4.

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Lorsque il fut l'heure du crépuscule et que le ciel ne devint plus qu'un faisceau lumineux aveuglant, nous étions déjà en route jusqu'à Copacabana plage. Ce spectacle guilleret aurait dû me fasciner, mais malheureusement, aux côtés d'un Rafaël encore choqué de mon acte violent, je ne parvenais guère à m'épanouir.

Un silence monumental dominait. Même les rires et la musique exotique qui tournaient autour de nous n'arrivaient pas à nous débloquer. Seules quelques bribes des différentes conversations de Julia et Pedro nous rassuraient dans notre volonté de vouloir leur faire plaisir. La petite fille de L'épicière était très silencieuse et gênée, ce qui était compréhensible au vu du froid qu'il y avait dans le groupe.

Rafaël me méprisait indirectement au vu des quelques regards qu'il me jetait. Comme un coup de poignard parfaitement aiguisé, comme les épines qui se détachaient d'une corde, chacun de ses coups d'œil lacéraient mon bien-être, sans que je n'en sache la raison. Peut-être était-ce parce que moi-même n'arrivais pas encore à réaliser que...je m'étais battue contre un homme.

La classe...ou pas.

Ça avait été au travers d'un excès de rage que j'avais réussie à le plaquer à terre sans qu'il ne s'y fût préparé. Je me souvenais encore parfaitement de mes cheveux qui lui avaient fouettés le visage et de mes doigts qui avaient touchés son épiderme pour la première fois. Alors, aussi joyeux qu'un quokka et comme il avait été l'objet de ce combat, son petit frère s'était directement élancé sur nous.

Suite à ma victoire, il avait d'abord été resté figé au sol, faisant penser qu'un blizzard l'avait traversé et durant un temps si long qu'il avait réussi à m'inquiéter. Puis, furieusement et après avoir évidemment repris ses esprits diaboliques, il avait brutalement jeté ses gants de boxe et arraché ses bandages , avant de pousser d'une façon qui était restée forgée dans ma mémoire le petit Pedro hors de chez lui, nous claquant ainsi la porte au nez.

Quelques flaques bleues recouvraient mes bras alors que de légères égratignures décoraient quelques parcelles de mon corps, mais j'avais été si habituée à recevoir bon nombre de ces sévices que je ne ressentais même plus leur douleur. Mon vécu m'avait anesthésié de tout mal physique.

L'air lourd se mélangea petit à petit avec l'air marin que l'on sentait de plus en proche. Je baissais mon regard sur Julia devant moi et remarquais les pointes de ses cheveux onduler peu à peu ; c'était bizarre, mais ça m'apaisait, de voir que sa chevelure se faire embrasser par la brise marine.

Je jetais une autre oeillade à la petite fille de L'épicière, qui restait encore dans son coin, gênée et attristée.

— C'est pas la peine de jouer les tombeurs si c'est pour laisser tomber comme un loser, chuchotais-je à la discrète intention de Rafaël en ne cessant pas de fixer au front.

Il me lorgna étrangement avant de lâcher un long soupir.

— Janaina ? , commença t-il doucement, en s'avançant jusqu'à elle non sans m'avoir une dernière fois menacé visuellement.

Elle le considéra puis esquissa un sourire si adorable que j'en vins moi-même à être attendrie.

— Tu vas bien ?

Ah ! Sérieux ? Je ne pus m'empêcher de fermer les yeux de honte tant cette tentative d'approche était si absurdement ridicule.

Quand nos pieds chatouillèrent le sable, la plage était déjà très encombrée. La musique festive qui flottait dans l'air et les différentes guirlandes multicolores accrochées à divers endroits créaient principalement à elles deux l'ambiance chaleureuse qui se dégageait de ce début de fête.

Mille coups d'Amour [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant