14.

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Trois semaines plus tard...

Rah ! C'est pas possible, ça !

Assise sur un rocher depuis un grand éventail de temps, j'observais les vagues teintées par la nue noire se juxtaposer contre le sable chaud de Copacabana. En raison de l'heure tardive, l'air se trouvait être frais mais l'atmosphère, elle, était toujours aussi lourde.

Face à moi, plusieurs personnes se trémoussaient contre les ondes d'une musique folâtre s'échappant de leur baffle ; d'autres riaient aux éclats, buvaient sans limite, s'embrassaient sans pudeur ou bien m'imitaient en fixant d'un œil nostalgique et admiratif les courbes obscures de la mer.

Bien que tout ce spectacle nocturne avait un charme des plus époustouflants, je ne pus m'empêcher de faire passer un autre soupir entre mes lèvres.

Fatiguée, j'étais éprise d'une envie des plus féroces d'aller me coucher après cette longue journée durant laquelle le boxeur m'avait bien plus torturée qu'à l'accoutumée sous l'emprise d'une certaine rancœur et fierté. Je ressentais encore douloureusement les courbatures siffler dans chaque recoin de mon corps et tordre mes os.

De toute évidence, l'état mental de mon entraîneur n'était pas stable. S'il aurait été à ma place, je ne pensais pas qu'il se serait autant amusé.

Un sourire des plus sadiques vint s'esquisser contre mes lèvres en l'imaginant pleurer de douleur et me supplier d'arrêter. Hé hé...

En remarquant que l'homme que j'attendais n'était toujours pas là, je me relevais du rocher tout en grimaçant à cause de mes douleurs. J'allais encore me faire incendier par Lorenzo - oui, j'étais maintenant habituée à l'appeler par son prénom - mais ce n'était pas ma faute.

Cela faisait depuis quelques semaines que, comme prévu, je lui rendais service alors qu'il me donnait en échange des cours de boxe tous les deux soirs. C'était moi qui effectuait la plus grosse part de travail, car je devais me déplacer un peu partout dans la ville, mais ça ne me dérangeais que dans certains cas comme par exemple ce soir où la personne censée venir récupérer son dû n'eût pas daignée pas m'honorer de sa présence.

Cependant, je devais avouer que ce que je devais faire comme travail de service était...intrigant. Il écrivait sur un papier, le sceller, m'informait du destinataire et du lieu de rencontre puis m'ordonnait de faire au plus vite. Je n'avais pas plus d'informations que cela, et c'était particulièrement stressant. Que contenaient ces fameux papiers ? Des numéros, des adresses, des noms, des consonnes de menace ou bien des voyelles d'amour ?

Je m'apprêtais à remonter les marches pour quitter la plage lorsque j'aperçus au loin un homme tournant en cercle sur lui-même. Je le fixais pendant quelques secondes avant de remettre correctement la capuche de mon sweat noir que Lorenzo m'avait déniché afin de cacher au maximum ma bouille, puis me dirigeais d'un pas doux jusqu'à lui.

Quand l'homme posa ses yeux sur moi, le sourire qui se dessina sur ses lèvres ne m'échappa pas. Après une brève analyse, je lui donnais un peu plus de vingt ans en raison de sa barbe non rasée.

— Bien l'bonsoir, commença t-il d'une voix répréhensible.

Je ne répondis rien. Pas que j'étais malpolie, mais il fallait que je cache au maximum ce qui pourrait montrer que j'étais une jeune femme. J'avais une voix cassée naturellement mais elle n'entrait pas totalement dans les tons graves comme celle de mon entraîneur ou de la plupart des hommes, ce qui pourrait porter à confusion.

Je pris l'objet tant convoité qui dormait dans ma poche et lui tendait en serrant au maximum mes doigts afin qu'ils paraissent plus boudinés.

L'homme barbu tenta de me l'arracher brusquement mais je lui montrais d'un geste du menton que je désirais l'argent avant tout. Je l'entendis grommeler face à ma technique.

Mille coups d'Amour [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant