46 - PARTIE 1

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La menace omniprésente qui me recouvrait alors que j'étais en train d'effectuer les dernières tâches illégales de la soirée me régalait. J'adorais savoir que je risquais de me faire prendre, j'étais devenue une véritable addict du danger.

À demi éclairés dans un des bâtiments du port, nous ramenions, comme nous en avions l'habitude, les cartons jusqu'à une camionnette. Tous silencieux et concentrés dans notre travail, nous jetions de fréquents regards autour de nous afin de voir s'il n'y avait pas des âmes un peu trop curieuses qui erreraient par ici, comme des flics par exemple.
Ces flics qui se pliaient aux règles de l'Etat et de la société semant le mal, la discorde et la haine entre tous, faisant mine de prôner le bien et l'égalité.

J'étais essoufflée et mes bras me tiraient beaucoup, mais je n'arrêtais jamais de fournir le maximum d'efforts dont j'étais capable dans mon travail. J'étais déterminée à avoir une bonne récompense.

J'allais partir le lendemain même à São Paulo. Aussi bien excitée que nerveuse à l'idée de ce voyage, je n'avais cessée depuis hier de m'imaginer tous les scénarios possibles une fois que je serais enfin devant cet homme. J'étais incroyablement impatiente, l'idée de ce face à face m'avait souvent redonner le courage de continuer à lutter dans ma vie lorsque j'étais au plus bas.

Voilà qu'en plus d'être désormais libre, j'allai réaliser mon deuxième rêve.

— Allyah ?

Je me retournais vers Thiago, l'homme qui dirigeait l'organisation complète de ce travail. Il me lança un bref sourire d'encouragement mais malgré la commissure de ses lèvres, je remarquais l'expression inquiète qui dominait sur son visage.

— Pourquoi Rafaël n'est pas venu ? Il lui est arrivé quelque chose ? C'est bien la première fois qu'il s'pointe pas ici,  demanda t-il d'un ton bilieux.

Je collais une étiquette sur l'avant-dernier carton qui m'était destiné tout en haussant simplement les épaules en guise de réponse.

— Je n'sais pas, répondis-je. Je n'ai plus de nouvelles de lui depuis plusieurs semaines maintenant.

— Vraiment ? , fit-il, grandement surpris.

— Mais j'crois qu'il est occupé à chercher de quoi financer ses futures fiançailles...Enfin, je t'avouerais que je trouve ça plutôt bizarre qu'il ne vienne pas aider ce soir alors qu'il est justement en quête d'argent.

Il me remercia, bien plus confus qu'il y avait quelques instants avant de retourner finaliser son travail.

Je mentirais si je disais que l'absence de Rafaël ne me faisait rien. J'avais été habituée à le côtoyer presque tous les jours, ainsi, n'avoir ni entendu sa voix ni croiser ses pupilles rassurantes depuis un certain temps m'inquiétais de plus en plus. J'espérais sincèrement qu'il ne s'était pas mis en danger pour cette bague que cette pauvre fille qu'était Janaina ne méritait absolument pas.

Je l'espérais de tout mon coeur.

Le temps passa bien vite que je ne l'aurais pensée. Prise foncièrement dans mon travail, je n'avais plus eu aucune notion du temps.
Je pus finalement souffler quand je me débarrassais enfin du dernier carton qui m'avait été donné. Passant mon avant-bras sur mon front et essayant de reprendre ma respiration, j'observais les autres hommes se hâter à terminer leurs tâches.

Mille coups d'Amour [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant