone avec cette bouteille qu'ils cachèrent immédiatement, ils m'observèrent d'un regard que je perçus comme moqueur.

Ne voulant m'attarder devant ces personnes qui ne me portaient guère dans leur coeur, je me décidais à courir jusqu'à ma cabane, espérant l'atteindre au plus vite. Mais l'un des fils de Louisa m'arrêta avant même que je n'exécute un seul mouvement.

— Je s'rais toi...j'ferais vite demi-tour, lâcha t-il avant de rire brièvement, accompagné de son frère qui me toisa vulgairement.

Mes poils s'hérissèrent violemment tout comme mon cœur rata une oscillation face à la menace de cette phrase. Que sous-entendaient-ils ? Pourquoi un tel avertissement ? Que s'était-il passé ?

Nous échangeâmes un dernier regard insistant avant que je ne reprenne le contrôle de mes jambes qui m'ordonnèrent de ne pas m'attarder ici.
Le souffle saccadé et les mains crispées, je parcourais les derniers mètres qui me séparaient de ma cabane. Jamais je ne m'étais sentie aussi ébranlée.

Mille coups d'Amour [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant