13.

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J'avais aimée penser que jamais plus je n'allais connaître de routine à cause des précédents événements qui avaient déstabilisés la complétude de ma vie. J'avais même été certaine que tout allait changer mais...je m'étais encore bien faite emberlificotée par mes pulsions rêveuses. La réalité était semblable à la vitesse de la lumière: jamais mes rêves et désirs n'allaient être en mesure de la dépasser.

La seule chose potentiellement nouvelle avait été l'entrée interdite au marché que j'avais encourue. Mais ce n'était pas une bonne chose. 

La boxe avait également changée, mais je ne considérais pas ça comme une nouveauté monstre pour la simple et bonne raison que je ne pratiquais plus du tout ce sport. C'était-à dire que depuis mon premier entraînement en tête à tête avec le boxeur, ce dernier avait déclaré et tenu parole que celui-ci serait aussi mon dernier.

Et m'étant encore trop sentie fraîche de l'opprobre qu'il m'avait infligée lorsqu'il était venu chercher son petit frère Pedro - vendredi dernier me semblait t-il -, je n'avais pas osée remettre un pied à l'entrepôt pour le supplier.

Ses humiliations à mon égard se percutaient encore contre chaque coin de ma tête comme la complainte d'un bafoué.

De plus...j'avais pendant quelques jours longuement cogitée sur mon comportement vis à vis du petit Pedro. Ses yeux vides, sa bouche fermée, ses pommettes pâles...Cette image de tristesse n'avait pas cessée de valser dans mes mémoires, me torturant chaque fois que je parvenais à ne plus trop y penser et me faisant durement prendre conscience que j'avais bel et bien utilisé un enfant afin d'arriver à mes propres fins. 

Je m'observais devenir étrangère à ma propre personne, dans l'impuissance la plus totale. Ce fut comme si...les mauvaises ondes du boxeur entraient peu à peu en moi, épousant mes courbes, tatouant mes os et enlaçant mon sang. 

J'avais l'impression de m'être faite maudire, et ce sentiment était appuyé par le fait que je n'avais plus revu mon entraîneur, ce poison, depuis un certain temps désormais. Il était redevenu ce fantôme que j'avais connu sans le connaître avant toute cette mascarade. Avait-il jeté son venin sur moi pour me faire atteindre l'apogée du vice avant de disparaître pour aller hanter d'autres âmes sensibles ? J'en savais rien, mais mon imagination farfelue aimait penser une telle connerie.

De toute manière, je n'allais pas tarder à refaire face à ce marchand de vice auquel on pouvait l'associer, car j'allais bientôt faire mon grand retour à l'entrepôt après avoir fini de digérer. Je n'avais pas dis mon dernier mot: j'étais prête à sortir les armes pour ces entraînements. Ils m'étaient cruciaux, vitaux, comme la richesse à un riche et le bonheur à un pauvre. 

Des doigts claquèrent soudainement près de mes yeux, me faisant brutalement sortir de mes pensées révolutionnaires.

— On s'réveille Allyah. Le travail s'fait jamais tout seul, fit Thiago, un homme qui avait assez d'audace pour diriger l'organisation des travaux au noir.

— Ouais, soufflais-je, après lui avoir jeté une brève oeillade.

Muni de cheveux noirs et de prunelles aussi vertes que les miennes, Thiago, âgé d'un peu plus de vingt-cinq ans tout au plus incarnait le corbeau grâce à sa chevelure, et la forêt de par ses iris ; pourtant, il ne se trouvait aucunement menaçant comme pouvaient l'être ces deux termes. Doté d'un cœur aussi gros et puissant que le soleil et d'une compréhension sans égale, son hymne qu'il ne cessait de répéter était « Le travail au noir pour les Amoureux de l'Espoir».

J'effectuais cette trime chaque mois de l'année en compagnie de Rafaël, dans l'espoir de gagner un peu de sous. Nous nous trouvions au sein du port maritime de Rio de Janeiro, bercés par la chorale des douces vagues d'un côté et frappés par les violents bruits de la ville de l'autre côté, nous montrant que travailler illégalement était un bien pour nous et un malheur pour la société qui nous cherchait de l'autre côté. 

Mille coups d'Amour [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant